Les pertes des
23 mai 2022 Par admin

Les pertes des pigeonneaux – juin 1995

Les pertes des

Depuis quelques années, les colombophiles se plaignent de pertes massives de pigeonneaux au début de la saison. Beaucoup se tourmentent les méninges pour en comprendre les circonstances. C’est peut-être un défaut professionnel mais je pense en premier lieu aux maladies, comme la trichomonose et la coccidiose. Mais si l’on considère que la plupart des colombophiles attachent actuellement énormément d’importance aux concours de pigeonneaux, il faut abandonner cette idée. L’assistance médicale des animaux est devenue pratique courante de sorte que l’état de santé des jeunes pigeons est devenu bien meilleur qu’avant. En ce qui concerne « la maladie de la membrane de l’oeil », j’ai toujours été d’avis que celle-ci apparaissait lors d’affaiblissement, principalement comme conséquence des 2 fléaux mentionnés ci-dessus. Contre ceux-ci, je pratiquais régulièrement pendant la saison des cures préventives chaque fois de deux jours. Au retour d’un concours, les pigeons étaient traités, par exemple, contre la trichomonose, la semaine suivante contre la coccidiose et ainsi de suite de manière alternée..
Il faut ajouter qu’il n’était pas question de courants d’air froid et humide. Ma façon de faire n’était donc pas si mauvaise puisque je n’ai pas eu à subir la moindre atteinte de cette inflammation de l’oeil et cela malgré une participation intensive aux concours. La pratique généralisée de l’élevage hivernal est certainement un facteur qui doit être pris en compte pour ces pertes. Les jeunes que l’on destine aux concours intéressants de fin de saison sont presque à 100 % nés avant le premier janvier. Cela a pour conséquence qu’ils sont sevrés à une période tout à fait contre nature et pendant laquelle ils doivent également être éduqués. Si le temps est défavorable (froid et neigeux), les entraînements doivent être postposés et l’on passe ainsi à côté de la période qui est la plus favorable à l’éducation nécessaire des pigeonneaux et à l’acquisition de nouvelles impressions. Il faut alors les débuter à un moment où ils sont déjà trop robustes, trop caractériels et trop roucoulants mais encore très bêtes.
Il y a quelques années, un fait nouveau est apparu. Le souci, bien mal fondé, de toujours vouloir participer aux belles épreuves nationales de fin d’année avec des jeunes ayant une « frappe » complète, a amené la manipulation des durées et des périodes d’éclairement. A des périodes bien déterminées, certains allongent artificiellement la durée d’éclairage et les autres pratiquent l’obscurité. Ces pratiques occasionnent des dérangements du rythme biologique et l’horloge interne des jeunes pigeons, ce qui conduit à des défauts du sens d’orientation. Malgré le fait que les problèmes d’orientation sont loin d’être complètement solutionnés, on en sait cependant assez pour pouvoir affirmer que le compas solaire, qui n’est pas le seul d’ailleurs, est cependant le moyen principal d’orientation lors du retour au pigeonnier. C’est pourquoi les modifications du schéma d’éclairement des animaux et surtout au début des manipulations embrouillent ces derniers quant à la détermination de la position du soleil et donc détraquent ce sens d’orientation.



Le week-end noir du 23-25 juin 1995
Ce qui précède concerne uniquement les pertes avant et lors de l’éducation des pigeonneaux. Mais il y a plus. J’ai lu dans les journaux que pour les jeunes pigeons d’énormes pertes avaient été enregistrées lors des concours.
Tout d’abord je dois dire d’une manière générale que voler pendant 5 à 6 heures continuellement, dans des chaleurs comme nous en avons eues, est au-dessus des forces de la plupart des jeunes. Cela tient partiellement à l’évolution actuelle du jeu de pigeons. Les concours pour pigeonneaux se sont développés au cours des années pour atteindre une véritable spécialisation et sont devenus un but, principalement pour les joueurs de demi-fond. Cela a pour conséquence que la sélection, chez la plupart des colombophiles participants, repose sur des critères comme la précocité et la qualité des prestations grâce à toutes sortes de motivations. La plupart des jeunes n’ont pas non plus hérité des qualités athlétiques suffisantes pour lutter contre les conditions actuelles de vol. Dans les journaux, il était fait mention que les pertes aux concours avaient atteint des sommets à Dourdan le week-end du 23-25 juin. On parle de véritables catastrophes. Pour cela je ne peux pas dire grand chose. Je ne sais pas si des facteurs annexes sont associés à cette affaire. Je crois qu’il faut pouvoir accepter l’opinion que le temps dans beaucoup de régions du Nord de la France (que les pigeons de Dourdan devaient traverser) était loin d’être beau, et qu’à midi, presqu’aucun lâcher n’avait été effectué dans cette région (Cambrai, Arras,…).. Brumes ? Bancs de brouillard ? Averses ?
Ce même concours de Dourdan s’est déroulé un peu mieux avec les vieux qu’avec les jeunes (ce qui est normal), toutefois son déroulement est resté quand même fort laborieux. Au contraire, le concours anversois, sur Châteauroux a connu un déroulement normal. Il y avait également ce même week-end encore deux concours internationaux (à savoir: Pau et San Sebastian).
Le premier concours était organisé par la Belgique et l’autre par les Hollandais. J’ai trouvé les données concernant les deux concours dans un article écrit par un Hollandais (ce détail a son importance). Le concours de Pau s’est rapidement déroulé (le premier prix a été remporté à une vitesse de 930 m/min) alors que tout tend à montrer que le concours de San Sebastian est une véritable catastrophe. Heureusement que ce ne fut pas l’inverse sinon quelles critiques auraient été proférées à l’égard des organisateurs belges du concours de Pau ?
Pour donner une idée du déroulement dramatique de San Sebastian, il faut savoir que sur les 6.800 pigeons participants au concours et lâchés vendredi, il y avait seulement samedi soir, à l’heure de clôture, 200 pigeons constatés et dimanche soir 565. Ainsi après deux journées de vol il restait encore 1135 prix à enlever. L’auteur de l’article ajoutait également qu’au vu des conditions atmosphériques régnantes, on pouvait se demander si tous les prix seraient remportés. Pourquoi une si grande différence entre les deux concours?



Tout d’abord, une différence dans le lâcher. Les pigeons de San Sebastian ont été libérés vendredi à 11 heures et ceux de Pau samedi à 9 heures. ll y a également une différence dans la distance mais il ne s’agit que d’une trentaine de kilomètres. Je ne pense pas que ces deux facteurs puissent être tenus responsables de la différence dans le déroulement de ces deux concours. Faut-il pour cela alors mettre tout sur le dos de mauvaises conditions atmosphériques comme du vent, des brumes ou du brouillard soudain, des averses ? Peut-être que oui, peut-être que non ! Je vois seulement une personne en Belgique capable d’élucider la situation (également pour le concours sur Dourdan). Il s’agit du colonel Tamboreyn qui a démontré dans son travail « Influences naturelles sur les concours de pigeons » sa capacité à manier les bonnes techniques d’analyses. J’espère seulement qu’il soit resté actif dans ce domaine. Si pas, alors quelqu’un d’autre devra essayer.
Les drames de ce week-end constituent une affaire regrettable, d’autant plus si l’on n’arrive pas à en retirer la leçon. Personnellement, je pense qu’il faut chercher ailleurs également et notamment au niveau du moyen de transport. Dans les circonstances climatologiques que nous avons connues, le transport par cabine-express se situe loin en-dessous du transport par train si l’on considère le bien-être animal. Je sais qu’aux Pays-Bas des études scientifiques sérieuses ont été faites sur ce type de véhicule et que tout semblait bien. Mais il ne faut pas oublier que cette recherche a été faite dans des conditions atmosphériques normales. Hors ces dernières étaient extrêmement défavorables. Je suis convaincu qu’il y a eu un problème avec la ventilation mais je vois également des problèmes dans l’agitation qui a suivi l’enlogement. Et dans la rapidité du voyage: 800 à 1 000 km en une fois. Tout cela occasionne des dérangements aux animaux. Le trajet à toute allure par les autoroutes ne leur valent rien de bon. Ici encore, le proverbe « hâte et précipitation sont rarement bons ».
Pour moi, vive le vieux système de transport par train et surtout pour les grandes distances pendant l’été. La qualité du transport par train a encore pu être vérifiée lors du concours international 1995 de Barcelone.
Malgré des circonstances de vol difficiles (chaleur, vent, distance), le concours s’est déroulé normalement (le premier prix a été enlevé à 1024 m/m et le deuxième 1015 m/m).



Pour terminer je ferai quelques remarques… Tout d’abord le lâcher de San Sebastian a été effectué à 11 heures, donc pas l’après-midi. Les Hollandais voulaient-ils ainsi abandonner les lâchers d’après-midi auxquels j’ai souvent déjà marqué mon opposition ?
Dans le rapport, la question de la division en secteurs est également posée. La raison invoquée est la constatation que les pigeons de tête des courtes distances sont quand même battus par les pigeons de tête des longues distances. C’est quelque chose que j’ai écrite il y a plusieurs années et justement argumentée ici pour démontrer que cela n’a aucun sens de faire -toutes sortes de choses pour essayer de mettre tous les participants sur un pied d’égalité. Cela n’est pas simple et ne peut certainement pas se résoudre grâce au moyen facile du lâcher retardé. Il y a également la preuve au moyen des calculs.
En Belgique, on prend comme limite de classement 800 m/m conforme aux résultats scientifiques concernant la vitesse minimale du pigeon.
Aux Pays-Bas, au contraire, on continue à classer toujours en divisant la distance par la durée du vol et ainsi les vitesses diminuent jusqu’à 700 à 600 m/m. Ou cela s’arrête-t-il, je ne le sais pas, ce dont je suis sûr c’est que cela donne une fausse image du classement. De cela se produit encore un trop gros avantage pour les longues distances.

Prof. G. Van Grembergen


Notice:

D’après le professeur Van Grembergen, les grandes pertes des pigeonneaux en début d’année, sont dues à deux facteurs importants. Tout d’abord l’élevage hivernal qui a comme conséquence que le jeune pigeon sevré en plein hiver commence à faire ses petites volées et ensuite ses premiers entraînements à des périodes tout à fait contre nature. D’autre part l’allongement artificiel de la durée du jour ou l’obscurcissement du colombier. Cela cause des dérangements du rythme biologique et de l’horloge interne des jeunes pigeons, ce qui conduit à des défauts du sens d’orientation.


[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ] 

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