Le rôle essentiel du foie chez le pigeon voyageur

Le foie est un organe relativement volumineux. Chez le pigeon, il pèse environ 8 à 10,5 grammes, soit 2 à 2,5 % du poids corporel. Sa structure est très complexe : un réseau dense de veines, d’artères et de conduits biliaires y assure de multiples échanges. Cette organisation explique les grandes difficultés rencontrées, chez l’homme, lors des transplantations hépatiques.
Mais surtout, elle montre combien le foie est un organe vital — encore plus chez les oiseaux que chez les mammifères, comme nous allons le constater en examinant ses principales fonctions. On comprendra ainsi pourquoi le pigeon occupe, sous plusieurs aspects physiologiques, une place à part.
1. La production de la bile
Le foie est avant tout l’organe où se forme la bile.
Chez toutes les espèces animales évoluées, sa sécrétion est continue. Chez la plupart, la bile est ensuite stockée dans une vésicule biliaire, où elle s’épaissit avant d’être libérée au moment de la digestion.
Cependant, certains animaux comme le cheval et le pigeon n’en possèdent pas. Chez eux, la bile est déversée directement dans l’intestin au fur et à mesure de sa production. Cela se produit également durant les périodes de jeûne — ce qui explique la couleur verte des excréments des pigeons après un vol prolongé.
Cette teinte provient des pigments biliaires, issus de la dégradation de l’hémoglobine des globules rouges. Mais plus importants encore que ces pigments sont les sels biliaires, véritables agents de la digestion.
Ils agissent comme des détergents, rendant les graisses solubles et facilitant leur absorption. La bile contribue aussi à neutraliser l’acidité de l’estomac et à stimuler les mouvements intestinaux, garantissant ainsi une digestion harmonieuse.
2. La régulation thermique
Chez les oiseaux comme chez les mammifères, le foie participe à la production de chaleur interne. Il ajuste le métabolisme en fonction des conditions extérieures :
par temps froid, il augmente la combustion métabolique afin de maintenir une température corporelle stable et adaptée aux besoins physiologiques.
3. La détoxification
Le foie a également pour mission de neutraliser les substances toxiques, qu’elles proviennent de l’alimentation, de l’eau ou du métabolisme.
Lorsque ce mécanisme est dépassé, la santé — et surtout la forme — du pigeon s’en ressent.
On peut citer par exemple l’intoxication protidique, observée chez les oiseaux souffrant d’une inflammation intestinale (comme après une coccidiose) et nourris avec une ration trop riche en protéines. Dans ces cas, le foie est soumis à un travail excessif, entraînant fatigue, baisse de forme et troubles digestifs.
4. La synthèse et le stockage des graisses
Chez les mammifères, environ 50 % des acides gras sont produits dans le tissu adipeux.
Chez les oiseaux, en revanche, cette synthèse se fait entièrement dans le foie.
Le tissu graisseux n’est donc pas un lieu de production, mais uniquement de stockage.
Le foie peut fabriquer des graisses à partir des sucres et des protéines, mais aussi assimiler celles issues de l’alimentation.
Une partie reste stockée sur place, tandis que le reste est envoyé vers les muscles ou les réserves de dépôt selon les besoins de l’organisme.
Un phénomène remarquable se produit durant la production du lait de jabot : le foie augmente alors de poids en raison d’une intense synthèse de graisses.
Ces graisses sont libérées dans le sang puis transportées jusqu’aux parois du jabot, où elles se transforment en gouttelettes lipidiques.
Les cellules contenant ces gouttelettes se détachent ensuite et forment le lait de jabot, riche en graisses et essentiel à la croissance des jeunes.
5. Le rôle énergétique et musculaire
Le foie intervient aussi dans la production de créatine, une molécule jouant un rôle clé dans la contraction musculaire.
Chez le pigeon voyageur, cet aspect est particulièrement important, car il influence directement la force et l’endurance en vol.
6. Le stockage des nutriments
Le foie constitue un réservoir vital de vitamines, de minéraux, de glycogène (sucre de réserve) et de graisses.
Il assure ainsi une disponibilité constante d’énergie et de nutriments essentiels, notamment en période d’effort, de mue ou de reproduction.
7. Le soutien immunitaire
Enfin, le foie participe indirectement à la défense contre les infections.
Il produit certaines protéines impliquées dans la formation des anticorps et des substances immunitaires, contribuant ainsi à la résistance naturelle du pigeon.
Conclusion
Après avoir parcouru l’ensemble de ces fonctions, on comprend combien le foie est un organe central pour la santé et les performances du pigeon voyageur.
Un foie affaibli — par une trichomonase hépatique, l’abus de produits chimiques ou l’usage répété de dopants — compromet inévitablement la forme sportive.
Il faut donc éviter toute surcharge protéique, tout en sachant que l’excès de graisses est généralement mieux toléré chez l’oiseau que chez les mammifères.
Le foie mérite toute notre attention : c’est le moteur invisible de la vitalité, de la résistance et de la performance de nos pigeons voyageurs.
Par le Prof. G. Van Grembergen
Notice
La lecture de cet article met en lumière l’importance capitale du foie dans l’organisme du pigeon. Cet organe accomplit des fonctions multiples et vitales.
Il faut absolument le préserver des effets nocifs des produits chimiques, de la cortisone ou d’une alimentation trop riche en protéines, sous peine de voir apparaître rapidement des troubles de santé.
[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]
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Le foie et les reins de pigeons

