La furonculose chez le pigeon
31 mai 2022 Par admin

La furonculose chez le pigeon

La furonculose chez le pigeon

Chez le pigeon, les microbismes chroniques qui frappent les organismes sans y créer, tout au moins dans l’immédiat, des désordres aigus ont tendance à se fixer dans les endroits du corps soumis à une irritation, même modeste, chronique.
Par exemple l’apparition de furoncles à la base de la nuque où frottait le col (ou le faux col) des « bureaucrates » de jadis (moins fréquents de nos jours), de la région fessière des coureurs cyclistes ou des cavaliers. Cela existe pour les chiens de chasse (abcès interdigités), pour les bovins (panaris), pour les chevaux de selle (abcès du garrot) etc. etc. Pourquoi le pigeon échapperait-il à cette loi biologique?
On a connu au début de la vaccination contre la paramyxo par injection sous la peau de la nuque, ces boules disgracieuses mais sans grande importance. Si une ou deux dans la colonie n’avaient pas grande signification, il en était tout autrement quand cela atteignait 30 ou 50 % de l’effectif: il « traînait » un microbisme dans la colonie. Le béton du sol d’une volière, le sable grossier, le machefer d’un revêtement peuvent constituer une source permanente d’irritation de la « plante des pieds », cousin et plantaire du pigeon. Evidemment le poids du pigeon joue un rôle et c’est chez les pigeons lourds (certains sont autour du kg comme les Mondains et les Romains par exemple) qu’on voit le plus souvent un furoncle plantaire. Mais un exemple tout récent de furoncle chez une petite femelle de 350 g montre que le poids ne joue qu’un rôle favorisant. On remarque que le pigeon a tendance, au repos, à garder « la patte en l’air ». A la prise en main, on ne voit rien. Il y a juste une sensibilité accrue du coussinet plantaire. Mais peu à peu ce coussinet gonfle, la douleur augmente.



La peau du coussinet s’épaissit, se craquèle, déborde vers l’extérieur. Puis apparaît une petite plaque sombre de quelques millimètres de diamètre, qui sèche peu à peu. L’amateur est tenté d’arracher cette croûte noirâtre. Malheur: c’est la partie apparente d’un bourbillon profond (3-4 mm) dont l’arrachement provoque une formidable hémoragie. Il n’y a plus qu’à faire un pansement avec une poudre désinfectante (une pommade grosse ne tient pas) et un pansement légèrement compressif laissé quelques heures. En plus cela ne résout pas le problème: le furoncle se reforme. La source du mal est dans tout l’organisme.
Un traitement antimicrobien par la voie générale s’impose. Lequel?
Divers auteurs citent divers microbes possibles à ces furoncles. J’ai fait effectuer une bonne dizaine de recherches bactériologiques dans de tels abcès plantaires: il y a systématiquement été trouvé un staphylocoque doré. Le remède le plus simple est dans les pénicillines. La pénicilline classique en injections intramusculaires donne souvent de bons résultats. On peut l’utiliser associée à la dihydrostreptomicine en injections intramusculaires (1/3 de centicube) répétées 3 ou 4 jours de suite. Mais quelques souches résistent à ce traitement. Ainsi est-on amené à employer les pénicillines synthétiques (amoxicilline sodique, cloxacilline) efficaces contre les souches résistantes et par l’eau de boisson ou directement dans le bec. Le tout également pendant 3 – 4 jours. Corollaire de ce que je viens d’écrire plus haut: la question d’un traitement général de toute la colonie se pose. La répétition de ces furoncles constitue évidemment un indice. Mais ce microbisme peut prendre d’autres aspects. D’abord un aspect déroutant parce qu’il fait penser d’abord à la terrible paratyphose: il y a des arthrites en particulier des articulations de la patte. Les symptômes concomitants sont cependant tout à fait différents: pas d’oeufs « noirs » mais mortalité à la coquille (le pipant bèche l’oeuf mais ne peut en sortir) ou au cours des 2 premiers jours. Pas de mortalité à 10 – 12 jours.



Chez certains pigeons, une patte gonfle, sur toute sa hauteur, en l’absence de tout obstacle dû à la bague. Autre symptôme: sur quelques pigeons apparaissent sur le flanc, sous l’aile, une masse rose puis brune, qui sèche et devient dure et noirâtre. Elle ne tient que très peu à la peau et s’arrache facilement. Là aussi un staphylocoque est en cause et le traitement est le même que cité plus haut. Tous ces symptômes sont considérés la plupart du temps comme négligeables. Il est facile de tuer un pigeon qui présente un signe qui déplaît. Pas besoin de perdre son temps à le soigner. Certes. Mais dans toutes ces histoires, il ne faut jamais perdre de vue que le symptôme est aussi un signal. L’important est le microbisme car, même sans signe alarmant, il a une influence très néfaste, quelquefois catastrophique, sur les prestations sportives.
Il faut bien se dire que le germe se retrouve éventuellement dans le foie, l’intestin, l’ovaire ou les testicules. Voilà pourquoi tous ces signes bénins pour la plupart, n’en sont pas moins importants pour les amateurs.

Dr. J.P. Stosskopf


Notice:

Il peut arriver que la vaccination contre la paramyxo, par injection d’un vaccin huileux sous la peau de la nuque, provoque chez l’un ou l’autre pigeon des nodules. Ce sont des boules disgracieuses mais qui ne présentent aucun danger. Il en est tout autre lorsque 30 à 50% des pigeons vaccinés présentent de tels symptômes. Dans ce cas on peut être certain qu’un microbisme « traînait » dans le colombier et qu’il faut consulter tout de suite un vétérinaire compétent.


[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]

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