L 039 Horloge Biologique Chez Le Pigeon
13 septembre 2022 Par admin

L’horloge biologique chez le pigeon

L 039 Horloge Biologique Chez Le Pigeon

Cet article fait suite au précédent sur la « mélatonine chez le pigeon » qui parle de la glande pinéale, centre du contrôle des biorythmes. Nous sommes en effet passés de nouveau par la période des débats sur l’utilité et le but des heures d’été et d’hiver. Il est ainsi apparu qu’il y a toujours deux groupes aux avis opposés. Le premier groupe est partisan du passage fin mars vers l’heure d’été, ce qui correspond pour notre pays et l’Europe de l’Ouest à une avance de deux heures sur le soleil. L’autre groupe penche vers une solution intermédiaire: l’heure de Greenwich (Angleterre) en hiver et l’heure de Berlin (donc une avance d’une heure) en été. Pour la première fois ce dernier groupe a remporté un succès: le Portugal est le premier pays de l’Europe de l’Ouest à avoir marqué son accord avec les arguments de ce deuxième groupe.
Certaines personnes sont gênées alors que d’autres n’éprouvent aucun inconvénient, ce qui montre l’existence des variations individuelles. Puisque la situation est telle dans notre pays, et qu’il est apparu que le passage aux heures d’été n’apporte aucun gain d’énergie, je plaiderais en faveur d’un retour à la situation d’autrefois. Ce n’est pas la peine de modifier deux fois de suite l’horloge biologique des hommes et des animaux (ce biorythme est celui de nos ancêtres lointains). Car c’est ce changement qui occasionne tous les inconvénients. En effet, certains scientifiques ont attribué l’échec du fameux coureur cycliste espagnol Indurain lors de sa tentative du record de l’heure (octobre 1995) en partie à des fautes commises et ayant dérangé fortement son biorythme. En général, on peut affirmer que les rythmes sont présents dans tous les êtres vivants (et également dans l’embryon du pigeon) pour toutes sortes de fonctions. Il y a des lois de modération qui reposent sur les mesures internes des temps (horloges internes). Je pense par exemple à l’établissement de la sensation de faim, la courbe des températures corporelles, le cycle du sommeil et de l’éveil… Je parle des horloges internes, au pluriel. En effet, il existe différents rythmes. Le terme « circadien » vient du latin « circadiem » qui signifie presque un jour, soit environ 24 heures. Chez certains oiseaux migrateurs, on a montré des cycles annuels: ces derniers déterminent en grande partie le départ de la migration (ce départ est également modulé par les conditions climatiques). Chez le pigeon voyageur, la question du retour au colombier après un concours est toujours posée.
Les scientifiques restent toujours fortement divisés quant à la solution. Trois théories sont mises en avance : la théorie du compas solaire, la théorie magnétique et la théorie olfactive. Sans entrer dans les détails de l’argumentation, je pense depuis longtemps que la vision du soleil est déterminante.
Le brouillard représente la condition météorologique la plus difficile pour l’orientation. Vu que la position du soleil change, il est essentiel pour le pigeon d’apprécier ces changements positionnels. C’est grâce à son horloge interne qu’il peut effectuer cela. Le pigeon voyageur possède une montre interne, une sorte de chronomètre qui lui permet d’interpréter correctement le mouvement du soleil du matin jusqu’au soir.
Il peut établir un rapport entre la position du soleil et le temps. Il est possible à l’homme de changer l’horloge biologique du pigeon en manipulant le cycle jour-nuit: par exemple en allumant la lumière au pigeonnier 6 heures plus tard ou plus tôt pendant cinq jours. Les pigeons ainsi traités, en cas de lâcher dans un endroit inconnu, interprètent de manière erronée la position du soleil et débutent leur orientation d’une manière fautive (respectivement 90° vers la droite ou la gauche) et cette faute n’est pas toujours corrigée pendant le vol. Et maintenant, qu’en est-il de la pratique colombophile de nos jours ? Dans un article récent, André Roodhooft affirme que beaucoup d’amateurs perdent de nombreux jeunes précoces. D’après lui, ses jeunes pigeons qui avaient été soumis à la « tactique de l’obscurité » étaient particulière-ment bêtes au début et devaient donc être éduqués très prudemment. Dans un article précédent, j’avais moi-même fait allusion à ce problème. La cause de ces pertes me semble de plus en plus facile à comprendre. Il y a d’abord la pratique de l’élevage d’hiver qui fait que les jeunes pigeons doivent faire leurs premiers pas dans le monde extérieur à une époque où leur apprentissage des environs se fait avec des retards et des interruptions suite aux mauvaises conditions météorologiques. Cela a pour conséquence que l’apprentissage nécessaire ne se passe pas à une époque où les pigeonneaux sont les plus réceptifs, or cette éducation sert à construire les bases d’une bonne orientation. A cela s’ajoute, lors d’élevage hivernal le plus souvent, un allongement artificiel de la durée du jour. Cela occasionne une falsification du temps, qui vraisemblablement aboutit à une sorte de situation conflictuelle de l’horloge interne des pigeons dans leur prime jeunesse, ce qui se marque par des pertes faciles loirs du début de leur carrière. Je viens de parler de l’éducation nécessaire des pigeonneaux. En effet, le pigeon voyageur ne naît pas avec toutes ses possibilités d’orientation qui doivent être apprises. Au début cela se fera lentement, pas par pas. Tout d’abord, les premières sorties du colombier, apprendre à grimper sur le toit, voler autour du pigeonnier en cercles de plus en plus grands, en un mot, s’habituer à l’extérieur. Viennent ensuite les vols d’apprentissage à des distances de plus en plus grandes, des quatre directions cardinales ou pas. Ainsi les pigeons doivent apprendre à reconnaître les environs et doivent avoir les coordonnées de leur pigeonnier bien ancrées dans la tête. Plus tard, en cas de lâchers à longues distances, ils pourront comparer leurs coordonnées à celles apprises de leur habitat et tirer les conclusions nécessaires quant à la direction à prendre. Et il y a également un deuxième point, la question de « l’obscurité au colombier » à un âge un peu plus avancé des pigeonneaux. La conclusion de cet article était que, de ce fait, le rythme et l’horloge biologiques étaient dérangés. En effet, on peut facilement imaginer que des mois durant, la falsification du début du jour et de la durée d’éclairement, plongent ces petites bêtes dans un profond désarroi.
Ces pigeons interprètent la position du soleil de manière erronée, partent dans une mauvaise direction et arrivent dans des régions étrangères. Ils reviennent donc trop tard des concours ou sont perdus.

Prof. G. Van Grembergen


Notices:

  1. Il faut savoir que l’apprentissage et le développement du pouvoir d’orientation doivent commencer quand les pigeonneaux sont âgés de quelques mois. Ceci explique par exemple pourquoi il faut avoir beaucoup de patience avec des tardifs. Au moment où ceux-ci sont arrivés à l’âge où peuvent commencer les entraînements, cela est très souvent impossible à cause de l’hiver.
  2. Une cause importante de grandes pertes chez les pigeonneaux, est la perturbation de leur horloge biologique par l’éclairage artificiel ou l’obscurcissement de leur colombier.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ] 

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