11 janvier 2023 Par admin

Troubles du comportement – pigeons voyageurs

L’exploitation rationnelle des pigeons voyageurs tend à, d’une part, standardiser leur préparation (veuvage), d’autre part à exploiter la variation de leur psychisme au fur et à mesure de son évolution dans le cycle de reproduction (naturel).
Au veuvage, il s’agit tout autant d’un dressage que d’une exploitation de l’instinct de propriété et de l’instinct de reproduction: dressage à la volée, dressage à la rentrée immédiate, voire dressage “à la case” dès que le maître entre au colombier. Comme chacun sait que tout bon colombophile “a avalé une montre”, les pigeons dès qu’arrive l’heure de la volée, de la rentrée, de chaque repas, y sont psychiquement prêts. Et, au retour des concours, ce dressage et ce psychisme provoquent un comportement standardisé: rentrée immédiate, vol direct à la case, hâte à pénétrer dans le compartiment où attend la femelle etc.
Les veufs expérimentés sont de véritables robots sur ce plan et l’amateur est fort étonné quand il y a des variantes autres qu’individuelles, d’ailleurs considérées comme une exception que seuls peuvent se permettre l’un ou l’autre brillant sujet.
Il est à remarquer qu’une grande fatigue, dans une épreuve longue et particulièrement dure, n’a que peu d’influence sur le comportement à la rentrée: quelquefois un peu de toit, une descente au plancher du colombier plutôt qu’un vol direct à la case mais c’est tout. C’est au contraire dans les étapes, considérées comme faciles par l’amateur, c’est-à-dire avec un vol rapide (plus de 1500 m/min) qu’on remarque très nettement des signes de confusion dans le comportement des pigeons au retour.
J’ai constaté cela au retour d’un concours récent (18 mai) sur une distance de 350 km (point central) à grand rayon. Mes colombiers sont à la plus courte distance et par forts vents puissants, beaucoup de pigeons de notre coin ont tendance à passer (l’instinct grégaire n’est pas un mythe). Et lorsqu’on fait demi-tour, on a le vent… de face. Ce concours a donc été volé à plus de 1600 m/min et les rentrées ont été fort décousues pour tous les amateurs de la société. Cependant même ceux tombés à une heure convenable dans le concours, ont montré une attitude inhabituelle.
Mon premier, un pigeon de 5 ans destiné au fond, a fait du toit (4 minutes) mais dès sa rentrée a gagné sa case. Mais les suivants, s’ils sont mieux rentrés, sont descendus au plancher et pour au moins la moitié n’ont pas cherché à gagner leur case immédiate-ment. J’en al même pris 3 en mains au sol et les ai mis à la case. Mais le mieux restait à venir: coup de téléphone d’un amateur de 30 km plus au nord: “J’ai un de vos pigeons qui est rentré à mon colombier avec un des miens.
C’est le n°……. Jetez le dehors immédiatement”. C’était un pigeon de 5 ans, avec au moins 20 prix dans le fond dont 6 dans les concours à la frontière espagnole. Une demi-heure après, il était là. Certes des troubles de l’orientation tout à fait curieux ne sont pas exceptionnels. Un copain m’a raconté ce matin le fait suivant: il recueille un pigeon de 4 ans d’un amateur situé à 50 km plus au nord. Il le prévient immédiatement, met le pigeon dans une case seul, hors du colombier.
Le surlendemain, le pigeon est lâché par un ami qui justement passait dans son village d’origine. Et le soir même, le pigeon est de retour dans son colombier d’adoption.
Bien sur, les pigeons sont très sensibles à une contestation de leur droit de propriété (une bataille pour la case où il a eu le dessous, par exemple). Mais, d’abord l’histoire ne le dit pas, et c’est tout de même curieux de le voir abandonner si facilement le colombier natal. L’origine météorologique des troubles détaillés plus haut reste à préciser. Elle n’est pas impossible: le temps était orageux. Bien que mes pigeons soient rentrés secs, il n’est pas impossible qu’ils soient tombés dans quelque averse. Troubles du géomagnétisme? Cela reste à déterminer et je vais m’y employer. Remarquons tout de même qu’il n’y a pas eu de troubles majeurs de l’orientation et que les pertes sont pratiquement nulles.
Pour un être humain, on parlerait plutôt d’émotion. Faut-il parler d’un trouble du système nerveux sympathique?

Doct. Vét. J.P.Stosskopf

Notice:

Selon le dr. Stosskopf on remarque plus souvent des signes de confusion dans le comportement des pigeons au retour lors d’étapes considérées comme faciles par l’amateur, c’est-à-dire avec un vol rapide (plus de 1500 m./min.). Les pigeons ne rentrent alors pas tout de suite ou tombent par exemple d’abord au plancher plutôt que de voler au casier.

[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]