Le pigeon dans son passe – Bonification pour parcours pedestre.9
29 octobre 2025 Par admin

Le pigeon dans son passé – Bonification pour parcours pédestre.(9)

Le pigeon dans son passe – Bonification pour parcours pedestre.9

La colombophilie n’a pas toujours présenté l’image moderne que nous lui connaissons aujourd’hui. L’organisation des concours et l’établissement des classements posaient autrefois de nombreux problèmes, tant qu’il n’existait ni constateurs ni bagues pour officialiser l’arrivée des pigeons. La seule manière de prouver le retour d’un pigeon consistait alors à le présenter physiquement au local du club.

Il fallait donc de l’aide, et l’on fit appel à des coureurs. Mais il fallait également tenir compte des différences de distance, notamment entre l’habitation du participant et le local du club. C’est ainsi qu’une règle de « bonification pour parcours pédestre » fut instaurée. En 1892, celle-ci détaillait minutieusement les modalités :

Art. 1. — Une bonification d’une minute était accordée par tranche de 300 mètres, sans tenir compte des distances inférieures à 75 mètres.
Art. 2. — Pour les amateurs du centre-ville, le parcours se mesurait du seuil de l’habitation au local, par le chemin le plus court, de coin de rue à coin de rue.
Art. 3. — Pour ceux habitant hors du centre, la distance était calculée à vol d’oiseau, du seuil de l’habitation au local.
Art. 4. — Dans les deux cas, la bonification maximale était de 1 200 mètres (soit 4 minutes).
Art. 5. — Les participants dont la maison comportait deux issues devaient indiquer sur leur bulletin d’enjeux la sortie utilisée, sous peine d’exclusion.
Art. 6. — Les pigeons devaient être acheminés au local par un ou plusieurs coureurs. Toute fraude entraînait l’exclusion.

Déjà à cette époque, on ne manquait pas d’imagination ! On raconte qu’un amateur campinois, habitant le long du canal, en face du local, et bénéficiant d’une bonification pour traverser le pont, avait tendu un câble d’une berge à l’autre afin de faire passer son pigeon plus vite, avec l’aide d’un complice !

Art. 7. — En cas d’égalité d’heure d’arrivée, dans un ou plusieurs locaux, l’avantage revenait au participant ayant la plus grande distance pédestre.
Art. 8. — Pour la saison 1882, chaque amateur devait payer 50 centimes pour les frais de mesurage du parcours.
Art. 9. — La bonification pédestre s’appliquait uniquement les deux premiers jours du concours. Ensuite, les pigeons devaient être constatés dans le local principal, sans bonification.

Le concours se clôturait le quatrième jour à 22 heures, et les prix non remportés étaient tirés au sort parmi les non classés.

Dans ces conditions, le pigeon n’avait pas terminé son parcours en arrivant chez lui. Manipulé nerveusement par son maître, puis par le coureur, il n’avait guère le temps de se reposer avant d’être replacé dans un panier pour le local. Dans de nombreuses sociétés, il était d’usage d’exposer les pigeons de tête, et certains allaient même jusqu’à les promener en ville pour fêter leur victoire !

Les courses vers le local et les opérations de contrôle donnaient parfois lieu à des trouvailles étonnantes. Certains amateurs tendaient une corde du toit jusqu’à la rue, le long de laquelle glissait le petit panier contenant le pigeon à remettre au coureur. Les plus proches du local n’avaient besoin que d’un coureur, mais d’autres en engageaient deux ou trois, souvent rémunérés à bon prix, les plus rapides étant connus de tous.

Cependant, la précipitation pouvait avoir des conséquences tragiques. Un journal anversois rapporte qu’un dimanche 27 octobre 1889, vers 15 h 30, deux passants discutaient à un carrefour lorsque surgit un coureur colombophile. En les bousculant violemment, il les fit tomber ; l’un d’eux heurta sa tête contre un rail de tramway et mourut quelques jours plus tard des suites d’une fracture du crâne, laissant une veuve et quatre enfants. En 1901 encore, un coureur ayant blessé un enfant fut condamné à verser 26 francs de dédommagement.

Les coureurs continuèrent d’exister après l’introduction de la bague témoin, que le pigeon recevait à la patte lors de l’enlogement. Les anciens aiment raconter une anecdote célèbre : un coureur aurait avalé la bague qu’il tenait en bouche ! On dit qu’on le secoua tête en bas jusqu’à ce qu’il la recrache…

Le folklore de jadis avait son charme, sans pour autant manquer de sens pratique. Ainsi, lorsque la bague devait être portée au local, le câble reliant le toit au sol fut remplacé par un tuyau à travers lequel on faisait glisser la bague jusqu’au coureur — du moins quand elle ne se bloquait pas !

Puis vinrent les premiers appareils de constatation : d’abord un seul, dans le local central, ensuite un par quartier, puis enfin le constateur individuel, jusqu’à l’« appareil propriétaire » moderne.

Aujourd’hui, on en est même à la constatation électronique et au suivi par téléphone ou GPS. Que de chemin parcouru ! Nous sommes bien loin de la colombophilie de nos grands-pères, héroïque et pleine d’ingéniosité. Imaginez qu’il faille encore aujourd’hui présenter les pigeons rentrés de concours au local… Cela ne se pratique plus que lors de fêtes folkloriques.


[ Source: Article édité par Revue PIGEON RIT ] 

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