Douve Du Foie Chez Le Pigeon
19 mai 2023 Par admin

Douve du foie chez le pigeon voyageur ?

Douve Du Foie Chez Le Pigeon | Douve Du Foie Chez Le Pigeon Voyageur ? | Le Fond De La Question

J. Lavigne de Courtrai a fait parvenir la lettre suivante à la rédaction de Pigeon Rit. “
…Un jeune pigeon était si faible que j’ai dû le supprimer. A l’autopsie il présentait trois vers plats sur le foie : des douves. Ceci fut constaté par un vétérinaire. Ce dernier me tranquillisa en ce qui concerne la transmission aux autres pigeons : pour cela, un bovin et un mollusque sont nécessaires. Ceci est presqu’impossible. Mes jeunes pigeons s’éloignent du pigeonnier pendant une demi-heure et lorsqu’ils sont de retour ils ne restent pas longtemps sur les toits. Cependant ils sont “fous” d’un bain dans une gouttière ou dans une des flaques d’eau d’un des nombreux toits plats du voisinage.
Voici mes questions :
1. “Mes pigeons peuvent-ils être infectés par la douve du foie lorsqu’ils prennent un bain dans une gouttière, sans contact avec les vaches, mais bien avec des pigeons sauvages ?”
2. “Le jeune pigeon que j’ai dû tuer avait été perdu pendant 3 jours et avait certainement bu des flaques. Mais cela a dû se passer neuf jours avant de le tuer et la douve avait plus de 20 mm de long. Une croissance aussi rapide est-elle possible ?”
3. “Comment puis-je savoir si mes autres pigeons sont infectés sans les tuer ?”
4. “Comment puis-je les traiter ?”

Je dois dire que c’est une étrange histoire que celle-ci ?

Fig. 1 : la grande douve du foie

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Les dimensions citées (plus de 20 mm de long) du parasite trouvé correspondent, d’après les données de la littérature, à la grande douve du foie (20 à 30 mm de long et de 8 à 13 mm de large). Cette grande douve du foie peut parasiter tous les mammifères herbivores dans nos contrées, plus particulière-ment les bovins et les ovins. Les chèvres, les cochons et les chevaux.. peuvent également être parasités. L’homme n’échappe pas à la contamination (principalement en consommant du cresson de fontaine sauvage). Le premier cas en Belgique a d’ailleurs été diagnostiqué dans les années 50 par mon laboratoire chez un patient du V.Z. (Gand). Il s’agissait d’un immigré nord-africain. Mais je dois dire que je n’ai jamais entendu parler d’une infestation chez les oiseaux. Un deuxième point concerne la localisation du parasite. Normalement, ces derniers sont à l’intérieur du foie et principalement dans les canaux biliaires. Par contre, l’auteur de la lettre parle de douves situées sur le foie. Il me semble donc nécessaire de décrire brièvement le cycle de développement de la douve du foie chez les mammifères. Les oeufs sont expulsés à l’extérieur en même temps que les fèces et doivent nécessairement tomber dans un endroit humide pour poursuivre leur évolution. Donc, dans certains cas, une larve ciliée se développe dans l’oeuf et après un certain temps se libère de la coquille. Cette larve erre dans l’eau à la recherche d’un mollusque. Si cette rencontre a lieu, cet embryon pénètre dans le mollusque, s’y multiplie et donne naissance à une nouvelle forme larvaire (fort semblable à la forme adulte, la douve). Cette dernière larve se libère également des tissus du mollusque et nage à la rencontre d’une plante aquatique ou de végétaux temporairement immergés. Certaines de ces formes larvaires une fois attachées aux végétaux, s’entourent d’une sorte de coque et attendent ainsi qu’un herbivore les absorbe en consommant ces végétaux. Une fois dans le tube digestif, la jeune douve est libérée de son kyste protecteur par les sucs digestifs et va entamer son périple ; en perçant la paroi intestinale, elle va se retrouver à l’intérieur de la cavité abdominale et gagner le foie où elle s’installe dans les canaux biliaires. Ce parcours constitue le chemin classique, le plus fréquent. Mais il arrive qu’un petit nombre de larves présentes dans la cavité abdominale se retrouvent directement dans l’appareil circulatoire, ce sont les “parasites errants”. Il arrive donc de temps en temps que l’on en retrouve, par exemple, dans les poumons et sous la peau (il s’agit de deux endroits où j’ai déjà eu l’occasion d’en retrouver). Serait-ce là le chemin emprunté par la douve dans le cas du pigeon décrit par le lecteur ?
Je n’oserais pas l’affirmer, car nous nous trouvons toujours devant l’affirmation que personne n’a jamais signalé la présence de la grande douve chez le pigeon et en tout cas jamais à ma connaissance. Pour les autres questions posées par le lecteur, je serai bref. La contamination n’est pas possible dans les gouttières. Dans ces dernières, il y a certainement risque de coccidiose et de verminose (vers ronds) mais pas de vers plats suceurs (vu la nécessité d’un mollusque comme hôte intermédiaire). Chez un animal vivant, une contamination éventuelle peut seulement être prouvée par une recherche microscopique. Pour conclure, je dirai quelques mots au sujet de certains autres vers plats suceurs, de la même famille que la douve dont il a été question, et qui se rencontrent parfois chez le pigeon. Cela n’est pas très fréquent (peut-être un peu plus en Hollande). Il s’agit de vers intestinaux, beaucoup plus petits que la douve et dont l’orifice buccal est entouré par une collerette céphalique pourvue de crochets, adhérant et pénétrant même à l’intérieur de la paroi intestinale. Ils y occasionnent des blessures et sucent le sang. C’est pourquoi ils y font beaucoup de dégâts. Ces derniers dépendent de l’âge des pigeons et de l’importance de l’infection. Les pigeonneaux dans les nids peuvent souffrir de diarrhées sanguinolentes pouvant amener un amaigrissement mortel et rapide. Les pigeons adultes sont beaucoup plus résistants à cette infestation et le plus souvent en guérissent. Au cours de ma carrière, j’ai eu l’occasion de rencontrer un cas grave, qui touchait plus particulièrement des pigeons ayant des jeunes (il s’agissait de jeunes du printemps). Avant que je n’intervienne, pas mal de jeunes avaient déjà succombé. Puisqu’à cette époque, nous ne disposions pas encore de médicaments efficaces, seul un éclaircissement de la situation pouvait peut-être amener une solution. Le colombophile fut chargé de découvrir où ses pigeons allaient se contaminer. Grâce au fait qu’il habitait en périphérie de la ville, il a très rapidement découvert que ses pigeons se rendaient le matin, directement après le lâcher, dans une partie humide d’un pré. Nous y trouvâmes de grandes quantités de mollusques contaminés par des larves de vers plats suceurs. Là se trouvait la cause des déboires (en effet pour ces vers plats suceurs, le passage est également nécessaire par un hôte intermédiaire, un mollusque, qui doit être ensuite avalé). Il était donc clair que les vieux ramenaient à leurs jeunes ces mollusques et donc les infestaient sévèrement. Le colombophile monta la garde quelques jours dans la prairie et réussit à guérir les vieux pigeons de cette mauvaise habitude, dont ils étaient les victimes innocentes.

Prof. G. Van Grembergen


[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ] 

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