Le courrier des lecteurs n°5– pigeon voyageur

J’ai reçu une lettre provenant du pays de Waas posant deux questions.
La première peut être résumée ainsi :
« J’ai régulièrement des problèmes avec la “maladie de la tête”. Après avoir lu un livre — dont je préfère taire le nom de l’auteur pour ne vexer personne —, je me suis mis à traiter systématiquement mes pigeons. L’auteur conseille, même pour les concours de vitesse, une cure d’antibiotiques chaque semaine. Je trouve cela excessif, mais je l’ai quand même fait.
J’ai administré, toute la saison, un produit pour pigeons à base de doxycycline. Je trouve que tous ces antibiotiques et autres produits destinés aux pigeons sont scandaleusement coûteux. Mon pharmacien partage cet avis. De plus, mes résultats n’ont pas été meilleurs qu’avant.
Pouvez-vous me conseiller ? Les produits “officiels” pour pigeons sont impayables si l’on doit les donner chaque semaine. Est-il possible de faire préparer par mon pharmacien quelque chose d’aussi efficace mais moins onéreux ? Est-il nécessaire, pour la vitesse, d’administrer chaque semaine des antibiotiques ?
C’est un vaste sujet, mais je n’y vois plus clair. Qui croire encore ? J’ai confiance en vous et je vous serais très reconnaissant si vous aviez l’amabilité de me répondre clairement.
NB : je n’ai pas de téléphone et, en raison de mon grand âge, je me déplace difficilement. C’est pourquoi j’aimerais une réponse écrite que je pourrais conserver. »
Réponse
C’est en effet une vaste question. Il y aurait beaucoup à en dire, et j’aurais préféré vous répondre par téléphone, mais je le ferai volontiers par écrit à travers cet article.
Tout d’abord, je vous conseille de relire attentivement l’article que j’ai consacré au vétérinaire Maré, paru fin 1995 – début 1996 dans Pigeon Rit. Dans cet article, c’est l’inverse de ce que vous avez lu qui est défendu.
S’il existe une position intermédiaire, j’opte personnellement pour une utilisation sporadique des antibiotiques. Je trouve en effet déplacé — et coûteux — d’en administrer chaque semaine.
Je suis toutefois d’accord pour dire que les jeunes pigeons doivent parfois être aidés. Pour limiter les pertes, il est essentiel qu’ils soient en parfaite santé lors de leurs premiers concours. La tête et le système respiratoire doivent être impeccables, sans quoi beaucoup seront perdus, surtout lors des premières chaleurs.
Une cure d’antibiotiques peut alors se justifier, mais il ne faut surtout pas en abuser. Lorsque les jeunes s’entraînent chaque jour, c’est bon signe. Les pigeonneaux qui prennent plaisir à voler, s’éloignent longuement, se portent bien et n’ont nul besoin d’antibiotiques ni d’autres médicaments.
Par contre, lorsqu’ils refusent de quitter le toit, c’est qu’il y a un problème et qu’il faut intervenir rapidement.
Dans certains cas, il est vrai que les cures systématiques d’antibiotiques semblent inévitables. Mais cela signifie que l’on n’est pas sur la bonne voie. J’y vois souvent la conséquence d’un mauvais pigeonnier : humidité excessive, courants d’air, trop ou trop peu d’aération… Tous ces facteurs peuvent rendre un colombier malsain au point que les pigeons deviennent incapables de rester en bonne santé et souffrent continuellement des voies respiratoires.
Certaines lignées sont particulièrement sensibles durant leur première année. Elles peuvent bien voler lorsque tout va bien, mais ne tiennent pas plus de trois semaines sans antibiotiques.
Le colombophile qui détient ce type de pigeons ferait mieux de ne pas trop les traiter et de chercher plutôt à acquérir des sujets plus résistants.
Je connais un pigeonnier où les jeunes souffrent presque toujours d’inflammations des membranes, d’yeux humides et de problèmes respiratoires. Le colombophile en est conscient. Il ne s’acharne pas, élève peu la première année, et, une fois ces problèmes passés, il n’obtient pas de mauvais résultats.
Mais, pour ma part, je n’aimerais pas garder une telle souche dans mon colombier.
Chez moi, les pigeons ne sont traités que si cela s’avère nécessaire — jamais par excès.
Quand, parmi mes jeunes, l’un d’eux présente un nez sale, je lui laisse quelques jours.
Si je constate quelques semaines plus tard le même symptôme chez le même pigeon, il est immédiatement écarté. Inutile de connaître son pedigree : il sort du colombier.
Vous avez raison sur un point : les médicaments pour pigeons vendus dans le commerce sont souvent très chers.
Il existe cependant des alternatives. Le meilleur conseil reste : « Ne traitez que si c’est nécessaire. »
Parlez-en avec votre vétérinaire et votre pharmacien. Ils peuvent préparer des produits tout aussi efficaces, pour un coût bien moindre.
Deuxième question :
Peut-on juger de la vitalité ou de l’usure d’un pigeon à la couleur et à la pigmentation de son aile ?
Un pigeon dont l’aile présente peu de couleur ou de pigmentation est-il sans valeur pour l’élevage ?
Réponse :
Je vous répondrai brièvement et clairement : non.
Je n’ai jamais accordé d’importance à la couleur ou à la pigmentation de l’aile.
En revanche, un pigeon au plumage sec et cassant n’a pas sa place à l’élevage.
La pigmentation n’a aucune signification : il existe suffisamment de pigeons blancs, sans aucune teinte sur les plumes, qui sont d’excellents reproducteurs.
Dans votre lettre, vous citez plusieurs sources ; malheureusement, beaucoup d’absurdités circulent à ce sujet.
Le plus regrettable, c’est que ces inepties sèment souvent le doute parmi les colombophiles.
A. Roodhooft
Notice :
Lorsque les jeunes s’entraînent chaque jour, c’est bon signe. Les pigeonneaux qui prennent plaisir à voler, s’éloignent pendant des heures, ne manquent de rien et n’ont certainement pas besoin d’antibiotiques ni d’autres médicaments.
En revanche, un pigeon au plumage sec et cassant n’aura jamais sa place dans le colombier d’élevage de notre collaborateur André Roodhooft.
La couleur et la pigmentation de l’aile n’ont aucune importance : il existe de nombreux pigeons “à plumes blanches” qui sont d’excellents producteurs.
[ Source: Article édité par M. André Roodhooft – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
Le courrier des lecteurs n°8– pigeon voyageur
Le courrier des lecteurs n°9– pigeon voyageur

