Pigeon Voyageur : Bilan de Fin de Saison, Santé, Mue, Sélection et Préparation du Colombier

À la demande d’un lecteur passionné de pigeon voyageur, examinons ensemble un véritable état des lieux complet du colombier après la saison sportive. C’est un moment crucial : l’automne marque le temps du bilan, de la sélection, de l’analyse sanitaire et de la préparation du futur. Chaque pigeon voyageur ayant concouru doit être observé avec précision, car c’est maintenant que se construit la réussite de la prochaine saison.
1. Le tri des pigeons voyageurs après saison : une étape fondamentale
Notre tri est désormais achevé. Il repose sur les résultats obtenus par chaque pigeon voyageur en concours, mais pas uniquement. On prend également en compte la catégorie visée (vitesse — demi-fond — fond), l’origine des lignées, ainsi que la précocité de la souche.
De nombreux amateurs de vitesse introduisent dans leur colonie des pigeons voyageurs de grand fond pour renforcer leur base génétique. Tout dépend alors du type de souche :
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Souche précoce → sélection possible sur les résultats en pigeonneaux.
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Souche tardive → prudence absolue : certains pigeonneaux doivent bénéficier d’un sursis jusqu’à leur année de yearlings.
Chaque automne, on voit hélas des amateurs éliminer toute une lignée de pigeons voyageurs, reproducteurs compris, simplement par manque d’observation ou de patience. Une erreur souvent coûteuse lorsque la souche introduite demande justement du temps pour s’exprimer.
2. La mue du pigeon voyageur : un miroir fidèle de sa santé
Chez le pigeon voyageur adulte, les grandes rémiges continuent leur mue jusqu’à fin novembre. Or une fin d’aile harmonieuse et bien terminée n’est possible que si l’oiseau est en parfaite santé. C’est pourquoi l’amateur averti profite de cette période pour réaliser un bilan sanitaire complet.
Ce contrôle se base sur plusieurs éléments :
A. L’historique d’élevage
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Les tardifs ont-ils été ronds, bien nourris, avec une plume douce ?
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Le sevrage a-t-il été correct ?
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Des symptômes ont-ils été observés avant élimination :
muguet, abcès, diarrhées, amaigrissement, signes respiratoires, mort subite, troubles nerveux ?
Ces informations donnent de précieuses indications sur l’état immunitaire de la colonie.
B. L’observation directe
Avant le nettoyage du matin :
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qualité des fientes
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mouvements de gorge
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baillements anormaux
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respiration
Un pigeon voyageur en bonne santé affiche une respiration discrète, un regard vif, un plumage serré et une fiente modelée.
3. Les traitements de base après saison pour le pigeon voyageur
Selon les symptômes observés, on procède généralement à des traitements ciblés :
🔸 Trichomonose
Un léger traitement antitricho (Ridzol – Emtryl – Trichocid) dans l’eau plusieurs jours.
🔸 Coccidiose
En cas d’humidité automnale : sulfamides anticoccidiose classiques.
🔸 Paratyphose
Si la colonie a montré :
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faiblesse générale
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ailes tombantes
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diarrhée
Alors un traitement long, répété, accompagné de vaccination est indispensable.
Mais uniquement sous contrôle vétérinaire spécialisé en pigeon voyageur.
4. L’environnement du colombier : facteur clé de santé
L’environnement influence directement l’apparition de nombreuses maladies chez le pigeon voyageur. L’été exceptionnellement chaud a favorisé l’émergence d’affections telles que :
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coryza toutes formes (“tête de hibou”, râles)
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diarrhées
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œufs clairs en quantité anormale
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pipants ratés et retardés
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plumage défectueux
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rémiges non écloses (pigeonneau « porc-épic »)
Si les microbes, mycoplasmes et virus profitent de la faiblesse induite par la chaleur et la trichomonose, le défaut d’habitat est le facteur aggravant principal.
Certains colombiers deviennent catastrophiques :
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durant les grandes chaleurs
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ou au contraire en période humide et froide
Chaque colombier est unique : ventilation, orientation, hygrométrie, densité, sol, matériaux…
Seul l’amateur peut déterminer les ajustements nécessaires grâce à l’observation, la patience et le bon sens.
Un thermomètre et un hygromètre sont indispensables pour comprendre les variations internes.
5. Vaccinations du pigeon voyageur : stratégie intelligente, pas automatique
Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’hiver n’est pas la meilleure période pour vacciner un pigeon voyageur.
Pourquoi éviter la vaccination hivernale ?
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Les oiseaux hivernaux répondent moins bien à la vaccination.
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La protection vaccinale s’estompe vite.
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Vacciner en hiver oblige à revacciner en pleine saison pour maintenir la protection.
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Les pigeons voyageurs sortiront peu du colombier, donc moins de risques de contamination.
Exception : la vaccination paramyxo
Le vaccin inactivé protège 6 à 12 mois suivant le produit.
Vaccination paratyphose
À réaliser :
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mi-novembre → pour accouplements précoces
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début février → pour accouplements classiques
Toujours combinée à un traitement antimicrobien et sous supervision vétérinaire.
6. Le diagnostic complet : l’arme des colombophiles intelligents
Tout amateur ayant subi des problèmes sanitaires — surtout en fin de saison — devrait, durant l’arrière-saison :
✔ faire analyser plusieurs pigeons voyageurs par un laboratoire fiable
✔ demander un diagnostic complet (bactériologie, fientes, frottis, parasitologie)
✔ éliminer les causes réelles de ses déboires
✔ adapter son colombier et sa gestion
C’est du pur bon sens, et pourtant trop rarement réalisé.
7. Notice pratique : ce que révèle le plumage d’un pigeon voyageur en décembre
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Une fin d’aile parfaite = excellent indicateur de santé.
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Une plume sèche, terne, cassante = carence ou maladie latente.
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Le plumage et la mue racontent toute l’histoire sanitaire de l’oiseau.
Décembre est le meilleur mois pour juger la véritable santé interne du pigeon voyageur.
Conclusion : Le pigeon voyageur en arrière-saison, miroir de la saison à venir
La période automnale est déterminante pour :
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analyser les performances
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comprendre les échecs
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optimiser la santé
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préparer une saison future performante
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rétablir l’équilibre sanitaire du colombier
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faire les bons choix génétiques et environnementaux
La réussite du pigeon voyageur ne se construit pas en mars ou en avril.
Elle se construit maintenant, dans le silence froid et calme de l’arrière-saison.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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