Lorientation du Pigeon Voyageur. Etat actuel des connaissances – 1
31 mai 2020 Par admin

L’orientation du Pigeon Voyageur. Etat actuel des connaissances – 1

L 039 Orientation Du Pigeon Voyageur Etat Actuel Des Connaissances 1 | Le Fond De La Question

Régulièrement, je consacre un article sur l’orientation du pigeon voyageur et des oiseaux migrateurs. Cela permet au lecteur de constat & les changements intervenus dans la compréhension dés mécanismes impliqués. Suite aux nouveaux rapports scientifiques publiés et à l’évolution dans certains domaines de recherche, il faut bien avouer qu’en ce moment, une certaine confusion règne.Cela semble être une énorme tâche que d’éclaircir ce mystère par lequel un oiseau, déplacé dans un endroit inconnu, retrouve à nouveau l’endroit de départ. Je crois pouvoir affirmer que cette question intéresse tous les colombophiles. Tout d’abord, parce que je suppose que chacun possède un tout petit peu de curiosité scientifique. Deuxièmement. une fois l’énigme de l’orientation résolue, on pourra se faire une idée des facteurs impliqués. Ceci, bien entendu, avec le but final d’éviter les désastres. On cherche donc une réponse à la question de savoir comment un pigeon lâché d’un endroit inconnu se débrouille pour retourner rapidement à son  pigeonnier. D’une manière simple on dit qu’il réalise cela grâce à son sens de l’orientation, qui est considéré comme un sens supplémentaire, au même titre que la vue, l’ouié, l’odorat…Ceci est faux. Mais il est vrai que c’est grâce à ses différents sens que le pigeon peut obtenir des informations pour s’orienter à partir de divers facteurs naturels extérieurs. Il faut faire également une deuxième remarque.



Le retour au pigeonnier (“homing”) du pigeon voyageur est plus qu’un problème d’orientation ; en fait il faudrait parler de navigation. Le pigeon peut être comparé à un homme aux yeux bandés qui serait transporté par de multiples détours (par exemple à partir de Bruxelles) vers une destination inconnue et libéré dans cet endroit muni seulement d’une boussole.

Au moyen de la boussole, cet homme peut facilement trouver le nord magnétique (qui diffère légèrement du nord géographique) et donc de trouver les autres directions. Mail cela est tout à fait insuffisant pour ­retourner à la maison. Dans le cas où il aurait été amené à Paris, notre bonhomme doit marcher vers le nord, par contre, d’Amsterdam, c’est vers le sud. La boussole ne peut pas faire le bon choix à sa place.

Il est indispensable que notre homme sache où il se trouve géographiquement sur une carte par rapport à Bruxelles (soit au N, S, C ou E) ; à ce moment, il peut utiliser sa boussole pour indiquer la direction à suivre. Pour le pigeon, cela doit probablement se dérouler de la même manière ; en tout cas, le retour est non seulement possible mais précis.

La navigation est donc un processus à deux niveaux : reconstituer la “carte” interne et se situer sur cette carte par rapport au lieu de séjour. Une fois cela réalisé, et à l’aide du compas, il faut suivre la bonne direction.

  1. Navigation visuelle

Kramer (Allemagne) fut le premier à affirmer et à démontrer que le pigeon semble posséder un compas solaire, c’est-à-dire un compas basé sur l’observation du soleil. Mais nous savons que la position du soleil par rapport à la terre varie continuellement pendant le jour, et est dépendante de l’heure. De plus, les changements de saison sont liés à ces variations de positions du soleil. Pourtant, le pigeon se joue de ces difficultés et grâce à une sorte “d’horloge interne” il lui est possible de tenir compte de cette variation.Cette horloge indique avec précision le temps et permet ainsi au pigeon de corriger la dérive occasionnée par le mouvement de la terre.

La preuve principale de ce mécanisme a été faite par Schmidt-Koenig (1958) lors d’essais impliquant des modifications du cycle jour/nuit (habituellement appelés en anglais les essais “Clock-shift”). Si; pendant quelques jours. on retarde de manière artificielle le début du jour (en utilisant par exemple l’éclairage artificiel) et que les pigeons ainsi traités sont lâchés dans un endroit inconnu, ils commettent une erreur d’orientation d’environ 90° (1/4 de cercle) ; leur direction de départ est déviée de -F. 90° vers la droite (donc dans le sens des aiguilles d’une montre).

Donc la modification du cycle lumière-obscurité provoque un décalage de l’horloge interne et la position du soleil est donc interprétée de manière fausse.Récemment, il a été démontré que pour la bonne réussite de cet essai, if était nécessaire d’utiliser une seule fois les pigeons par expérience. En effet, lorsque les mêmes pigeons sont utilisés plusieurs fois, la déviation par rapport à la route normale n’est plus aussi précise; c’est un peu comme si les pigeons s’apercevaient de la tromperie.

ll faut encore ajouter deux remarques-à ce sujet:

1 – Les pigeons finissent le plus souvent par rejoindre leur pigeonnier ;

2 – Cet écart d’orientation observé au début se présente également en terrain familier. Malgré une sérieuse argumentation, la théorie visuelle fut battue en brèche pendant un certain temps.

En premier lieu, par les essais du Professeur Keeton (1970). Des résultats obtenus, il conclut que les pigeons avaient également la possibilité de s’orienter par un ciel complètement couvert ne permettant pas de voir le soleil. Keeton (et beaucoup d’autres) exprima l’idée que les pigeons disposaient d’une autre source de renseignements, le compas magnétique. Tout ce qui concerne cette théorie sera discuté dans un prochain article. Une deuxième pierre d’achoppement pour la navigation visuelle fut apportée en 1971 par les essais de Schmidt-Koening (celui déjà cité plus haut à propos des expériences sur le décalage horaire).

Le résultat de Ces essais jeta le doute sur la théorie selon laquelle les pigeons utilisaient le soleil comme balise ou du moins que le soleil était essentiel pour leur orientation. En effet, il montra que les pigeons munis de lentilles oculaires mates parvenaient encore à s’orienter correctement.

Malgré des conditions de visibilité extrêmement difficiles, beaucoup de ces pigeons rejoignirent même leur pigeonnier ou les environs immédiats. Vinrent ensuite, en 1992 Streng et Wallraff qui estimèrent que beaucoup de choses n’étaient pas claires. Pour obtenir une réponse décisive, ils réalisèrent toute une série d’essais avec des pigeons privés momentanément de la vue au moyen de lunettes (en papier spécial. sorte de papier carbone) H sembla que ces “lunettes de papier” étaient beaucoup plus efficaces que les lentilles de contact utilisées par Schmidt-Koening ; il n’y a aucun doute qu’une certaine quantité de lumière parvenait .encore à passer le long des bords de lentilles de contact. Les pigeons de Streng et Wallraff eurent un tout autre comportement: ils étaient totalement paralysés; d’eux-mêmes ils ne voulaient pas quitter les paniers et il fallut les jeter dehors. Plus de la moitié ne vola pas plus de 200 mètres; quelques-uns ne furent pas complètement perturbés et s’envolèrent dans une certaine direction dont on pouvait dire avec beaucoup de bonne volonté qu’elle correspondait quelque peu à celle du pigeonnier.



En examinant cela plus attentivement, il apparut que malgré les lunettes, les pigeons pouvaient encore apercevoir un peu le soleil, de sorte qu’ils étaient encore capables d’utiliser leur compas solaire. Dès lors la théorie de la navigation visuelle fut remise à l’honneur, et tout le monde sembla oublier la théorie selon laquelle les pigeons étaient également capables de s’orienter autrement que par navigation visuelle.

Les essais de Streng et Wallraff ne permirent pas de tirer la moindre indication sur l’éventuelle utilisation d’un compas magnétique permettant le retour au pigeonnier. D’ailleurs ces chercheurs ne poursuivirent pas ce type d’expérience car :

1. Les trois-quarts des pigeons portant des lunettes refusaient de voler (alors que ce n’était pas le cas lorsqu’ils étaient munis de lunettes de contrôle, c’est-à-dire sans papier carbone).

2. Suite aux pertes importantes de pigeons qui convenaient la proie facile des rapaces.

En ce qui concerne l’importance et le rôle de la reconnaissance visuelle des repères topographiques connus, il subsiste encore beaucoup de discussions. Des chercheurs connus comme Heinroth  (1941), Matthews (1955, 1963), Wallraff. (1967, 1991), Papi (1986), e.a., accordèrent de l’importance à ces repères topographiques alors que d’autres affirmèrent que leur rôle était négligeable (Keeton, 1974, Schmidt-Koening, 1979 et 1991; Wiltschko. 1991). Les essais décrits ci-dessus de Streng et Wallraff (1992) aboutirent, de nouveau, à une optique positive de ce concept: quand un pigeon approche de son pigeonnier et survole des régions de plus en plus familières, les repères topographiques jouent un rôle primordial dans la localisation du pigeonnier. Ces auteurs trouvèrent même que les pigeons qui avaient la chance de reconnaître le paysage à une place habituelle, ne fût-ce que pendant 5 minutes avant le lâcher, rentraient plus vite. Cela correspond à ce que les colombophiles savent depuis longtemps : la cadence du vol de retour des pigeons augmente une fois qu’ils survolent une région familière (une caractéristique principalement acquise lors des premiers entraînements et concours qu’effectuent les pigeonneaux). Quant à l’utilisation d’un compas solaire, il n’est pas nécessaire que les pigeons voient directement le soleil. Lorsque le soleil est caché par des nuages mais que subsistent des parties visibles de ciel, cela est également possible; la lumière, qui filtre encore, a subi un changement, elle est “polarisée”. Autrefois, on pensait que le pigeon pouvait percevoir le plan de la lumière polarisée et donc situer la positron exacte du soleil dans le ciel.

Il faut ajouter que récemment, des doutes ont été émis quant à la sensibilité du pigeon pour la lumière polarisée (principalement suite aux travaux de deux biologistes néerlandais M. Coemans et J. Vos en 1990). Phillips (1992) a réagi à cela. Selon lui, lés oiseaux sont capables de détecter, non seulement la lumière polarisée, mais aussi les rayons ultra-violets (U.V.) : pour des longueurs d’ondes proches des ultra-violets les pigeons et les autres oiseaux montrent même une grande sensibilité.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

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