22 mars 2022 Par admin

Les colombophiles du troisième âge

Débutant:
Les colombophiles du troisième âge sont en plus grand nombre que ceux qu’on qualifie de “jeunes colombophiles”. Les premiers ont l’expérience pour eux mais l’expérience suffit-elle pour battre les jeunes? J’en doute, car on voit régulièrement des jeunes remporter de magnifiques résultats. Les “vieux” auraient-ils pourtant des points faibles? Qu’en penses-tu?

Victor:
Nous savons qu’avec l’âge l’homme perd de sa souplesse, tant au point de vue physique qu’au point de vue intellectuel. Et cela est vrai pour tous. Einstein, un des plus grands génies que le monde a connus, commençait, avec l’âge, à perdre lui-même un peu de la confiance qu’il avait dans ses dons. Les jeunes chercheurs américains disaient même que l’Institut de Princeton avait été fondé pour permettre aux vieux savants de se retirer de façon respectable. C’était une plaisanterie, mais Einstein comprit que, comme dans toute bonne plaisanterie, celle-ci devait contenir un grain de vérité.

Débutant:
Irais-tu jusqu’à croire qu’à un certain âge il vaudrait mieux abandonner la pratique de la colombophilie? Parce qu’on est sur son déclin?

Victor:
Et attendre patiemment la mort dans un fauteuil… Quelle épreuve douloureuse… l’ennui étant la pire épreuve que l’homme puisse endurer. N’avoir rien de quoi remplir son temps c’est tout le contraire de vivre. Or vivre est le plus profond instinct de l’homme. La colombophilie comme hobby, peut remplir toute notre vie, surtout dès que nous entrons dans le troisième âge. Mais, pour augmenter ses chances de remporter de beaux succès, il y a l’utilité d’un plan, à rédiger avant la saison sportive. Un handicap de l’âge, c’est d’oublier facilement. On peut y remédier…
C’est Ernest Duray, le super-crack d’Ecaussinnes, qui conseillait même aux jeunes colombophiles de dresser un plan avant la saison.
L’utilité n’en est que plus valable pour les vieux colombophiles. En quoi consiste ce plan?
D’après Ernest Duray, il faut, comme tout bon général, prévoir une stratégie à suivre. Ernest insistait sur l’obligation absolue, une fois qu’on a dressé un plan, de suivre celui-ci correctement. Car l’homme est faible et se laisse souvent troubler par les circonstances. Voici donc les points essentiels à considérer:
1. De quels effectifs puis-je disposer? Quels pigeons destiner aux concours de vitesse, de demi-fond ou de fond?
2. Quelles sont les leçons du passé quant-à la période de forme dans mon colombier?
3. Comment vais-je nourrir mes pigeons? Question extrêmement importante.

Débutant:
Mais, c’est un livre entier et assez épais qu’il faudrait pour traiter à fond les problèmes que tu poses.

Victor:
Je le sais, mais il s’agit ici de dresser un plan général sans entrer dans les détails.
Pour répondre à la première question, il faut se demander: “Ai-je des réserves au cas où mes soldats tomberaient au combat?”
Tout bon stratège pose cette question. Et ici je pense à mon cher ami feu Georges Fabry de Liège. “Mon colombier, celui qui m’intéresse uniquement, c’est le colombier de mes producteurs”. Jouer les veufs, tout le monde sait le faire… mais assurer la lignée, cela, c’est une autre paire de manches.
Et il faut savoir faire le sacrifice de mettre un bon voyageur au colombier des producteurs. Tout colombophile ferait bien d’y réfléchir quand il s’agit de passer en revue les voyageurs dont on dispose; et les producteurs qui devront alimenter le colombier des voyageurs.
Pour pouvoir “jouer ses pigeons” aux distances qui leur convient le mieux, soit la vitesse, le demi-fond ou le fond, il faut connaître leur origine.
Mais il faut aussi examiner s’ils ont conservé les qualités adéquates qui constituaient la valeur des ancêtres.
Pour la vitesse et le demi-fond, c’est une musculature puissante et une aile rapide qui comptent surtout. Alors que pour le pigeon de fond, un plumage soyeux, qui glisse dans l’air, et une respiration lente avec des organes respiratoires impeccables sont des qualités premières. Si les produits de vos producteurs déclinent en qualité… vos succès diminueront dans la même proportion.

Débutant:
Je comprends… je comprends… mais cela me paraît plus facile à dire qu’à réaliser.

Victor:
Ce n’est pas facile du tout… mais le “plan” nous aidera à y penser! Dans ce plan, il faut aussi prévoir suffisamment de repos entre les concours, cela est surtout valable pour les concours de fond et de grand-fond. Et je laisse encore ici Georges Fabry parler, quand il disait que la meilleure drogue était une semaine supplémentaire de repos. Quant au deuxième point c’est-à-dire: quelle sont les leçons du passé quant à la période de forme dans mon colombier? Il faut savoir que le colombier est l’élément le plus important pour qualifier les périodes de pointe dans la forme des pigeons. Cela vaut pour les plus grands cracks. Jef Van Riel, cet autre super-champion, en a constaté la véracité. Il disposait de deux colombiers, un orienté au sud, un autre à l’est. En début de saison, les pigeons du premier colombier étaient toujours les premiers, mais au fur et à mesure que l’été avançait, les pigeons du colombier orienté à l’est, arrivaient avant les autres.

Débutant:
Quand on construit ses colombiers, il faudrait donc y penser, car la toute grande forme ne dure pas toute une saison dans le même colombier!

Victor:
Tu as très bien compris… et dans la stratégie du plan il faudra en tenir compte.
Mais il y a le point numéro 3, dont j’ai parlé au cours de ce dialogue: “Comment vais-je nourrir mes pigeons?”
Ce sera pour notre prochain dialogue s’il plait à Dieu!

Noël De Scheemaecker

Notice:

Une période de repos de deux semaines est un minimum entre deux concours de fond, mais après un difficile concours de grand fond, une semaine supplémentaire de repos est une nécessité. Ce principe était déjà valable il y a 50 ans et l’est toujours de nos jours, malgré tous les progrès qui ont été faits dans les soins et le suivi médical de nos athlètes ailés.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]