La consanguinite 1 – pigeon voyageur
11 avril 2020 Par admin

La consanguinité (1) – pigeon voyageur

La Consanguinit 1 Pigeon Voyageur | Le Fond De La Question

Il ne faut pas “éplucher” longtemps les journaux colombophiles pour se rendre compte de la diversité des opinions en matière d’accouplements. A la lecture de la plupart des textes, il ressort que les auteurs ne connaissent pas le sujet et souvent sèment la confusion.
A la demande de la rédaction de “Pigeon Rit”, je vais tenter d’éclaircir la situation. Malheureusement, il n’est pas possible de commencer directement le débat sans avoir au préalable introduit quelques notions de biologie, pour la bonne compréhension.
Les plantes et les animaux sont constitués de cellules. Chaque cellule contient un noyau qui baigne dans le milieu cellulaire.
Dans le noyau, se trouvent des filaments très spéciaux qui sont appelés chromosomes et qui supportent dans un ordre déterminé les gènes qui contiennent le matériel chimique’ impliqué dans la transmission des caractères héréditaires. Les gènes sont les unités de l’hérédité. Chaque espèce animale possède un nombre déterminé de chromosomes; le pigeon en a 80. Les chromosomes sont 2 par 2, le pigeon a donc ainsi 40 paires de chromosomes.
Chaque paire de chromosomes a un aspect et une forme caractéristique (allongée’, courte, épaisse; mince, en forme de bâton ou courbée) de sorte qu’un spécialiste peut les reconnaître. Les deux chromosomes d’une paire sont appelés chromosomes homologues. S’ils ont le même aspect extérieur, ils ne sont pas forcément identiques. En effet, les gènes que supporte un chromosome peuvent être différents de ceux de son homologue d’un point de vue purement génétique; les formes alternatives sous lesquelles un gène peut se montrer sont appelées allèles.
Fort de ces données nous pouvons maintenant mieux comprendre et suivre les événements qui se passent lors des processus cellulaires.
Le point de départ d’un organisme est constitué d’une cellule féminine, l’ovule fécondé par une cellule masculine, le spermatozoïde. Cet ovule fécondé va se scinder en deux cellules-filles, puis par après en 4, et ainsi de suite jusqu’à la création d’une autre créature.
Avant qu’une cellule ne donne naissance à deux cellules-filles, chaque chromosome va se diviser dans le sens de la longueur en deux parties égales; cela s’accompagne d’une scission de chaque gène. Ce processus de base se produit lors de chaque division cellulaire, ce qui fait qu’on retrouvera dans chaque cellule corporelle du pigeon les 80 chromosomes typiques.
Il y a pourtant une exception. En effet, lors de la formation des cellules sexuelles, quelque chose de spécial se produit juste avant la maturité sexuelle (donc juste avant que les organes sexuels ne deviennent fonctionnels), les “cellules primitives'” ou. “cellules mères” (cellules qui devront fabriquer les spermatozoïdes ou les ovules) seront soumises à la division réductionnelle. Lors de ce processus les deux chromosomes d’une même paire vont se séparer, s’écarter (et non pas se scinder) avec pour .conséquence que chaque cellule mère va donner naissance à deux cellules “spermatozoïde” ou à deux cellules “ovule” qui contiennent ·seulement la moitié du nombre normal de chromosomes donc pour le pigeon 40 chromosomes simples à la place des 40 paires chromosomiques des autres cellules corporelles; dans les cellules sexuelles les gènes sont donc également réduits.
Lors de la fusion d’un spermatozoïde du père avec un ovule de la mère (ce qui se produit lors de la fécondation), chaque partie apporte ses 40 chromosomes; le mâle et la femelle ont donc un rôle identique. L’ovule fécondé possède par conséquent 40 x 2 chromosomes qui vont de nouveau pouvoir s’apparier.
Il est donc clair que la division réductionnelle est un processus essentiel qui évite donc à chaque nouvelle génération de voir son nombre de chromosomes doubler.
Si deux gènes homologues (un paternel et un maternel) sont complètement identiques, on parle d’une paire de gènes homozygotes, dans le cas contraire, lorsqu’ils sont différents, on dira que les gènes sont hétérozygotes. Dans ce dernier cas, le plus souvent un des gènes est dominant sur l’autre qui est dit récessif. Un exemple chez le pigeon: la couleur noire du plumage est dominante sur la bleue: si un facteur” noir” est présent alors le bleu est masqué. Ainsi, si un mâle noir homozygote est accouplé avec une femelle bleue homozygote (ou vice-versa), tous les descendants de première génération sont noirs, seule la couleur noire s’exprime. Le facteur héréditaire responsable de la couleur bleue est toujours présent mais caché dans une partie des jeunes. En croisant ces jeunes entre eux la couleur bleue’ apparaîtra de nouveau pour un certain pourcentage de jeunes de la deuxième génération.
Il faut avouer que des essais sur l’héritabilité de caractéristiques simples et externes comme la couleur du plumage sont faciles à réaliser et à interpréter. Il en va tout autrement pour des caractères alternatifs et qualitatifs.
Pour les animaux domestiques ! économiques, les caractéristiques Intéressantes sont de nature quantitative (production de lait chez la vache, production d’œufs chez la poule). L’interprétation des résultats des 1 recherches effectuées dans ce i domaine est difficile car ces caractères ne dépendent pas d’un gène mais de plusieurs.
Que dire alors à propos du pigeon voyageur pour lequel la situation est encore bien plus complexe que la production de lait chez la vache ou les performances d’un cheval de course. Les performances d’un pigeon sont liées à une multitude de facteurs structurels, d’une part (comme la qualité des ailes, des plumes, de l’aérodynamisme, la musculature, l’appareil respiratoire, résistance à l’humidité…) et fonctionnels d’autre part (comme le travail du cœur et de tous les organes des sens impliqués dans le mécanisme d’orientation) mais également à des facteurs psychiques (comme la résistance à la soif, le courage…)
Il faut ajouter à cela la diversité des concours (distances, conditions météorologiques…). qui fait que même lors de prix (le seul fait tangible) on n’obtient pas nécessairement une mesure exacte des capacités à réaliser des performances.
A fortiori, il ne faut pas s’attendre à pouvoir apprécier la valeur d’un pigeon d’après des signes extérieurs (tels que le cercle de corrélation, des marques à l’œil, la longueur de l’aile, etc…). La transmission héréditaire chez le pigeon est un processus assez obscur et de ce fait les résultats de l’élevage sont en grande partie imprévisibles et pourtant c’est un fait acquis que les caractères quantitatifs sont soumis aux règles de base de l’hérédité.
Fort des données précédentes, il est maintenant possible d’approfondir le sujet de l’hérédité.
Chaque colombophile a envie d’améliorer la qualité de sa colonie en écartant les oiseaux inaptes (=trier) et en choisissant au mieux ses futurs reproducteurs (=sélectionner); par cette méthode, il essaie de fixer les caractéristiques favorables de ses favoris.
D’abord, il faut remarquer que les “bonnes caractéristiques” ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Ainsi y a-t-il beaucoup de colombophiles qui aiment par dessus tout avoir une colonie uniforme au point de vue de la forme et de la couleur; ces derniers s’inspirent de ce qui se passe pour les pigeons de fantaisie. C’est en effet une tâche relativement facile de fixer des caractères déterminés comme la couleur du plumage (voir plus haut l’exemple des couleurs bleues et noires) et d’arriver rapidement à une certaine uniformité. Ils oublient que nous avons à faire à des pigeons voyageurs.
Lorsqu’il s’agit de caractères quantitatifs ( c’est le cas chez le pigeon voyageur), nous nous heurtons à la difficulté des gènes récessifs. Comme nous l’avons vu, ces derniers n’apparaissent que si les gènes sont présents à l’état double (homozygote) (un du père et un de la mère). Ceci est plus facile à réaliser en accouplant des sujets apparentés puisque ceux-ci ont plus de chances d’être dotés des mêmes facteurs. Maintenant si nous prenons en considération que les facteurs récessifs sont en majorité défavorables, nous comprenons mieux les dangers liés à la pratique de la longueur de l’aile, etc…).La consanguinité.
Pour mieux fixer les idées, il faut se référer à l’élevage de la volaille. Le poulet est certainement l’animal sur lequel le plus d’expériences de génétique: En rapport avec la production ont été réalisées.
Cette recherche commença avec l’utilisation de nids-trappes.
Grâce à ce contrôle individuel on connaît les animaux les plus productifs et seulement ces derniers seront utilisés comme animaux reproducteurs. Puisque tout cela se passait à une échelle réduite, on arriva rapidement à une consanguinité assez étroite et en dépit de tous les efforts, il ne fut plus possible de progresser, on obtient bien une certaine uniformité mais la production chutait.
Il fallut se résigner à accepter l’idée qu’il n’était pas possible de réunir en une seule souche ou race tous les caractères positifs.
En 1950, un chercheur américain s’y prit de tout autre manière. Il forma avec ses poulets plusieurs lignées qu’il tint séparées les unes des autres. Pour chaque lignée, frères et sœurs furent accouplés ensemble génération après génération.
Suite à cette production de millions d’animaux, on obtint quelques lignées très uniformes mais peu productives. Mais lorsque ces lignées furent croisées entre elles, la production fit un bond spectaculaire en avant (par exemple de 100 à 150 œufs par an).
Ces hybrides furent exportés dans le monde entier; le marché belge n’y échappa pas non plus ce qui signifia la ruine pour beaucoup d’éleveurs ou producteurs dont les souches n’étaient pas capables de rivaliser avec ces hybrides sur le plan de la production (capacité de ponte ou vitesse de croissance).
Cet exemple est très intéressant car nous sommes confrontés à deux données fondamentales:
1 ) la pratique de la consanguinité crée une sorte de dépression, une “dégénérescence” ;
2) en croisant ensemble des lignées fortement consanguines il est possible d’obtenir des animaux avec un niveau supérieur de production à celui des lignées parentales, c’est ce qu’on appelle la vigueur bâtarde ou phénomène hétérosis.
La pratique de la consanguinité aboutit également chez les autres animaux domestiques, comme la vache ou le porc, à la même perte de vigueur.
Je sais également que certains d’entre vous vont me parler de chevaux pur-sang.
On affirme souvent que tous ces chevaux proviennent de trois étalons arabes et de [à la conclusion est tirée qu’il s’agit d’un cas d’étroite consanguinité. Je dois dire que j’ai des doutes quant à la véracité de ces affirmations.
De toute évidence, ces gens oublient qu’il y avait également des juments. Quelques centaines de juments sont également à la base, ce qui permet une grande quantité de combinaisons entre les diverses lignées et ceci sans faire mention des introductions frauduleuses d’animaux sans pedigree dans le: “studbook”. Ou’ en est-il de la situation chez le pigeon voyageur?
Une expérience de consanguinité i étroite avait été entreprise par un Américain, le Dr. Whitney, un ami personnel de Jan Aerts (du journal” De Duif”).
C’est ce dernier qui m’a d’ailleurs (apporté les faits en 1976.
Le Dr. Whitney s’était procuré son matériel d’expérimentation (cinq couples de reproducteurs) dans la colonie réputée du tandem Huykens-Van Riel d’Anvers. Son but était de créer sa propre souche sans introduire de sujets étrangers.
Le Dr. Whitney basa sa sélection sur la finesse du plumage, une bonne ossature, une petite pupille.
A mon grand étonnement, il n’apporta aucune importance à ce qui pour moi est cependant capital: les capacités de vol.
Après cinq générations, il parvint à créer un groupe plus ou moins uniforme, après avoir éliminé beaucoup de déchets.
Cependant, comme il fallait s’y attendre, l’expérience se termina dans un fiasco complet. Le Dr. Whitney a appris Et ses dépens que le pigeon voyageur ne semble pas non plus échapper aux règles générales de la consanguinité, à savoir un certain affaiblissement.
Cet exemple fera hausser les épaules à certains car quand on parle de consanguinité chez le pigeon voyageur chacun pense instinctivement à cette fameuse colonie belge, qui est un “monument” de consanguinité.
De nombreux périodiques et bouquins ont chanté sur tous les tons la gloire de ces pigeons consanguins. Cinquante années ininterrompues d’élevage sans apport extérieur et sans connaître d’affaiblissement!
Cependant, il y a deux ans, quelle désillusion, lorsque le monde colombophile apprit que des pigeons étrangers étaient régulièrement introduits dans cette lignée. Presque tout le monde avait été abusé. La confiance illimitée de nombreux colombophiles dans les pedigrees de ces pigeons s’était muée en une effroyable honte. Je dois ajouter que personnellement je n’ai jamais cru à cette “fable” et que j’ai d’ailleurs exprimé publiquement plusieurs fois mon opinion.
Je pense que c’est maintenant clair pour tout le monde que les résultats obtenus chez tous les animaux domestiques le pigeon compris, sont dépendants du potentiel génétique des animaux sur lesquels la consanguinité est appliquée. Ce qui veut dire que si aucun défaut n’est présent, il n’y a aucun danger à pratiquer la consanguinité. Mais puisque ceci est un cas théorique, et qu’il, n’existe aucun individu ne possédant pas d’autres facteurs génétiques que des facteurs favorables, il s’agit d’être extrêmement prudent en matière d’accouplement.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

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