La consanguinite 2 – pigeon voyageur
11 avril 2020 Par admin

La consanguinité (2) – pigeon voyageur

La Consanguinit 2 Pigeon Voyageur | Le Fond De La Question

La consanguinité est un terme trop souvent galvaudé par les chroniqueurs colombophiles qui parlent de consanguinité étroite sans trop savoir ce que cela signifie. Ainsi si on accouple père et fille une seule fois il ne s’agit pas de véritable consanguinité. Il en est de même s’il s’agit d’un parent éloigné ou rapproché de la lignée maternelle ou paternelle. Lorsqu’un colombophile fait l’acquisition de quelques sujets dans une colonie, et les accouple ensemble, il ne fait pas de la consanguinité; il suffit de regarder les reportages pour se rendre compte que la majorité des colonies sont constituées de beaucoup de “souches” et qu’il y a donc peu de parenté entre la plupart des pigeons. En observant plus attentivement, on arrive à la conclusion que chez certains “grands noms” il y a également un fameux “mélange”. Je veux également attirer l’attention sur la question de l’utilisation d’un “étalon” pour plusieurs femelles. En pratiquant comme cela on cherche naturellement à fixer dans toute la colonie les qualités de ce “super mâle”. Pourtant toute rose a ses épines et il est possible que derrière les bons caractères soient dissimulés des défauts héréditaires. Ces derniers pouvant apparaître soudainement dans toute une série de descendants, comme nous l’avons vu dans les considérations théoriques et comme ce fut observé à plusieurs reprises dans l’insémination artificielle de différentes espèces d’animaux domestiques. Naturellement, il n’est pas facile de savoir quels sont les résultats obtenus avec la méthode de l”‘étalon”. Celui qui a échoué ne le crie pas sur tous les toits. Qui dit la vérité?
Il ne faut pas oublier non plus qu’il existe un autre inconvénient (secondaire il est vrai) à cette méthode, c’est-à-dire une infertilité prématurée de l’étalon. En ce qui concerne les pigeons, l’application d’une légère consanguinité est favorable et il ne faut pas se hasarder à accoupler père et fille, frère et soeur génération après génération.

 

Il ne faut pas non plus tout risquer sur un pigeon, si grand champion fût-il!
Naturellement, de grosses colonies comme celle de l’Allemand Hermes peuvent prendre davantage de risques Lors de l’exposé sur la consanguinité et son application au poulet, les résultats obtenus ont montré que deux effets opposés étaient possibles: l’effet “hétérosis” (vigueur) face à “l’affaiblissement”. Il a été constaté qu’en croisant des lignées fortement consanguines, on obtenait des animaux plus vigoureux. Cette plus-value n’est pas toujours aussi importante et peut prendre différents aspects. Chez le poulet hybride, cette vigueur nouvelle prend l’aspect de performances zootechniques améliorées (augmentation de la fertilité, de la croissance, de la ponte…).
Pour les pigeons voyageurs, c’est naturellement l’amélioration des résultats aux concours qui nous intéresse le plus. Est-il possible d’obtenir également chez le pigeon voyageur une plus-value?
En principe oui, car il doit en être de même pour le pigeon voyageur que pour les autres animaux domestiques.
Il n’est pas possible d’apporter une preuve absolue à cette affirmation, car on se trouve confronté à des difficultés insurmontables: il est tout à fait exclu de faire des essais à grande échelle comme pour les poulets. Il suffit pour s’en persuader de penser aux moyens financiers dont il faut disposer, ainsi que de l’espace nécessaire pour la mise en oeuvre d’un tel projet. Je crois que même les installations immenses dont disposent actuellement certains colombophiles (avec plusieurs milliers de pigeons) ne pourraient suffire à détenir plusieurs lignées pures croisées ensuite entre elles. Ajoutons à cela les difficultés d’une multiplication limitée: il n’est pas possible d’élever les pigeons à la chaîne! Il y a cependant des indications qui ne trompent pas. Bien que je n’ai jamais pris de notes concernant les pedigrees des vainqueurs nationaux et internationaux ou d’autres champions de fond je peux vous dire qu’ils sont tous (quasiment?) issus de croisements.
C’était également le cas pour tous mes bons pigeons. A la lumière de tout ce qui précède quel sera donc mon conseil?
Je suis persuadé qu’il n’est pas possible de donner des recettes sur la façon de procéder pour atteindre le but. Quel matériel prendre au départ? Quelles sont les limites à ne pas franchir dans la pratique de la consanguinité?
Il en est toujours ainsi quand la situation de tout un chacun est différente. C’est ainsi que chacun, par exemple, a une prédilection pour un système de jeu ou pour une certaine distance. Peut-être sera-t-il intéressant pour une partie des lecteurs que je raconte en résumé- la façon dont j’ai formé ma colonie. C’est en 1951 que la base de ma colonie fut acquise. Pour cela je fis l’acquisition d’une dizaine de descendants des meilleurs pigeons du Ct G. Van der Linden ( Limelette) qui était à l’époque un des ténors belges des concours de fond.
Les premiers pigeons furent accouplés ensemble. Il faut noter une chose importante: comme ces pigeons ne furent jamais joués, leurs descendants le furent d’autant plus. Ce qui me permit rapidement d’agrandir mon équipe d’élevage: quand vous obtenez un descendant qui remporte dans la catégorie yearling un premier prix sur Angoulême dans un concours régional très dur et si vous élevez à partir de ces pigeons de fond un jeune qui remporte comme pigeonneau, pour sa première participation, un premier prix dans un concours de vitesse, alors indéniablement nous pouvons conclure que nous possédons du “bon matériel” à la production.
Etant donné mes petites installations et mes obligations professionnelles importantes, je compris rapidement qu’il fallait chercher un associé. Je trouvai celui-ci dans la personne de Jules De Raedt, un excellent joueur de demi-fond. L’accord fut pris de jouer exclusivement le fond. Mon associé accueillit “sous les tuiles” les voyageurs et je conservai les reproducteurs. En 1955, nous avons débuté avec les jeunes.
Fin 1955, je me dirigeai vers le colombophile de réputation mondiale A. Van Bruaene (Lauwe) et fis l’acquisition de 7 oeufs provenant de ses différentes lignées. Cela me donna 6 femelles et un mâle.
A cela vint s’ajouter un très bon mâle de fond de la colonie d’origine de Mr. De Raedt. Tout cela constitua le noyau de départ avec lequel la souche fut formée. Le choix de Van der Linden et de Van Bruaene fut motivé suite à la grande classe de leurs colonies respectives qui comptaient de nombreux pigeons “de tête” et parce que je savais pertinemment bien que très peu “d’introductions” étaient faites par ces deux colombophiles. J’avais l’intention de croiser entre elles ces deux lignées tout à fait étrangères afin d’obtenir un “plus” dans les descendants; cet effet “hétérosis, dont nous avons montré l’importance dans la sélection du poulet. C’est pourquoi tous les pigeons de la lignée Van Bruaene et le mâle de J. De Raedt eurent pour partenaires des pigeons d’origine Van Der Linden. Les couples ainsi formés, le restérent pendant pratiquement toute leur vie afin d’éviter toute confusion. Comme j’en connaissais les dangers, je n’ai jamais pratiqué la consanguinité étroite.
De toute façon, vu l’exiguïté de mes installations, cela n’était pas possible. C’était plutôt une forme d’élevage en “famille” bien que je fis parfois des essais d’accouplement comme par exemple père et fille, oncle et nièce, demi-frère, demi-soeur: les descendants furent exclusivement destinés à l’élevage (pour effectuer des croisements avec des sujets non-apparentés).
Me croira qui voudra, mais nous avons tenu pendant dix années sans introduire de sujets étrangers. Il est donc clair qu’un élevage “fermé” ne conduit pas nécessairement vers la spirale infernale de la consanguinité. En 1966, un accouplement de notre Barcelone Il avec deux femelles appartenant à A. Van Bruaene donnèrent, pour moi, deux femelles et pour André, un mâle (son fameux “plumes blanches”) et une femelle. En 1968, une femelle de G. Smedts (Walem) vint compléter la colonie: cette femelle avait même une parenté lointaine avec ma lignée de “Bariolés” (elle fut la nièce du 016-71, le vainqueur de la Coupe du Roi en 1975). Puis vinrent successivement en 1970 une fille du “Mustang” de Stan Raeymaeckers (Lierre) et finalement en 1972 un fils du “Pasport” de L. Bostijn (Moorslede). Et c’est tout. Comme je n’ai pas l’habitude de faire accepter mes théories sans les rendre crédibles par des exemples choisis, je me suis permis de vous mentionner les grands moments de ma carrière colombophile.

 

Résultats les plus marquants 1961:
Barcelone: 10ème intern.
Angoulême, jeunes: 1er nat.
1962: Barcelone: 2ème intern.
1963: Angoulême, vieux: 1er nat.
1964: Barcelone: 1er et 23ème intern.
1965: Angoulême, vieux: 1er prov.
1966: Limoges, vieux: 1er interprov., 1er prov.
1968: Poitiers, vieux: 1er prov. 1969: Argenton jeunes: 1er prov., ter interprov., Sème nat.
1970: Angoulême, vieux: 1er prov., 2ème nat.
1975: Coupe du Roi Brive: Sème nat. St Vincent: hème nat.

Principaux championnats
– Club de fond de la Flandre orientale: pour ces deux années d’existence
(1961 et 1962), deux fois Roi.
– Championnat provincial de fond
1960: 2ème
1961: 1 er
1966: 1er
1969: 2ème
1975: 1er
– Championnat général de Belgique
1975: 2ème
A la lecture de ces données, il ne faut pas perdre de vue que nous n’avons jamais possédé plus de 25 voyageurs adultes (vieux et juniors) et ceci pendant les deux premières années.
Par après, ce nombre but ramené à 20 et réduit à 15 en 1974 puis à 10 en 1975, année de la cessation.
Je n’ai pas l’impression d’exagérer en vous donnant toutes ces précisions. Les résultats ne laissent aucun doute, à mon avis, quant à l’existence d’un effet “hétérosis” qui a joué à mon avantage. De plus, j’ai également eu la chance que les “souches” croisées se soient bien “accordées”. En termes scientifiques, on parle de “compatibilité”, un caractère que l’on ne peut pas prévoir. Ma confiance dans les pedigrees fournis a été récompensée. La confiance dans les pedigrees a en effet beaucoup d’importance, cela permet de vérifier si les pigeons proviennent de croisements multiples ou bien s’ils appartiennent à une famille “noble” où les chances (pas la certitude!) de faire ressortir des combinaisons favorables sont plus élevées.
Pour conclure, je désire insister sur quelques points importants surtout pour celui qui doit travailler avec des moyens limités.
1.) Pour former une colonie ou lors d’une nouvelle introduction, il faut acquérir de préférence le “matériel” chez des amateurs sérieux dignes de confiance qui sont spécialisés dans le même type de jeu que celui qui est envisagé. Mieux vaut des pigeons provenant de deux pigeonniers que des oiseaux issus de nombreux colombophiles.
2.) Ne pas se laisser séduire par la gloire passée des “grands noms”.
3.) Celui qui peut se permettre d’acheter un pigeon à palmarès en vue de le mettre à la production doit également savoir que son pedigree est aussi important que sa liste de prix. L’arbre généalogique doit mentionner plus que le père et la mère. Il doit porter sur plusieurs générations.
4.) Il ne faut surtout pas jouer les animaux achetés qui doivent servir de base et attendre d’avoir un certain nombre de descendants avant d’effectuer des essais.
5) Au début de la formation de la colonie, il faut enloger les jeunes élevés (surtout les femelles) souvent aux concours et ne pas se contenter d’en jouer quelques-uns bien préparés sur une ou deux étapes. Ils sont donc tous placés dans les mêmes circonstances, ce qui permet de porter un jugement valable en vue de les sélectionner. Lors de cette sélection, il faut toujours avoir présent à l’esprit les résultats et ne pas se laisser influencer par des détails.
6) Il faut être très prudent avec une consanguinité étroite et préférer un élevage de famille en système fermé, en permettant toutefois l’introduction limitée de nouveaux sujets au cours des années. Si c’est possible, il faut toujours essayer d’introduire des pigeons qui ont un peu de “sang” commun avec les bons voiliers que l’on possède déjà.
De toute façon, il faut toujours avoir les plus grandes exigences pour les nouveaux venus.

Prof. Dr. G. Van Grembergen


Notices:

  • Lorsque des lignées consanguines différentes sont croisées entre elles les animaux issus de ce croisement sont généralement plus vigoureux. Ce surplus de vigueur n’a pas toujours la même importance et peut revêtir différents aspects. Pour les poulets il s’exprime souvent sous la forme d’une augmentation de la fertilité, de la croissance ou de la ponte.
  • Lorsqu’un colombophile utilise un pigeon comme “étalon”, son but est de fixer dans sa colonie les meilleurs caractères de ce bon voilier. Cependant la possibilité de voir soudain apparaître des tares dans une série de descendants existe et constitue un inconvénient à prendre en considération avant de pratiquer cette méthode.
  • La consanguinité est un terme trop souvent galvaudé par les chroniqueurs colombophiles.
  • Il ne faut pas tout miser sur un seul mâle.
  • Mieux vaut un maximum de pigeons issus de deux pigeonniers que des oiseaux provenant de multiples origines.
  • Au début, pour former une colonie, il faut jouer le plus souvent possible les jeunes élevés.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ]

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