9 juin 2022 Par admin

L’été et les pigeons voyageurs

Juin devrait être le mois capital de la saison des pigeons adultes. Il doit l’être pour l’amateur des grands demi-fond et du long cours. Mais on ne réussit au-delà de 400 km et principalement au-delà de 600 km qu’avec des oiseaux reposés. Reposés ne veut pas dire inactifs. On pourrait, à la rigueur, les laisser en volière au grenier, bien éclairée et convenable-ment aérée, jusqu’à trois semaines sans sortir. C’est même un excellent moyen pour amener en forme un pigeon, surtout un mâle, en le laissant seul dans une volière absolument sèche, ou bien avec quelques autres mâles (le moins possible, également seuls). Mais alors, il importe que sa (ou leur) femelle soit accouplée entretemps avec un autre mâle, dans son propre casier. Il importe aussi que les sujets séquestrés dans un but sportif, soient nourris avec la plus grande parcimonie, au moyen de graines de faible valeur nutritive. Ce sont deux grands points où trébuchent les novices et les maladroits qui, reconnaissons-le, sont fort nombreux parmi nous. Commençons par écrire que c’est de vouloir trop, pour les moyens dont il dispose, que le petit amateur voit passer un dimanche après l’autre, sans guère récolter autre chose que des prix de queue ou des “buses”.

L’idéal, pour un colombophile, grand, moyen ou petit, serait de pouvoir jouer tous les dimanches et aussi les jours de fête en semaine, sans oublier les lundis de kermesse. Cet idéal n’est pas impossible à atteindre. Mais il est extrêmement difficile à réaliser sans dommage pour la colonie de celui qui n’est pas capable de mesurer ses chances aussi froidement et, disons le mot, aussi impitoyablement possible.
Le nombre de pigeons que l’on enloge sur une campagne n’est rien. C’est un facteur négligeable lorsqu’on veut établir un palmarès dont on a le droit d’être fier. Ce qui compte, c’est, parmi les sujets que l’on inscrit au bordereau de mettre seulement ceux à qui on puisse faire totale confiance. Autrement dit, eux seuls qui méritent qu’on les joue gros. Les autres peuvent tranquillement demeurer au colombier en attendant des temps meilleurs, ou même disparaître pour toujours.
Les pigeons d’essai, ceux que le manager ne connaît pas encore comme ils devraient être con-nus pour les jouer convenablement, doivent évidemment être mis à l’épreuve. Enlogez-les comme supplémentaires ou, si vous êtes en bénéfice, pour les séries qu’ils peuvent aider les bons à gagner.
Les semaines où vous ne voyez vraiment rien de presque sûr abstenez-vous carrément. Profitez de la circonstance pour accorder à votre épouse et à vos enfants le plaisir d’une excursion entreprise dans une détente complète pour vous et pour eux. Cela vaudra mieux que de risquer de vous morfondre des heures et des heures durant, si les mises en liberté sont retardées et d’être de fort mauvaise humeur lorsque, de surcroît, une longue attente se termine par un échec.
Il y a des pigeons de concours qui doivent aller au panier toutes les semaines et parfois plus. Les étapes de dressage sont là pour les tenir en haleine.
Je n’ai jamais réussi mieux qu’en envoyant mes pigeons de jeu à deux étapes en semaines et par-fois trois. Peu importe la distance: 30 à 40 km suffisent. De temps à autre, une étape de 50 à 70 km ou plus ne fait pas de tort, à condition que l’enlogement ait lieu le matin même, parce qu’en enlogeant la veille on risque de tomber sur un temps désastreux, alors qu’on aurait pu s’abstenir le lendemain si l’on n’avait pas tous ses apaisement à ce propos.
Venons-en maintenant aux mâles hébergés au moins une semaine en volière, sans aucune sortie, tandis que leurs compagnes sont accouplées à d’autre sujets sans femelle.
Au préalable, décidez-vous à les laisser au moins un jour sans aucune nourriture. Prenez-les en mains le lendemain et s’ils vous semblent encore un peu trop lourds, forcez-les à jeûner un jour de plus. L’ossature et les plumes doivent se resserrer, le corps ne faire qu’un bloc très ferme et le poids sembler diminuer de moitié. A ce moment-là vous pouvez nourrir discrète-ment, une seule fois par jour, au moment qui vous convient le mieux, mais de préférence l’après-midi. Ne vous cassez pas la tête à propos des graines à servir: le mélange dépuratif n’est pas fait pour les chiens mais est tout indiqué pour les oiseaux qui vous semblent “hors gonds” ou lents à monter en forme.
Ne vous imaginez pas qu’un pigeon qui commence à se sentir bien, comme on dit pour un homme, va somnoler toute !a journée sur son per-choir. S’il ressent l’envie de voler, il battra des ailes quand cela lui plaira et il le fera, entre autres, chaque fois que vous monterez au pigeon-nier pour le repas unique de la journée.

Avant de lui donner rien que ce soit, attendez qu’il ait battu des ailes pour ventiler son appareil respiratoire, comme il le fait pendant qu’il vole.
Une fois par semaine, vous pouvez remplacer le tiers ou la moitié de la ration par la même quantité de pois (bruns de préférence et en tout cas absolument secs et sains). Ceci pour assurer à l’oiseau les protéines dont il a moins besoin lorsqu’il ne vole pas, mais qui, néanmoins, lui sont indispensables.
Deux semaines de pareil traitement, accompagné de fréquentes prises en mains pour contrôler les poids et l’état de corps, transformeront entièrement vos mâles et vous aurez peine à les reconnaître si vous êtes bon observateur et si vous allez au grenier une fois par semaine, avant qu’il fasse vraiment clair.

[ Source: Article édité par M. Henry Landercy – Revue PIGEON RIT ]