Les glandes surrénales chez le pigeon voyageur

Suite aux questions de plusieurs lecteurs concernant la production naturelle de cortisone chez les oiseaux, et plus particulièrement chez le pigeon voyageur, voici quelques précisions sur le fonctionnement de leurs glandes surrénales. Dans la littérature scientifique anglophone consacrée à la physiologie des oiseaux, on trouve en effet des données très intéressantes à ce sujet.
Les publications portant sur ce thème restent relativement rares, et les glandes surrénales des oiseaux n’ont certainement pas été aussi étudiées que celles des mammifères. Le contenu qui suit pourra paraître un peu technique à certains lecteurs, et je m’en excuse, mais dans le contexte du problème du dopage, il est essentiel de bien comprendre ces mécanismes naturels.
D’un point de vue anatomique, les glandes surrénales du pigeon se situent entre les reins (à l’arrière) et les poumons (à l’avant). Pendant le développement embryonnaire, il existe déjà une production mesurable d’hormones surrénaliennes dès la mi-couvaison.
Chez l’homme et les mammifères, les glandes surrénales sont divisées en zones distinctes, à la fois anatomiques et physiologiques : la partie interne (la moelle) et la partie externe (le cortex), composée de trois couches concentriques. Chez le pigeon, ces deux parties ne sont pas disposées en couches séparées mais étroitement enchevêtrées. Les glandes surrénales d’un pigeon adulte pèsent environ 20 milligrammes, soit 1/50e de gramme.
Divers facteurs peuvent en augmenter la taille et la production hormonale : le stress physique (notamment lors du transport), l’hormone thyroïdienne qui accélère le métabolisme, et l’hormone cérébrale ACTH (adrénocorticotrope), qui agit comme messager stimulant l’activité surrénalienne. À l’inverse, l’administration de corticoïdes synthétiques — comme l’hydrocortisone chez les mammifères ou la corticostérone chez les oiseaux — entraîne une diminution du volume des glandes, puisque leur sécrétion naturelle est ralentie.
Chez les oiseaux, la corticostérone est l’hormone cortico-surrénalienne principale, alors que chez les mammifères, il s’agit de l’hydrocortisone (ou cortisol). Une autre hormone, la 18-hydroxycorticostérone, présente dans les glandes surrénales mais absente du plasma sanguin, constitue une étape intermédiaire dans la transformation chimique menant à la synthèse d’aldostérone, hormone régulant les équilibres en sodium et potassium — sans lien avec le dopage.
Le plasma du pigeon contient en moyenne 6 à 30 microgrammes de corticostérone pour 100 ml de plasma. Cette concentration varie de manière cyclique selon l’alternance lumière / obscurité. En effet, une période d’obscurité de quatre heures peut multiplier par trois ou quatre le taux de corticostérone plasmatique. À l’inverse, les pigeons exposés à un éclairage constant ne présentent pas ces variations : leur taux se maintient autour de 18 microgrammes pour 100 ml de sang, phénomène observé également chez d’autres espèces d’oiseaux.
Ce mécanisme explique pourquoi la mue peut être stimulée ou freinée naturellement en jouant sur la durée de l’éclairage dans le colombier.
Dans le plasma, les corticoïdes sont liés à une protéine, la transcortine, appartenant à la famille des globulines. La dégradation de la corticostérone est très rapide : la moitié de la quantité sécrétée est métabolisée en moins de dix minutes, ce qui signifie que sa production doit être constante pour maintenir un niveau hormonal stable. Cette régulation dépend de l’hormone ACTH, dont les mécanismes précis restent encore imparfaitement connus chez les oiseaux.
Différentes formes de stress — froid, soif, manipulations, enlogement, transport — entraînent une augmentation rapide du taux de corticostérone dans le sang. En effet, le stress stimule la sécrétion d’ACTH par l’hypophyse, qui agit directement sur les glandes surrénales et provoque une élévation du taux de corticostérone plasmatique.
Les principales actions physiologiques de la corticostérone chez le pigeon sont les suivantes :
-
Elle augmente le taux de sucre dans le sang, comme l’hydrocortisone chez les mammifères, via un processus de néoglucogenèse (formation de glucose à partir d’autres nutriments).
-
Elle favorise la lipogenèse, c’est-à-dire l’accumulation de graisses dans le foie.
-
Elle stimule l’appétit et modifie positivement le métabolisme général.
Cependant, l’administration de fortes doses de corticostérone provoque une perte de poids et une diminution des défenses immunitaires, notamment par son action négative sur la bourse de Fabricius et le thymus, deux organes essentiels à la résistance immunitaire face aux infections.
Dr. L. Mathijs
[ Source: Article édité par Dr. L. Mathijs – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
Glandes et Hormones chez les pigeons
Le foie et les reins de pigeons

