22 juin 2022 Par admin

Pourquoi un pigeon est-il bon ou mauvais?

Débutant:
Le dialogue est un procédé qui tend à approcher la vérité et de résoudre ainsi les problèmes qui se posent. En colombophilie les problèmes sont nombreux. Pourquoi un pigeon est-il bon ou mauvais? Pourquoi est-il en forme ou non, etc. etc.?
Je sais que tu aimes ces questions…. y répondre te paraît-il impossible?

Victor:
“Rerum cognoscère causas”, connaître le pourquoi des choses a toujours été l’objet des recherches pour atteindre la vérité. Et tu poses une première question: pourquoi un pigeon est-il bon ou mauvais? Quelles sont les bases qui conditionnent la qualité d’un pigeon? Quant aux prestations sportives, cela devient plus compliqué. Car il est très difficile de tirer des conséquences de choses où il y a beaucoup de causes.

Débutant:
Cette année tu dois t’être posé pas mal de questions… Car depuis que je te connais, tu n’as jamais connu une saison si mauvaise. Pourquoi?

Victor:
Ma saison sportive, comme tu le dis, n’a en effet jamais été aussi mauvaise. La conscience de mon ignorance à 85 ans me fait rechercher la vérité. Or cette vérité je dois la trouver dans l’examen des causes qui ont pu contribuer à mettre mes pigeons hors d’état de bien se classer.
Je n’ai cette année, jamais connu cette joie qu’un colombophile a en attendant l’arrivée de ses pigeons avec l’espoir de les voir arriver en tête. Or l’espoir est ce qu’il y a de plus beau au monde, c’est un rêve qu’on vit éveillé.

Débutant:
Et tu n’as rien fait ou rien pu faire pour redresser la situation?

Victor:
Début juillet je remis à un laboratoire de la province d’Anvers un de mes pigeons de l’équipe de jeu pour examen complet avec autopsie. L’examen ne révéla aucune maladie ou infection. Le résultat me surprit parce que j’étais convaincu que mes pigeons n’avaient pas la santé parfaite qui engendre la forme. Le fait que les prestations restaient en dessous de la moyenne en juillet et début août me faisaient douter du résultat de l’examen. Personnellement j’étais convaincu que mes pigeons souffraient de l’herpesvirus. Je relus pour la tantième fois le compte rendu des travaux de recherche faits par le professeur Vindevogel sur l’herpesvirus et je décidai de faire appel à son laboratoire de l’Ecole Vétérinaire de Liège.
Douze pigeons de mon équipe de jeu furent portés à Liège. L’examen – très difficile – par les spécialistes de Liège révéla que mes pigeons souffraient d’une inflammation des voies respiratoires supérieures, causée par l’action du virus P.H.V. Le virus du coryza herpétique ayant fait le lit de la maladie, il y a eu surinfection par des bactéries (staphylocoques).

Débutant:
Et quel traitement a-t-on conseillé de faire?

Victor:
Pour ce qui est du virus herpès, on m’a dit qu’on ne pouvait rien faire contre. On n’a pas encore trouvé le vaccin adéquat et on se trouve devant un mur. Pour ce qui concerne les bactéries surinfectantes, on m’a conseillé de traiter avec des antibiotiques pendant minimum 10 jours.

Débutant:
A quoi remarque-t-on que le pigeon souffre du coryza herpétique? Le sais-tu?

Victor:
J’ai appris plusieurs choses à ce sujet. Quand les pigeons n’ont aucun plaisir à voler, il faut les examiner. J’ai observé chez quasi tous mes pigeons que l’intérieur du bec était plus rouge que rose. Que la fente palatine était toujours fermée, que le bec n’était pas blanc à l’avant et que la tête paraissait gonflée sur les côtés. Ma conclusion est simple: mes pigeons ne pouvaient pas suivre les pigeons en excellente santé. Ceux-ci peuvent respirer plusieurs fois par seconde, à chaque battement d’aile pendant le vol et soutenir un rythme cardiaque de 400 coups à la minute. J’ai la conviction que tous les pigeons ayant les voies respiratoires en parfait état se classent bien. Si ce n’est pas le cas, leurs propriétaires, même s’ils ont les meilleurs pigeons, doivent nécessairement s’avouer battus… et sont incapables de redresser la situation… à moins que…

Débutant:
A moins que quoi? Et ici je te pose une question: pourquoi le pigeon succombe-t-il devant l’herpesvirus?

Victor:
Je me souviens de ce que feu le grand champion Georges Fabry m’a dit un jour qu’il était venu chez moi et que je m’étais plaint du fait que j’avais des difficultés à avoir mes pigeons en forme. Il n’y a qu’un moyen pour combattre le coryza me dit-il, augmenter la résistance des pigeons en les faisant séjourner tout l’hiver dans une volière bien ouverte. Le virus n’aime pas cela! Tu as ton colombier disait-il au milieu des bois, donc dans une ambiance humide. Tu verras qu’après un séjour dans la volière, le coryza pourrait bien avoir disparu!

Débutant:
Tu ne vas donc pas supprimer tes pigeons parce qu’ils ont très mal voyagé?

Victor:
Pas du tout. D’autant plus que j’ai constaté que les femelles-veuves, qui séjournent dans une volière complètement ouverte des trois côtés, et où le vent s’engouffre à volonté, ont l’intérieur du bec rose et la fente palatine bien ouverte.

Débutant:
Mais le virus ne se transmet-il pas à ces femelles quand elles rejoignent les veufs atteints du coryza herpétique?

Victor:
Pas du tout, car elles ont une résistance naturelle avantagée par le séjour en plein air.

Débutant:
Crois-tu qu’il y a beaucoup de colombiers infectés par le coryza herpétique?

Victor:
D’après les recherches effectuées par l’équipe du professeur H. Vindevogel, et après avoir dans 50 colombiers différents analysé 100 pigeons (2 par colombier) on a constaté que 82 étaient affectés par le virus…

Débutant:
C’est effrayant. Ce qui me fait conclure que tous les pigeons ayant des voies respiratoires en parfait état se classent bien. Les autres ratent ou remportent des petits prix parce qu’ils ne savent pas suivre avec une respiration au ralenti. Voilà tout le “pourquoi” des échecs.

Noël De Scheemaecker

Notice:

Quand on sait que le pigeon pendant son vol, bat jusque 400 fois ses ailes par minute et que chaque battement d’aile est synchronisé avec un cycle respiratoire, on se rend compte de l’importance de son système respiratoire. La moindre défaillance constitue pour le pigeon un handicap pendant le vol. Et plus la distance sera longue et la condition de vol difficile (température élevée, vent de bec etc…) plus sa prestation sera mauvaise.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]