Gps Colombophilie Pigeon Voyageur
27 avril 2020 Par admin

Résultats – pigeon voyageur

Utilisation de GPS en colombophilie : Bilan de nos premiers essais

Qui n’a pas rêvé de savoir par où est passé son pigeon lors d’un concours ? La mise au point par les militaires américains d’un système de localisation par satellites (GPS pour Global Positioning System) et la miniaturisation des composants électroniques ont permis à deux équipes, une allemande et une italo-suisse, de fixer un module GPS sur le dos de pigeons . Alors que les articles montrant la faisabilité de suivre les pigeons grâce au GPS sont sortis depuis déjà plus de deux ans, peu d’articles concernant l’orientation du pigeon voyageur sont sortis utilisant cette technologie… Nous avions contacté le Prof. Lipp afin de tester ces appareils, et d’étudier le comportement de pigeons lorsqu’ils sont confrontés au relief. Le Prof. Lipp nous a accordé sa confiance et nous avons obtenu nos premiers GPS fin 2001 (voir photo 1). Nous avons utilisé ces GPS pendant l’été 2002 et les résultats n’ont pas été à la hauteur de nos espérances dans cette technologie.

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Gps Colombophilie Pigeon Voyageur

 

Photo 1 : Dimension du GPS fixé sur le dos du pigeon. Le poids est de 32 grammes et la hauteur totale de 1.8 cm

Dans les articles cités ci-dessus utilisant cette technologie, les pigeons qui ont été équipés étaient des pigeons expérimentés, âgés de plusieurs années. Notre but n’étant pas de reproduire les expériences de nos collègues, nous avions décidé d’équipé de GPS des pigeons sans aucune expérience, afin de suivre l’apprentissage des oiseaux. Nous espérions obtenir des informations concernant l’orientation des pigeons, dans les errements des jeunes pigeons.
Ces pigeons avaient été fournis par la station d’élevage “Natural”. Nous avions choisi des mâles, pensant que ceux-ci, de part leur corpulence supérieure par rapport aux femelles, seraient plus aptes à supporter le poids des GPS. Ces mâles sont arrivés à notre colombier au mois de juillet 2001 et n’ont pas été entraînés au cours de la saison 2001. Ils ont par contre volé plusieurs heures par jour autour du colombier jusqu’au début de l’automne. Pendant l’hiver, les pigeons ne sont pas beaucoup sortis pour éviter la prédation due aux rapaces, importante dans notre région. A la fin de l’hiver, les pigeons ont repris leur entraînement quotidien. Malgré la miniaturisation en électronique, les GPS pèsent tout de même 32 grammes et représentent donc un peu moins de 10% du poids de l’animal. Afin de les habituer à voler avec un objet sur le dos, nous avons commencé à équiper ces jeunes mâles avec des poids de plus en plus lourd au cours du printemps 2002. Ces poids ont le même encombrement que les GPS (taille et hauteur) Deux poids ont été utilisé : le premier de 11 g (voir photo 2), le deuxième de 19 grammes.
 

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Photo 2 : Les plumes du dos du pigeon sont coupées très courtes, et une bande velcro est collée directement sur la peau et les plumes avec de la colle cyanoacrylate gel. Les poids ou les GPS sont équipés de la bande velcro opposée.

Première constatation, dès que l’on équipe les pigeons du poids de 11 g, la durée des volées devient extrêmement réduite. La durée des volées n’augmente pas dans les semaines qui suivent : le pigeon fait quelques tours puis se pose rapidement sur le toit du colombier. La volée ne dure jamais plus de quelques minutes. Il faut noter que les autres pigeons du colombier, lâchés en même temps et qui ne sont pas équipés de poids ont des volées normales et n’hésitent pas à monter très haut dans le ciel. Lorsque nous posons le poids de 19 grammes, certains des pigeons équipés ne volent quasiment plus. Incontestablement, le poids handicape fortement le vol du pigeon et celui-ci préfère s’arrêter de voler. Par contre le comportement du pigeon dans le colombier ne nous a paru pas modifié : le pigeon défend normalement son casier, s’accouple et élève ses petits, leur croissance étant tout à fait régulière. Ainsi, il n’y a qu’une activité qui semble handicapée : c’est celle du vol. Le pigeon supporte donc parfaitement le poids au colombier et le stress n’est présent que lors de la volée. Un des pigeons présentait cependant après plusieurs semaines, une blessure sur l’avant-bras. Certains mouvements du vol mettent donc en contact le poids et l’avant-bras. Le refus de voler pourrait provenir peut-être d’une gêne mécanique. Cependant nous n’en sommes pas sûr car seul un pigeon présentait ce type de blessure. Devant l’arrêt des volées, nous avons arrêté de mettre un poids aux pigeons pendant quelques semaines, afin qu’ils reprennent leur entraînement musculaire quotidien.

Les premiers essais.

Malgré le manque de motivation évidente de voler avec un poids, nous avons quand même décidé de lâcher les oiseaux avec un GPS à partir de points de plus en plus éloignés du colombier (2 – 4 –8 km). Les oiseaux ont été lâchés un par un. Equipés du GPS, ils cherchent immédiatement un arbre pour se poser. Incontestablement, le stress du poids supplémentaire « embarqué » s’ajoute au stress lié à leur premier lâcher et les oiseaux sont très perturbés. Lâchés à deux km et alors que le colombier est visible à l’œil nu (il est situé en hauteur, à flanc de colline), ils resteront dans un arbre entre 1 et 2 heures, sans bouger. Après ce laps de temps, de manière surprenante, les pigeons vont rejoindre leur colombier, mais leur itinéraire ne sera pas droit mais particulièrement courbe (voir tracés dans la photo 3).

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Photo 3 : Itinéraire des pigeons lors des lâchers à 2 km (en vert) et à 4 km en bleu. Le colombier est situé au niveau de l’étiquette jaune avec le soleil. Au niveau des longs segments rectilignes en pointillé, l’itinéraire des pigeons n’a pu être enregistré car les GPS ont perdu pendant un laps de temps le contact avec les satellites leur permettant de calculer leur position. Ces traits en pointillés ne sont donc qu’une estimation de leur itinéraire.

Ces tracés montrent à quel point le vol des pigeons n’est pas droit, mais brisé. Lors d’un concours, la seule chose dont nous avons accès est la vitesse théorique du pigeon. En fait le pigeon parcourt plus de chemin que nous ne l’imaginons. Il serait intéressant de savoir si tous les pigeons ont ce vol brisé ou si les grands champions ont un vol plus rectiligne, ce qui permettrait de comprendre leur victoire.

Le GPS donne non seulement les coordonnées de l’oiseau à tout instant, mais aussi son altitude. Il était donc intéressant d’étudier l’altitude à laquelle les pigeons équipés de GPS volaient. La courbe présentée dans la figure 1 représente la hauteur à laquelle le pigeon vole par rapport au sol. Le pigeon lesté avec le GPS vole relativement bas, une quinzaine de mètre au-dessus du sol au démarrage (polygone marron). Il ne suit que légèrement les oscillations du terrain. Il ne prend que difficilement de l’altitude, 20 m en 1 km. Par rapport à des pigeons contrôles (même âge, même expérience) dont l’itinéraire est suivi avec des jumelles, l’itinéraire ne semble pas être différent. Par contre le comportement est très différent : tout d’abord, très peu de pigeons se posent, de plus les altitudes sont très différentes : Les pigeons qui ne sont pas encombrés par le GPS prennent très rapidement de l’altitude, plusieurs centaines de mètres et plongent alors sur le colombier. Lors de leur deuxième lâcher, distant de 4 km, le même comportement a été observé. Sur la photo 3, l’on s’aperçoit très nettement que le pigeon lâché à 4 km (tracé bleu) fait demi-tour après quelques centaines de mètres. Ce comportement est surprenant car le pigeon devrait voir son colombier de l’endroit où il vole. Il n’a donc pas reconnu de manière certaine l’endroit où il se trouve. Ce fait est troublant, vu que nombres d’auteurs sont persuadés que les pigeons utilisent la vue dans les derniers km pour s’orienter (voir article du Prof. Van Grembergen P.R. N°13/2002). Cette non-reconnaissance des environs est peut-être due, soit à un problème d’altitude, comme suggéré par le Prof. Van Grembergen dans son article, soit cette reconnaissance ne se met en place que par ce que les pigeons sont entraînés.
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Figure 1 : altitude de vol du pigeon en fonction de la distance parcouru.. L’echelle des ordonnées donne l’altitude réelle. Le trait supérieur du polygonne marron, matérialise le niveau du sol.

Les pigeons ont alors été emmenés à 8 km. La géographie du lieu est assez spécifique, les pigeons devant prendre de l’altitude pour rejoindre le pigeonnier, situé derrière une série de collines dont l’altitude se situe autour de 800 m. Au cours de cet entraînement, les pigeons contrôles (ceux sans poids) sont rentrés, alors que les pigeons porteurs de GPS ne sont pas revenus.

L’avenir

Tout d’abord, le simple fait de mettre un poids sur le dos du pigeon modifie son comportement (volées plus courtes). De plus nous montrons que les GPS de première génération sont trop lourds et ne permettent pas au pigeon de prendre la bonne altitude. Chez les jeunes pigeons, non entraînés, il semblerait que l’altitude joue un rôle important dans la reconnaissance des environs immédiats du colombier. Ces premiers GPS ne semblent donc pas convenir aux pigeons peu expérimentés. Il serait intéressant de savoir si la montée en altitude joue un rôle important pour les jeunes pigeons en zones de plaines. En effet, en zone de plaine, le pigeon peut se faire une idée de la topographie des lieux, sans avoir à monter très haut, contrairement à un milieu de moyenne montagne. Les mauvaises rentrées pourraient aussi être dues à un double stress, celui occasionné par le poids, ajouté au stress du lâcher.
L’avenir passera par la création de nouveaux GPS, plus légers. La légèreté de ceux-ci permettra d’augmenter l’aérodynamisme, qui doit certainement jouer un rôle tout aussi important que le poids. En 3 ans, les progrès de l’électronique nous permettent d’envisager de faire un GPS de moins de 10 g. En effet, les modules GPS ne pèsent plus que 3 g et les antennes plus que 1 g. Nous pouvons aussi diminuer la fréquence d’échantillonnage, car celle-ci est trop importante. Nous pouvons sans perdre trop d’information réduire cette fréquence à une mesure toutes les 10 secondes. Cette diminution de fréquence d’acquisition devrait nous permettre de diminuer aussi le poids de la batterie. Nous espérons obtenir les GPS pour pigeon de deuxième génération (poids inférieur à 10 g) pour le printemps 2003.

En conclusion, le rêve de connaître l’itinéraire de nos pigeons à chaque concours n’est pas pour aujourd’hui, mais l’on peut avancer, avec peu de chance de se tromper, que dans quelques années, le poids des GPS ne fera plus que quelques g et qu’on connaîtra enfin les parcours des pigeons, relâchés à plusieurs centaines de km.

Source: Institut de développement des connaissances sur l’orientation des oiseaux.


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