22 juillet 2021 Par admin

L’état de l’intestin des pigeons

La qualité des fientes de nos pigeons a toujours été considérée comme un test important de l’état général. L’étude en détail des causes et des conséquences mérite de retenir notre attention, car elle englobe, en fait, directement ou indirectement la plupart de nos problèmes. Il est bien évident que l’alimentation d’un athlète soumis à de durs efforts est un problème très important. Mais il est au moins évident que si l’organisme ne peut utiliser que ce que la ration alimentaire — sous toutes ses formes — lui apporte, il ne peut utiliser aussi que ce que son intestin a laissé passer. Ce qui amène à cette véritable loi biologique ‘L’important n’est pas ce que le pigeon mange mais ce qu’il assimile’.
L’intestin est un organe très fragile et une inflammation un peu prolongée a pour conséquence un épaississement de la paroi accompagné d’une dégénérescence plus ou moins importante de la muqueuse et d’une identification de son pouvoir de filtration des principes nutritifs (issus de l’action de différents sucs digestifs sur la ration). Lorsque ‘le filtre est encrassé’, l’eau en excès et une partie des principes nutritifs non assimilés sont rejetés par les fientes et c’est la diarrhée. D’autre part, l’inflammation provoque la soif, ce qui augmente encore la diarrhée, tout en n’assurant qu’une partie des besoins en eau de l’organisme, qui est déshydraté. Cet ensemble de faits explique la diarrhée, l’amaigrissement et les chairs plus ou moins ‘bleues’.
Mais ce n’est pas le seul processus possible à l’apparition de la diarrhée. Les reins retirent du sang un certain nombre de déchets (acide urique — rejeté sous forme d’urates blancs facilement visibles sur les fientes — urée, etc.) et de l’eau. Si les reins ont perdu une partie de leur pouvoir de filtration, comme cela se passe par exemple après un empoisonnement par l’engrais, l’organisme se charge d’eau et le pigeon paraît ‘soufflé’. L’eau qu’il ne peut rejeter par les reins entraîne une mauvaise assimilation de l’eau encore dans l’intestin et c’est aussi la diarrhée, les chairs bleues (par mauvaise épuration du sang au niveau des reins), etc.

Un foie en mauvais état ou irrité (empoisonnement-trichomonose) réagit d’une part en produisant un excès de bile (c’est la diarrhée verte), d’autre part en accomplissant mal ses multiples fonctions de détoxication, désamination, stockage du glucose, etc., ce qui se répercute très vite sur les reins, créant aussi l’hépatonéphrite’.
A toutes ces causes possibles nous ajouterons celle, toute simple de l’inflammation de la bouche, de l’oesophage et du jabot par un toxique, par le trichomonas, etc. Cela crée une soif intense et il faut bien que cette eau ressorte. Là aussi nous avons apparition de la diarrhée.
Bien sûr, les aspects de cette diarrhée sont multiples : selon l’intensité de la soif, selon les réactions biliaires, selon les complications microbiennes au niveau de l’intestin (fermentation). L’étude de l’aspect des fientes est donc fort utile. Une fiente normale est ferme sans être dure. Le pigeon au repos émet fréquemment de petites fientes, de la grosseur d’une févérole, coiffée d’un peu d’urine blanche (parce que très chargée d’urales blancs). La grosseur de la fiente varie avec la cadence des émissions.
Tous les amateurs connaissent les énormes fientes des bonnes couveuses quand elles se lèvent pour le repas. La couleur varie également.
Si la ration est riche en graines noires (légumineuses – colza – navette, etc.), les fientes sont d’un vert bouteille ou très brunes. Si la ration est riche en maïs, froment, orge, dari, millet, riz, etc., la fiente est d’un jaune grisâtre.
Quand le pigeon a été tenu à la diète, les fientes sont très petites et noires car elles contiennent une très forte proportion de bile et très peu de débris alimentaires et en particulier très peu de cellulose. Elles sont très collantes au doigt mais tout cela est parfaitement normal. De même quand un pigeon a été tenu, pour l’une ou l’autre raison, Sur sa soif’ pendant assez longtemps et qu’il boit à satiété il rejette peu de temps après des fientes diarrhéiques. Le passage de l’eau à travers l’appareil digestif est très rapide et il ne faut pas s’étonner de la diarrhée passagère d’un pigeon qui revient d’un concours de fond par temps chaud, par exemple.
Une fiente diarrhéique peut être homogène ou noire,Elle est homogène quand il y a dilution de la masse fécale dans l’eau en excès au niveau de l’intestin. Le transit de l’eau est alors relativement lent sur toute la longueur de l’intestin, d’où ce mélange homogène. C’est ce qu’on constate à chaque fois qu’il y a infection intestinale avec fermentations.
Un microbe se développe dans l’intestin, généralement sur les blessures provoquées par les parasites, ulcères à trichomonas, vers capillaires, coccidiose très graves à leur stade le plus avancé. Cela se voit surtout chez de jeunes sujets d’une semaine à quelques mois. Beaucoup plus rare-ment sur des adultes par ailleurs très diminués. Souvent cela est accompagné d’une émission surabondante de bile d’où ces fientes huileuses, vertes ou brunes typiques des trichomonoses intestinales et de la capillariose (vers capillaires).
Les fientes non homogènes sont celles où le transit intestinal est rapide et souvent même trop rapide. L’intestin irrité a des contractions violentes, fréquentes (souvent même douloureuses, qui font trépigner les pigeons — cela s’entend très bien la nuit) et émet la masse fécale au milieu d’une flaque d’eau. C’est le cas pour la plupart des coccidiosés (on connaît les ‘jets’ émis tout autour du plateau par les pigeonneaux atteints dès leur premier jour), pour les trichomonoses banales des premières voies (bec, oesophage, jabot).
Enfin signalons les fientes ‘croqueuses’ très riches en urates de certains paratyphiques, les fientes de couleur claire (dues probablement au blocage de la production biliaire par les larves en migration à travers le foie) quand il y a des vers ascaridias, les fientes sanguinolentes, rares d’ail-leurs, quand il y a hémorragie de la partie terminale de l’intestin.
Si l’observation des fientes et ce `classement’ selon leur aspect peuvent orienter les soupçons et permettre une plus rapide intervention, ils ne sauraient constituer en eux-mêmes une méthode de diagnostic. Le microscope garde toute la valeur, ainsi qu’un certain nombre d’autres symptômes concomitants.
Que cela n’incite pas mes lecteurs à entreprendre à la légère des traitements dont la nécessité n’aurait pas été confirmée par le laboratoire.

Doct. Vét. J.P.Stosskopf

Notice:

Les excréments nous donnent des renseignements très précieux sur la santé du pigeon. Il est utile et important de les regarder chaque jour. Lorsque vous remarquez quelque chose d’anormal, ne faites surtout pas de cures aveugles mais consultez un vétérinaire compétent.

[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P.Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]