Santé du Pigeon Voyageur en Été : Prévention Naturelle des Verminoses, Capillarioses et Intoxications
Les dangers invisibles de l’été pour la santé des pigeons voyageurs
C’est en plein été que je reçois le plus grand nombre de lettres d’amateurs se plaignant de divers maux touchant leurs pigeons, souvent après les enlogements — parfois même à l’occasion de simples dressages. La promiscuité dans les paniers, combinée aux mauvaises conditions météorologiques (brume, brouillard, pluie), malgré le travail du service fédéral d’informations colombophiles et la prudence des convoyeurs, reste la cause principale des concours désastreux que nous connaissons chaque année. Ces facteurs provoquent trop souvent des pertes sensibles, à toutes les distances.
S’il ne s’agissait que des pertes subies par des pigeons mal préparés pour affronter les difficultés du retour, la situation serait déjà préoccupante, mais non catastrophique. Le véritable problème réside dans les nombreux cas d’oiseaux qui rentrent épuisés, parfois malgré une place honorable au palmarès. Ces pigeons présentent souvent des signes inquiétants : yeux larmoyants, nez grisâtres, plumage sans éclat, iris partiellement décolorés — conséquences d’un vol contre un vent de face ou sous une chaleur lourde et anormale.
D’autres, apparemment en bonne condition, reviennent trop “à leur aise”, sans vigueur ni envie de voler : des pigeons « sans goût », comme on dit dans le jargon.
Tous ne paraissent pas réellement malades, mais il faut admettre qu’un pigeon qui ne donne pas le rendement attendu cache presque toujours un déséquilibre de santé. Avant la guerre, on appelait cela le “mal invisible” : un terme qui recouvrait aussi bien un coryza sec qu’un trouble intestinal, une trichomonose ou encore une anémie pernicieuse.
La plupart des signes observés lorsque la forme tarde à venir découlent d’un manque, au moins partiel, d’hygiène dans le colombier.
Dans un précédent article, j’ai évoqué les précautions essentielles pour maintenir la santé des pensionnaires du colombier. Approfondissons à présent les principales affections susceptibles de compromettre la bonne tenue des pigeons destinés aux concours.
1. La verminose
La verminose, notamment due aux vers ronds (ascaris) et aux capillaires, figure parmi les premières causes de faiblesse chez les pigeons.
Les ascaris sont facilement reconnaissables : visibles à l’œil nu dans les fientes, ils sont blancs ou jaunâtres et mesurent de deux à cinq centimètres. Une fois adultes, ils pondent une grande quantité d’œufs expulsés avec les déjections. Ces œufs, une fois embryonnés, deviennent infectieux au contact des graines souillées par les fientes et produisent, en environ 17 jours, des larves qui atteignent leur maturité en deux mois.
Quelques vers présents à l’époque des concours ne nuisent pas toujours aux résultats, mais il est impératif de combattre l’ascaridiose dès son apparition, car elle devient rapidement virulente et cause des dégâts considérables.
Des analyses ont révélé que, chez un seul pigeon infesté, les fientes pouvaient contenir jusqu’à 12 000 œufs de vers ronds en 24 heures ! Un seul sujet malade peut donc contaminer tout un colombier mal entretenu, surtout dans les volières humides.
Il n’existe pas de traitement préventif absolu contre l’ascaridiose. Les pigeons atteints doivent être soignés avec des pilules ou comprimés à base de pipérazine ou de phénothiazine, administrés à jeun le matin. Il est conseillé de retirer l’abreuvoir jusqu’au soir et de ne servir qu’un repas léger après le traitement.
Prévention
La prévention repose avant tout sur la propreté du colombier :
-
Gratter soigneusement les planchers et fonds de casiers.
-
Nettoyer avec une solution sodique à 5 %.
-
Désinfecter également les paniers de voyage.
-
Utiliser du sable sec sur le sol, à renouveler au moins une fois par semaine dans les colombiers humides.
Attention : un simple passage dans un colombier contaminé peut suffire à transporter le parasite sous la semelle des chaussures.
Un nettoyage à l’eau bouillante additionnée de 2 % de carbonate de soude est idéal avant la période d’accouplement ou après la saison des concours.
2. La capillariose
Moins visible mais tout aussi redoutable, la capillariose est causée par un ver microscopique, fin comme un cheveu, mesurant de 8 à 20 mm. Les capillaires sont si petits qu’ils échappent à l’œil nu : leurs œufs, invisibles dans les fientes, ne peuvent être détectés qu’au microscope.
Ces œufs, une fois ingérés, libèrent dans le corps du pigeon des larves qui deviennent adultes en une vingtaine de jours. Le grand danger de cette affection réside dans la résistance exceptionnelle des œufs, capables de rester infectieux pendant près d’un an, même à des températures négatives. En revanche, ils ne résistent pas à une exposition prolongée au soleil ou à l’eau bouillante (dès 60 °C).
Les pigeons atteints de capillariose perdent du poids, leur vitalité diminue, le plumage devient terne et la forme s’effondre rapidement. Les cas graves entraînent un amaigrissement rapide et une perte d’appétit.
Les sujets incurables doivent être éliminés pour éviter toute contagion. Le traitement repose sur les mêmes principes que pour l’ascaridiose, combiné à une hygiène stricte et à une exposition maximale du colombier au soleil, véritable désinfectant naturel.
3. Les empoisonnements
On appelle poison toute substance susceptible de nuire à l’organisme. Les pigeons peuvent s’intoxiquer par absorption de produits minéraux, végétaux ou animaux.
Les intoxications affectent surtout le foie, principal organe chargé d’éliminer les toxines. Les engrais chimiques, les semences contaminées ou certains produits d’entretien mal employés sont souvent en cause.
-
Le sel de cuisine : donné en excès, il irrite les muqueuses et épaissit le sang. Cinq grammes peuvent déjà être mortels. Il ne doit être ajouté qu’en quantité infime, par exemple une pincée pour cinq litres d’eau, ou se limiter au sel déjà présent dans les grits commerciaux.
-
La chaux créolinée : peindre ou badigeonner les murs avec du lait de chaux mélangé à de la créoline ou à de l’eau de javel est dangereux. Les pigeons picorent souvent les éclats qui tombent, provoquant des intoxications graves. Si l’on utilise de la chaux, il faut retirer les accessoires du colombier, les tremper à part, puis les rincer à l’eau bouillante avant de les remettre en place.
-
Les graines de mauvaise qualité : certaines graines de battage, de moulin ou de récupération peuvent contenir des graines de nielle des blés, très toxiques, ou être contaminées par des insectes (calandres, bruches). Même après leur disparition, leurs excréments restent hautement nocifs. Il faut donc éviter absolument les mélanges douteux et privilégier des graines saines, propres et bien conservées.
Conclusion
Les mois d’été, propices aux concours, sont aussi une période critique pour la santé des pigeons voyageurs. La vigilance, l’hygiène et une observation attentive des moindres signes de fatigue ou de désordre digestif constituent les meilleures armes du colombophile.
Un pigeon performant est avant tout un pigeon sain, vivant dans un environnement propre, aéré et lumineux. En veillant à ces détails, on évite la plupart des “maux invisibles” et l’on prépare de véritables athlètes pour les concours à venir.
[ Source: Article édité par M. Henry Landercy – Revue PIGEON RIT ]
Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !
Hygiène du pigeonnier – pigeon voyageur
Le couvre sol dans un colombier – pigeon voyageur


