colombier chauffé pigeons
24 novembre 2021 Par admin

Les avantages et les désavantages d’un colombier chauffé

colombier chauffé pigeons

Débutant:
Fouillant dans mes archives, mon attention fut attirée par un vieux numéro du journal « De Duif » de 1973. Par curiosité, je l’ouvris et je découvris un article très intéressant du célèbre chroniqueur hollandais Arie Van den Hoek. Voici textuellement cet article. « Je l’ai déjà écrit, il y a un petit temps, que j’hésitais toujours à prolonger une conduite de mon chauffage central vers mon colombier au jardin. Je crois maintenant que je le ferai. Parce que les pigeons aiment un colombier sec, et en certaines circonstances la chaleur. Ce n’est pas sans raison qu’on constate la plus grande forme lors des étés secs, et surtout lors des étés secs et chauds! Ce sont ces vérités là qui nous permettent d’utiliser à bon escient un chauffage au colombier, à condition de procéder avec beaucoup d’intelligence. J’en conviens pourtant, comme beaucoup de colombophiles le pensent, que des colombiers avec le chauffage central peuvent être mauvais. Que certains mouvements d’air peuvent faire du tort. Qu’une source de chaleur en dehors du colombier peut être bénéfique mais fautive à l’intérieur de celui-ci. Mais on ne peut exclure le fait que le pigeon aime la sécheresse et la chaleur. Il s’agit de savoir comment nous opérons. Nous pouvons améliorer les résultats mais aussi compromettre le succès. J’ai demandé à Dick Postma – ce grand champion du nord de la Hollande – quelle était son expérience au sujet du chauffage au colombier et voici ce qu’il relate: par temps sec je n’allume jamais une lampe, ni la nuit ni le jour. Quand il règne un brouillard froid, et par temps pluvieux frais j’ai dans mon colombier des veufs et dans les autres colombiers deux lampes de 250 Watt. Il n’y fait pas chaud parce que l’air peut s’évacuer par les tuiles. Pendant les premières étapes de l’année et au retour des pigeons, je laisse toujours ces lampes allumées pendant une journée. Je constate que les pigeons récupèrent ainsi étonnamment vite« .
Voilà donc l’idée de Dick Postma. Je reçus également une lettre de Jacques Tournier (un champion belge de longue date) que je pouvais hardiment y aller avec le chauffage dans mon colombier. Mais il y ajoutait ceci: « Le chauffage peut être bon si seulement on procède avec beaucoup d’intelligence! »
Et voilà, cher maître, ce que j’ai lu concernant cette question. Quelle est maintenant « ton » expérience?



Victor:
Tout ce que tu viens de relater de l’article de Van den Hoek est absolument exact. En fait, tout cela revient à dire qu’il ne faut pas faire de bêtises. C’est essentiel dans la conduite des pigeons. Et Jef Van Riel me disait un jour qu’en colombophilie où on commet un jour fatalement des fautes – la différence entre les colombophiles résidait dans le fait suivant: les uns remarquent plus vite la faute qu’ils commettent que les autres. C’est parmi les premiers qu’on trouve les champions.
Mais parlons un peu de ce que j’ai constaté moi-même au sujet de la qualité d’un colombier par rapport aux facteurs « sécheresse » et « chaleur ». Disons d’abord qu’en colombophilie « beaucoup d’intelligence » est synonyme de « beaucoup d’expérience ». Comme nous n’y comprenons pas beaucoup, ce qu’on en apprend on l’apprend souvent à ses dépens.
Il y a pourtant un fait que nous avons tous pu constater: la toute grande forme dure peu de temps. Et cela me rappelle encore une fois ce que Jef Van Riel me disait un jour: actuellement il faut jouer par équipes, et dans des colombiers où la forme vient à des périodes différentes. Cela tient à si peu de choses comme par exemple son exposition.
Quand j’avais mes deux colombiers de voyage, dont l’un était orienté vers le sud et l’autre vers l’est, j’ai constaté que les premiers dimanches presque tous mes enlogés du premier colombier arrivaient avant ceux du colombier orienté vers l’est. En plein été s’etait le contraire, et cela malgré des soins identiques pour les deux équipes. C’était là, incontestablement une question de chaleur. En début de saison le soleil ne monte pas si haut, et les heures de chaleur solaire se concentrent de 11 à 15 heures. Il fait manifestement plus chaud dans un colombier orienté vers le sud que dans celui orienté vers l’est – et cela joue surtout en début de saison.

Débutant:
A ce sujet je me rappelle ce que tu m’as dit un jour au sujet du colombier Havenith.

Victor:
Oui, tu ne l’as pas oublié, tu es un bon élève! Et tu sais donc que Gust De Feyter, le manager du colombier Havenith, et qui avait un beau pourcent sur les bénéfices de jeu, se plaignait toujours du fait qu’au mois de juillet ses gains étaient insignifiants. En mai et juin c’était la toute grande forme avec les prix de tête à la filée.

Débutant:
Parce que son colombier à Hoboken donnait en plein sud, et que, au mois de juillet, malgré les grandes chaleurs, la forme baissait. Les résultats le prouvaient. Mais je crois qu’il y a un autre facteur: au mois de juillet les colombiers, moins chauds en début de saison, voyaient la forme des pigeons monter avec la chaleur. Et puisque la grande forme a une durée limitée, les pigeons qui l’ont connue tôt, n’en jouissent plus quand la saison est avancée. La chose n’est pas si simple. Avoir une bonne forme, qui dure longtemps, pose des problèmes, « que le colombophile doit résoudre avec beaucoup d’intelligence »… et chacun dans son propre colombier, car il n’y a pas de règles strictes et identiques qui s’appliquent à tous les colombiers.

Victor:
En effet. Et il s’agit encore de savoir à quelle époque on désire avoir cette grande forme chez ses pigeons. Parlons de feu Pol Bostijn, le crack de Moorslede. Pour lui seulement 3 ou 4 concours de grand fond comptaient – et ceux-ci se jouent au mois de juillet. Pol, qui était un fin colombophile, n’avait qu’un but en tête: retarder le plus longtemps possible la grande forme des pigeons qu’il mettait sur ces concours. Et à ce sujet je veux te relater deux faits très intéressants:
1. Avant la seconde guerre mondiale je rendis visite aux colombiers Devillé, à Uccle. Ses résultats étaient mirobolants en début de saison. Il avait d’excellents pigeons, car il était bon ami du Dr. Bricoux, avec les pigeons duquel il s’était monté un colombier, et quel colombier! Il y avait installé le chauffage central… et ses pigeons connaissaient déjà la grande forme quand les pigeons des concurrents grelottaient de froid! En été, et malgré ses bons pigeons, Devillé baissait pavillon!

Débutant:
Ce ne fut pas très intelligent de sa part. Pourquoi n’avoir pas retardé la forme chez une partie de ses pigeons pour pouvoir les jouer en plein été?

Victor:
Parce que cela dure parfois longtemps avant de constater une bévue! Mais un fait est certain: son chauffage central était excellent en début de saison. Et puisque nous croyons que la grande forme ne peut durer, il est évident que le colombier Devillé ne pouvait échapper à la règle.
2. Je me rappellerai toujours les résultats d’un certain Hermann Tiedemann, de Kiel (Allemagne). C’était au début des années ’70. Une dizaine de prix dans les 20 premiers parmi plusieurs milliers de pigeons! De quoi faire rêver!
Nous étions la mi-juin, et je me mis en route pour Kiel où je fis la connaissance de cet homme ‘exceptionnel, un vrai « chercheur par pur amour de la connaissance », ce qui est assez rare de nos temps.
Il me reçut de façon charmante. On parla pigeons dans une place de sa maison dont la grande baie donnait face au colombier de jardin.
Comme je m’étonnais de ses succès « anormaux », il m’invita à venir voir au colombier le « secret » de ses succès.
Voilà, dit-il, et il me désigna un fil électrique branché dans la prise et qui disparaissait sous le plancher de son colombier. Et sentez avec votre main cette chaleur qui se dégage de ce plancher, dit-il encore, et regardez ce thermostat placé 20 cm au-dessus du plancher; c’est lui qui règle la température. Voilà tout mon secret, c’est une petite invention assez simple: j’ai fait fabriquer un tapis chauffant, de 2.000 Watt, je l’ai placé sur un isolant (de l’isimo), et là dessus j’ai mis le plancher en bois. J’ai des bons pigeons, sans doute… mais il y a tout de même encore « autre chose » en colombophilie que des bons pigeons pour avoir du succès! Il y a surtout le colombier; ce même colombier où j’étais, avant mon installation, un colombophile comme les autres, m’a catapulté vers le sommet.



Débutant:
Et ses succès ont-ils duré toute une saison?

Victor:
Au moment de ma visite tout allait encore très bien, mais je remarquai que, pour des veufs, la mue était en avance. Et, sans oser le dire, je m’attendais à un effondrement de la forme. Ce qui arriva, en effet, avec la perte de plusieurs bons pigeons aux concours de fond. Et pourtant Tiedemann était sur le bon chemin – mais je crois sincèrement qu’il ignorait qu’une si grande forme ne pouvait pas durer, et que ses pigeons devraient en subir le contre-coup. Ce qui arriva, malheureusement.

Débutant:
Et que conclure de tout cela?

Victor:
Si tu n’oublies pas ce que nous venons de dire tu pourras agir avec intelligence dans ton colombier. Il faudra surtout bien te convaincre qu’un colombier sec est indispensable, non seulement pour avoir ses pigeons en forme, mais aussi pour les avoir simplement en bonne santé. L’humidité handicape les muqueuses, donc la santé. Le froid augmente la déperdition des calories, donc de la forme. La chaleur accentue la forme, mais peut également en écourter la durée.
Le manque d’oxygène est le plus grand ennemi de la santé, donc il faut beaucoup d’air et peu de pigeons par colombier.
La meilleure solution trouvée jusqu’à présent est encore, à mon avis, la plaque chauffante. Elle ne réchauffe pour ainsi dire pas, avec ses 175 Watt, mais rend l’air sec, et permet de bien aérer le colombier – surtout la nuit. Les résultats prouvent son efficacité lorsqu’il s’agit de faire monter la forme et de la faire durer. C’est là le but à poursuivre.

Noël De Scheemaecker


Notices:

colombier Huyskens Van Riel

  • L’idéal serait de pouvoir disposer de deux équipes de pigeons logés dans des colombiers où la forme vient à des périodes différentes. Un colombier orienté vers le sud, l’autre vers l’est. Le célèbre tandem Huyskens-Van Riel l’avait bien compris et il avait construit ses nouvelles installations en fonction de ce principe.
  • Le chauffage peut être bon si seulement on procède avec beaucoup d’intelligence.
  • Un joueur de fond doit retarder le plus longtemps possible la grande forme de ses pigeons.
  • Un colombier sec est indispensable, non seulement pour avoir les pigeons en forme, mais aussi pour les avoir simplement en bonne santé. C’est la raison pour laquelle la plaque chauffante est pour beaucoup de colombiers une solution idéale.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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ping gauche - pigeon - colombophilieLa situation du colombier des pigeons dans le rayon de jeu