Pigeon voyageur chaleur secheresse et chauffage au colombier
9 novembre 2025 Par admin

Pigeon voyageur : chaleur, sécheresse et chauffage au colombier

Pigeon voyageur chaleur secheresse et chauffage au colombier

Débutant :
En fouillant dans mes archives, mon attention fut attirée par un vieux numéro du journal De Duif datant de 1973. Par curiosité, je l’ai ouvert et j’y ai découvert un article très intéressant du célèbre chroniqueur hollandais Arie Van den Hoek. Voici textuellement ce qu’il écrivait :

« Je l’ai déjà mentionné il y a quelque temps : j’hésitais toujours à prolonger une conduite de mon chauffage central jusqu’à mon colombier du jardin. Aujourd’hui, je crois que je vais le faire. Car les pigeons aiment un colombier sec, et dans certaines circonstances, un peu de chaleur. Ce n’est pas sans raison qu’on constate la plus grande forme lors des étés secs — et surtout lors des étés secs et chauds !
Ce sont ces vérités-là qui nous permettent d’utiliser intelligemment le chauffage dans un colombier, à condition d’en faire bon usage.
J’en conviens, comme beaucoup de colombophiles, que des colombiers chauffés peuvent être néfastes. Certains mouvements d’air peuvent faire du tort, et une source de chaleur intérieure peut s’avérer nuisible, alors qu’une chaleur extérieure peut être bénéfique.
Mais on ne peut nier que le pigeon aime la sécheresse et la chaleur. Tout dépend de la manière dont on procède. On peut améliorer les résultats… ou compromettre le succès !
J’ai demandé à Dick Postma — grand champion du nord de la Hollande — quelle était son expérience à ce sujet. Voici ce qu’il m’a répondu :
“Par temps sec, je n’allume jamais de lampe, ni le jour ni la nuit. Quand il fait froid, humide ou brumeux, j’allume deux lampes de 250 watts dans mes colombiers de veufs. Il n’y fait pas chaud, car l’air peut s’évacuer par les tuiles. Pendant les premières étapes de l’année et au retour des concours, je laisse les lampes allumées une journée entière. Les pigeons récupèrent alors étonnamment vite.” »

Voilà donc l’idée de Dick Postma. J’ai également reçu une lettre de Jacques Tournier, un champion belge de longue date, qui m’écrivait :

« Le chauffage peut être bénéfique, à condition d’être utilisé avec beaucoup d’intelligence ! »

Et voilà, cher maître, ce que j’ai lu à ce sujet. Quelle est maintenant ton expérience ?


Victor :
Tout ce que tu viens de citer de l’article de Van den Hoek est parfaitement exact. En réalité, cela revient à une seule chose : ne pas faire de bêtises. C’est essentiel en colombophilie.

Jef Van Riel me disait un jour que, dans ce sport où l’on finit toujours par commettre des erreurs, la différence entre les colombophiles réside dans la rapidité avec laquelle ils s’en aperçoivent. Les champions font partie de ceux qui détectent leurs fautes les premiers.

Parlons un peu maintenant de ce que j’ai moi-même constaté concernant la qualité d’un colombier, en lien avec la sécheresse et la chaleur. En colombophilie, “agir avec intelligence” est souvent synonyme “d’expérience”. Et cette expérience, on l’acquiert souvent… à ses dépens.

Il y a pourtant un fait évident : la très grande forme ne dure jamais longtemps. Jef Van Riel me disait encore : “Aujourd’hui, il faut jouer par équipes et disposer de colombiers où la forme arrive à des moments différents.”

Lorsque je possédais deux colombiers de voyage, l’un orienté vers le sud et l’autre vers l’est, j’ai remarqué que, lors des premiers concours de la saison, les pigeons du colombier exposé au sud arrivaient toujours avant ceux du colombier orienté à l’est. En plein été, c’était l’inverse — et pourtant, les soins étaient identiques. La différence venait clairement de la chaleur.

En début de saison, le soleil ne monte pas haut : les heures les plus chaudes se situent entre 11h et 15h, et un colombier exposé plein sud se réchauffe plus vite qu’un autre orienté à l’est. Cela joue énormément sur la forme.


Débutant :
À ce sujet, je me rappelle ce que tu m’as dit un jour sur le colombier Havenith.

Victor :
Oui, tu as bonne mémoire ! Gust De Feyter, le manager du colombier Havenith, qui touchait un pourcentage sur les bénéfices, se plaignait souvent qu’au mois de juillet, ses gains devenaient insignifiants. En mai et juin, c’était la grande forme, les prix de tête s’enchaînaient.

Débutant :
C’est parce que son colombier, à Hoboken, donnait plein sud. En juillet, malgré la chaleur, la forme baissait. Mais je pense qu’il y a un autre facteur : les colombiers plus frais au printemps voient souvent leur forme monter en été. Et puisque la grande forme a une durée limitée, ceux qui l’ont trop tôt ne peuvent plus en profiter en fin de saison. Avoir une forme durable, c’est un véritable défi, que le colombophile doit résoudre avec “beaucoup d’intelligence” — chacun selon son propre colombier, car il n’existe pas de règles universelles.

Victor :
Exactement. Et il faut savoir à quel moment on veut que la grande forme apparaisse.
Prenons l’exemple de feu Pol Bostijn, le crack de Moorslede. Pour lui, seuls trois ou quatre concours de grand fond comptaient, ceux du mois de juillet. Il faisait donc tout pour retarder la forme de ses pigeons.

Je me souviens de deux cas intéressants :

  1. Avant la Seconde Guerre mondiale, j’ai visité le colombier Devillé à Uccle. Ses résultats étaient spectaculaires en début de saison. Il possédait d’excellents pigeons, issus du Dr. Bricoux, et avait installé un chauffage central. Résultat : ses pigeons étaient en grande forme alors que ceux des autres grelottaient encore ! Mais en été, malgré la qualité de ses oiseaux, Devillé voyait sa forme chuter.

  2. Dans les années 1970, un certain Hermann Tiedemann, de Kiel (Allemagne), remportait dix prix dans les vingt premiers parmi plusieurs milliers de pigeons ! Intrigué, je suis allé le voir. Il me montra son secret : un plancher chauffant de 2 000 watts réglé par thermostat. Il me dit :

    “J’ai de bons pigeons, bien sûr, mais il faut aussi un bon colombier pour réussir !”

Ses pigeons étaient magnifiques, mais la mue des veufs était déjà en avance… et comme je le craignais, la forme s’effondra ensuite. Il avait compris beaucoup de choses, mais ignorait qu’une forme trop forte, trop tôt, finit toujours par s’épuiser.


Débutant :
Et que faut-il retenir de tout cela ?

Victor :
Souviens-toi bien de ceci :

  • Un colombier sec est indispensable — non seulement pour la forme, mais aussi pour la santé.

  • L’humidité affaiblit les muqueuses et favorise les maladies.

  • Le froid épuise les pigeons et fait chuter la forme.

  • La chaleur stimule la forme, mais en raccourcit la durée.

  • Le manque d’oxygène est le pire ennemi de la santé : il faut donc beaucoup d’air… et peu de pigeons par colombier.

À mon avis, la meilleure solution reste la plaque chauffante. Avec ses 175 watts, elle ne réchauffe pas vraiment, mais elle assèche l’air et permet une bonne aération, surtout la nuit. Les résultats montrent son efficacité pour faire monter la forme et la prolonger. C’est là tout le but à poursuivre.

— Noël De Scheemaecker


Notices importantes :

  • Idéalement, posséder deux équipes logées dans des colombiers où la forme arrive à des périodes différentes (orientation sud et est).

  • Le chauffage peut être bénéfique à condition d’être utilisé intelligemment.

  • Un joueur de fond doit retarder la forme de ses pigeons pour les grands concours d’été.

  • Un colombier sec et bien aéré reste la clé de la santé et de la performance durable.


[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

Pour vous abonner au Magazine PIGEON RIT – Cliquez sur le bouton ci-dessous !

pigeon rit banner


ping gauche - pigeon - colombophilieLe colombier expérimental pour pigeons

ping gauche - pigeon - colombophilieLa situation du colombier des pigeons dans le rayon de jeu