9 mars 2022 Par admin

La fonction rénale chez le pigeon

Les 2 reins chez le pigeon sont de petits organes rose-rouge situés dans une cavité osseuse sous la partie postérieure du dos. Cela n’a rien à voir avec ce qu’on appelle le “rein” d’un pigeon, qui est l’attache entre le dos et la queue. Chaque rein a 3 lobes mesurant chacun environ, 15 à 20 mm, de forme légèrement aplatie. Le rein est constitué de corpuscules et de vaisseaux sanguins qui lui permettent de filtrer le sang de façon tout à fait extraordinaire.
En effet, au niveau des reins, le sang perd ses déchets et conserve les éléments utiles, en premier lieu l’eau, et aussi le glucose, les ions métalliques (oligo-éléments et autres tel que le chlorure de sodium). Il y a d’abord filtration “diluée” des déchets puis l’eau prise en excès est réintroduite dans le système circulatoire au niveau des caneaux excréteurs. Si bien qu’au niveau du cloaque, l’urine sera relativement peu riche en eau (la partie blanche de la fiente).Les pigeons ont donc la faculté de faire varier le volume et la concentration de leur urine beaucoup plus que les mammifères par exemple.
L’urine contient du mucus substrat des urates et de l’acide urique, des minéraux et un peu d’urée. Il est inutile, je pense, d’insister d’abord sur le rôle essentiel de l’appareil rénal chez le pigeon de sport. Tous les amateurs parlent de “dépuratif”, de purifier le sang etc. Lorsque le pigeon rentre de concours, il a, de par son travail de vol, produit un certain nombre de composés chimiques.

Au cours du vol de retour, le pigeon a non seulement utilisé, donc dégradé, du glycogène (d’origine carbonée mais surtout d’origine graisseuse) mais encore des protéines (il a “mangé” ses muscles). Ces dégradations, qui ont produit de l’énergie musculaire, ont produit bon nombre de déchets: de l’eau, du gaz carbonique (éliminé par l’appareil respiratoire), du soufre, de l’azote (urée et parents chimiques), des bases puriques (qui donnent une forte odeur aux fientes), de la créatine et de la créatinine. Et tout ceci, chez des pigeons parfaitement normaux. On conçoit donc que l’appareil rénal du pigeon, soumis souvent à ce travail d’épuration sanguine intense, soit un des plus exposés de tout l’organisme. L’expérience médicale montre en effet que tous les pigeons ayant beaucoup voyagé ont un appareil urinaire en mauvais état et certains doivent à cela de perdre brutalement toute valeur sportive (mauvais état général chronique quoi que fasse l’amateur) quand ce n’est pas la néphrite aiguë avec essoufflement, mollesse et mort dans les 24h.
Comme les reins éliminent aussi l’eau en excès, il est bon que l’amateur évalue l’origine de cette eau dans les fientes. En effet, l’eau évacuée par le cloaque et l’anus peut avoir deux origines; l’une c’est le rein, ce qui équivaut à l’urine des mammifères. C’est l’eau absorbée au niveau de l’intestin, passée dans le sang et évacuée – la partie en excès -par l’appareil urinaire. C’est l’eau de la soif intense absorbée “nerveusement” en excès et dont la fraction en trop est très vite éliminée. C’est aussi l’eau des inflammations des premières voies digestives, en particulier du jabot, signant l’absorption excessive de sel – ou d’engrais minéraux -l’inflammation par la trichomonose, la candidose, la mycoplasmose etc. Par contre lorsque la paroi intestinale est en mauvais état (coccidiose-vers-paratyphose- microbismes ou viroses enflammant l’intestin) elle filtre mal la ration, y compris l’eau. On a donc amaigrissement (les aliments sont eux aussi mal absorbés) et émission d’une diarrhée homogène, en “bouse de vache”, tout à fait différente de celle de l’excès d’eau urinaire, qui apparaît “en flaque d’eau avec un boudin au milieu”. En fait ce “boudin” est la partie – de consistance normale -d’origine intestinale.

La diarrhée type de la mauvaise absorption intestinale est celle de la coccidiose des pigeonneaux de 10 – 12 jours atteints de coccidiose: diarrhée intense avec fort amaigrissement, tristesse, mauvais plumage naissant. Par contre, ceux dont les parents mangent trop de minéraux salés ont une diarrhée liquide, toute en eau, et ne maigrissent pas. Comment protéger, voire réparer ces reins? De par leur fonction même, ils sont exposés aux divers microbismes, en particulier la paratyphose, beaucoup plus rarement la leucose. Ils sont surtout exposés aux intoxications. Avec le foie, ils sont les filtres et les défenseurs de l’organisme. C’est dire que ce sont eux qui souffrent dans les intoxications par le sel, les engrais, les excès médicamenteux, les excès alimentaires. Signalons à ce sujet, la goutte articulaire apparaissant dans les colonies où on abuse des légumineuses. Les reins, submergés des déchets azotés (urée – urates) de la digestion de ces protéines (dont les graines légumineuses sont très riches), sont envahis, ainsi que les articulations de cristaux d’urates. Cela finit par ressembler à de la paratyphose (faux mal d’aile) et n’est que du ressort d’un régime sans légumineuses assorti d’une cure de dépuratif prolongée. Sans tomber dans ces excès, l’utilisation des légumineuses pour “faire du muscle” et “durcir les pigeons”, n’en laisse pas moins une certaine quantité de déchets azotés. D’où l’utilisation de différents dépuratifs, les uns minéraux tels que le bicarbonate de soude, les sulfates de soude et de magnésie, les autres d’origine végétale (boldo – ortie blanche – tanaisie – reine des prés etc. etc.). Tout cela est très bien, à condition de rester rationnel. Quand on emploie les 4 sels, c’est à petite dose (2 g. par litre environ) et non par cuiller à soupe. De même pour les thés qui eux ont l’avantage d’apporter leurs principes actifs à dose discrète. Et si besoin est, sachez qu’il vaut beaucoup mieux prolonger la cure que de forcer la dose.

Dr. Vét. J.P. Stosskopf

Notice:

L’expérience médicale montre en effet que tous les pigeons ayant beaucoup voyagé ont un appareil urinaire en mauvais état et certains doivent à cela de perdre brutalement toute valeur sportive quand ce n’est pas la néphrite aiguë avec soufflement, mollesse et mort dans les 24h.

[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]