L’Infection par Streptococcus Bovis – pigeon voyageur
Nous avons constaté dans certaines colonies des pigeons de la mortalité embryonnaire. Ces œufs noirs font souvent penser à la paratyphose et de nombreux amateurs inquiets prennent souvent l’initiative de traiter contre la paratyphose. Ces traitements sont tout à fait inefficaces car le Streptococcus bovis n’est pas sensible aux antibiotiques couramment utilisés pour le traitement des salmonelles. Les meilleurs résultats sont obtenus avec l’ampicilline et l’amoxicilline.
Les streptocoques sont souvent considérés comme des agents infectieux secondaires, beaucoup d’auteurs considèrent qu’ils font partie des flores intestinales et pharyngées normales de la plupart des oiseaux.
Cependant, en 1990, le Dr. Devrieze, du service de bactériologie de l’Université de Gand, a identifié Streptococcus bovis comme un agent infectieux pouvant être responsable de septicémie chez le pigeon.
Ces travaux ont été complétés par deux thèses de Doctorat (De Herdt et Vanrobeys).
Streptococcus bovis, une bactérie courante:
Quarante pour-cent des pigeons cliniquement sains sont porteurs de ce streptocoque au niveau du tractus digestif et cette bactérie peut être mise en évidence dans les fientes récoltées dans 80 % des colombiers.
La bactérie est retrouvée au niveau des organes internes chez 10 % des pigeons autopsiés.
L’utilisation d’antisérums mono spécifiques produits sur lapins a permis de classer les souches en 5 sérotypes (1 à 5). Des différences de virulence existent entre ces 5 types, les types 1 et 2 étant les plus pathogènes. Les pigeons porteurs ne développent pas habituellement la maladie.
Il existe certainement des interactions entre Steptococcus bovis et d’autres agents pathogènes du pigeon.
Les signes cliniques graves de la maladie:
L’apparition de brusques mortalités aussi bien chez les pigeons adultes que chez les jeunes au nid, associées à des fientes muqueuses, verdâtres, prenant parfois un aspect mousseux, est un des symptômes le plus marquant. De la polyurie (émission abondante d’urine), de l’inappétence, des râles respiratoires et un abdomen distendu sont également observés. Certains pigeons présentent de la boiterie, d’autres des difficultés de vol. A la palpation, il est parfois possible de détecter une zone indurée dans les muscles pectoraux superficiels. Les pigeons morts de la maladie présentent des lésions macroscopiques de septicémie avec atteinte des reins, du foie, de la rate et du cœur.
Chez certains pigeons une ou des zones de nécrose focale au sein d’un ou des deux muscles pectoraux est observée ainsi que de l’inflammation du tendon du muscle pectoral profond.
Ceci explique pourquoi la maladie est appelée par les colombophiles maladie des ailes et des muscles.
Nos observations cliniques:
Cette description correspond à la forme grave et aiguë de la maladie mais nous avons également constaté dans certaines colonies de la mortalité embryonnaire. Ces oeufs noirs font souvent penser à la paratyphose et de nombreux amateurs inquiets prennent souvent l’initiative de traiter contre la paratyphose. Ces traitements sont tout à fait inefficaces car le Streptococcus bovis n’est pas sensible aux antibiotiques couramment utilisés pour le traitement des salmonelles. Les meilleurs résultats sont obtenus avec l’ampicilline et l’amoxicilline. Mais notre expérience clinique complétée par des examens de laboratoire approfondis nous a permis de constater que le streptocoque bovis est surtout une des premières causes de méforme chez nos voyageurs.
Les entraînements sont médiocres, les vieux pigeons ne remportent que de petits prix et les pertes de jeunes sont élevées. Nous émettons l’hypothèse que les pigeons souffrent de courbatures en présentant une forme plus chronique de la maladie. Dans une telle situation la tentation est grande pour l’amateur de traiter les pigeons. Des cures aveugles avec des antibiotiques inappropriés sont effectuées et ne font qu’aggraver la situation. En effet, l’administration répétée d’antibiotiques inactifs contre les streptocoques bovis détruit l’équilibre de la population microbienne et par conséquent favorise leur prolifération.
Les facteurs favorisant l’infection:
Ces facteurs sont mal connus. Beaucoup pensent que les pigeonniers où l’hygiène est grande sont moins touchés. Il est certain que dans de tels colombiers la propagation de la maladie est réduite. Nous avons constaté que les femelles sont plus sensibles à la maladie et que les périodes de ponte et de couvaison sont critiques.
Les moyens de lutte:
Une fois le diagnostic posé nous avons remarqué que l’administration d’amoxicilline pendant 7 jours consécutifs améliore nettement la situation. Malheureusement, dans de nombreux cas cette amélioration n’est que passagère, deux ou trois semaines au plus.
Afin d’éviter la répétition des traitements antibiotiques qui ont d’autres côtés négatifs nous préférons agir en renforçant le « terrain». Comme le disait Claude Bernard (1813-1878) (médecin, Professeur au Collège de France et membre de l’Académie Française, auteur de nombreux travaux de recherche et titulaire de multiples distinctions et prix scientifiques) «le microbe n’est rien c’est le terrain qui est tout». Afin d’augmenter la résistance des pigeons nous travaillons à deux niveaux: la résistance humorale et l’hygiène du système digestif car la santé ne consiste pas seulement en une absence de maladie mais également dans un état de bienêtre physique. C’est ainsi que nous avons procédé avec succès à la vaccination de plusieurs colonies au moyen d’autovaccins et grâce à l’administration de conditionneurs intestinaux à base de plantes nous avons pu diminuer les problèmes liés aux infections par les streptocoques bovis. Un diagnostic juste, une observation rigoureuse et une meilleure connaissance des processus qui régissent le fonctionnement biologique du pigeon nous permettent de garantir à nos voiliers un meilleur état d’équilibre dans son milieu naturel. Telle est notre philosophie de travail.
[ Source: Article édité par Ing. J.P.Duchatel et Vét. F. Vandersanden – Revue PIGEON RIT ]
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