Pigeonneaux : secrets, entraînement et préparation pour briller dans les concours nationaux

En Belgique et aux Pays-Bas, les concours pour pigeonneaux connaissent une popularité remarquable. Un grand nombre de colombophiles s’adonnent avec enthousiasme à ce type de compétition.
Chez nous, cinq concours nationaux pour pigeonneaux sont organisés tous les quinze jours, du début du mois d’août jusqu’à la fin septembre. Le programme se présente généralement ainsi :
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03/08 : Bourges (450 km*)
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17/08 : Argenton (520 km*)
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31/08 : La Souterraine (550 km*)
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14/09 : La Souterraine (bis)
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28/09 : Brive (650 km*)
*Distances calculées depuis Bruxelles.
Un concours comme celui de Brive, organisé depuis 1988, illustre parfaitement l’importance des épreuves de fond pour pigeonneaux. Dans de nombreuses régions, des concours intermédiaires de 400 à 500 km sont également proposés entre les différents nationaux.
Comparaison avec l’Allemagne
En Allemagne, le jeu avec les pigeonneaux est nettement moins populaire. Les premiers concours pour jeunes ont lieu début août, une fois la saison des vieux pigeons terminée. Le programme comprend généralement 5 à 6 concours de 100 à 250 km, et dans certaines régions, un concours de 400 km figure désormais au calendrier.
On peut se demander pourquoi les concours pour pigeonneaux rencontrent un tel succès en Belgique. Certains colombophiles affirment que les chances y sont à peu près égales pour tous, mais ce n’est pas tout à fait exact : bien souvent, ce sont toujours les mêmes colombiers qui occupent les premières places.
Il est vrai qu’il est plus facile de se classer avec des pigeonneaux, car la sélection n’est pas encore définitive et les séries de prix s’étendent sur une plus longue durée.
Une question de mentalité
La popularité des concours de pigeonneaux reflète peut-être notre époque : beaucoup de colombophiles manquent de patience et ne veulent plus attendre le développement complet de leurs jeunes.
Dans cette catégorie, le nombre de participants est plus élevé et certaines régions proposent des mises attractives.
De plus, certains amateurs dont les vieux pigeons ne performent plus aussi bien reportent tous leurs espoirs sur la jeune génération et cessent prématurément de jouer les anciens.
L’importance du logement
Pour obtenir de bons résultats avec les jeunes, il est essentiel qu’ils soient logés dans un pigeonnier sain et équilibré, où ils se sentent bien.
Cela inclut une bonne aération, une lumière suffisante et une isolation adéquate — autant d’éléments sur lesquels nous reviendrons plus en détail ultérieurement.
Concentrons-nous ici sur l’agencement intérieur.
Chaque pigeonneau doit disposer de sa propre place : planchette ou case individuelle. De même, il faut veiller à ce que chaque oiseau ait un accès suffisant à la mangeoire, pour éviter que certains ne soient lésés.
Ces deux points, bien que simples, sont souvent négligés. L’excuse la plus fréquente est : « Il y aura bien quelques pertes dans les semaines à venir. »
Mais cette négligence empêche souvent les jeunes de se sentir à l’aise dans le pigeonnier.
Aménagement intérieur conseillé
Nous recommandons l’utilisation de cases carrées d’environ 30 cm x 30 cm.
Sur un mur de 2 m x 1,5 m, on peut loger environ 35 pigeonneaux.
Ce système présente plusieurs avantages :
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les pigeons restent propres,
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chacun dispose d’un espace protégé,
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les fientes tombent derrière les cases,
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chaque jeune peut défendre son territoire.
L’encombrement étant réduit, il reste possible d’ajouter des casiers classiques.
L’idéal est de disposer deux pigeonniers séparés pour la première et la deuxième tournée, reliés par une porte coulissante.
Sevrer les deux premières tournées ensemble présente en effet plusieurs inconvénients, notamment pour l’alimentation et les volées.
Les jeunes de la première tournée peuvent déjà être rationnés lorsque ceux de la deuxième viennent d’être sevrés et ont besoin de manger à volonté.
De plus, en lâchant les deux groupes ensemble, on risque non seulement de perdre des jeunes de la deuxième tournée, mais aussi de raccourcir la durée de vol des plus anciens, tentés de se poser plus tôt.
Vaccinations et dressage
Nous conseillons de vacciner contre la paramyxovirose les premiers jeunes quelques semaines avant les enlogements, et les autres dès l’âge de 6 semaines.
Pour les poquettes, le meilleur moment pour vacciner les précoces se situe au mois d’avril, et pour les autres entre 6 et 8 semaines.
Il est capital d’apprendre aux jeunes à rentrer rapidement au pigeonnier : quelques secondes perdues peuvent coûter un premier prix.
Nous avouons toutefois ne pas exceller dans ce domaine : nos jeunes perdent facilement une ou deux minutes à tournoyer avant d’entrer.
Cette année, nous prévoyons d’installer une grande planche d’atterrissage devant le spoetnik pour que tous puissent se poser simultanément, tout en condamnant le toit afin d’éviter qu’ils ne s’y posent.
En manipulant régulièrement les pigeonneaux et en évitant les gestes brusques, nous espérons réduire ces pertes de temps lors des retours de concours.
La question de la porte coulissante
Depuis quelques années, la fameuse porte coulissante entre les deux colombiers de jeunes fait débat.
Lorsque les pigeonneaux de la deuxième tournée volent aussi bien que les premiers, on peut ouvrir la porte et séparer les sexes.
Cela permet de réunir les mâles et les femelles juste avant l’enlogement, pratique souvent utilisée pour motiver les jeunes lors des nationaux.
Certains amateurs font même jouer leurs jeunes sur le nid, en les enlogeant d’abord sur des œufs d’une dizaine de jours, puis sur un jeune de 7 à 8 jours.
Beaucoup jugent cette méthode dépassée, surtout depuis l’apparition des préparations à base de cortisone, utilisées notamment en Flandre.
Ces produits permettent aux jeunes de participer à plusieurs concours sans être gênés par la mue.
Cortisone et performance : un débat toujours ouvert
Les avantages et inconvénients de ces préparations ont été largement décrits par le Dr Stosskopf.
Le plus regrettable est que nombre de colombophiles se sentent battus d’avance sans en faire usage.
Pourtant, il reste tout à fait possible d’obtenir d’excellents résultats sans cortisone.
Les utilisateurs de ces préparations sont souvent des spécialistes des jeunes, très attentifs et réguliers.
Mais rappelons que les concours de pigeons sont avant tout des concours d’orientation, non de vitesse pure : le pigeon qui suit la trajectoire la plus directe remporte souvent un prix de tête, qu’il soit dopé ou non.
Exemple d’une réussite naturelle
Prenons l’exemple de la jeune femelle de Marc Roosens de Leernes, fille de son as-pigeon national de demi-fond 1990.
En juin et juillet, elle participa à plusieurs concours de vitesse sans résultat notable, car elle muait ses petites plumes.
Engagée à Bourges, sans position particulière, elle remporta pourtant le 13e prix sur 481 pigeons.
Toujours célibataire, elle se classa ensuite à Argenton et La Souterraine.
À Brive, sans position de nid, elle remporta le 1er prix local et la 509e place nationale sur 9.418 pigeons — cinq classements consécutifs dans les 10 %.
Son secret ?
Elle ne s’accoupla que tardivement et avait déjà mué avant Bourges, ce qui explique sa constance.
Cet exemple prouve qu’il est encore possible de jouer sans cortisone, en gérant intelligemment la motivation et la mue naturelle.
Conclusion
Pour notre part, nous préférons limiter la participation de chaque jeune à deux concours nationaux, sans utilisation de « gouttes ».
Ils auront tout le temps, comme yearlings puis comme vieux, de confirmer leur valeur.
La patience et la gestion naturelle demeurent, selon nous, les clés d’un colombier performant et durable.
[ Source: Article édité par M. Patrick Philippens – Revue PIGEON RIT ]
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