Le courrier des lecteurs n°15– pigeon voyageur
Question :
Un amateur de Petite-Forêt possède un vieux mâle de 7 ans, excellent pigeon voyageur, avec plusieurs premiers prix à son actif. Âgé de quatre ans, il a été placé à l’élevage. Depuis sa jeunesse, il n’a jamais eu la fente palatine ouverte.
L’année dernière, Jacques a obtenu de ce pigeon deux superbes mâles issus de la même couvée : l’un, bleu macot comme le père, et l’autre, noir macot comme la mère.
Le noir macot a toujours eu la fente palatine ouverte et a remporté plusieurs prix de tête chez les jeunes. Son frère de nid, le bleu macot, n’a remporté qu’un seul prix sur trois et garde toujours la fente palatine fermée.
Que faut-il faire pour l’ouvrir ?
Notre ami souhaite également savoir pourquoi certains de ses voyageurs blancs ont les grandes plumes qui ondulent.
Réponse :
La fente palatine se ferme sous l’effet d’une inflammation. Celle-ci peut être provoquée par diverses causes telles que la trichomonose, les microbismes ou la mycoplasmose. Cette inflammation gêne la respiration à l’effort, surtout sur les longues distances et par temps chaud. En aucun cas, il ne s’agit d’un caractère héréditaire.
Les traitements locaux n’ont que peu de valeur. La première chose à faire est d’effectuer un traitement contre la trichomonose dans l’eau de boisson, avec des rappels réguliers toutes les trois semaines (pendant deux à trois jours consécutifs en début de semaine).
Enfin, je rappelle l’importance capitale d’une bonne aération, point que j’ai souvent souligné.
Quant aux plumes ondulées, il s’agit cette fois d’un caractère héréditaire. Les pigeons blancs ont souvent des plumes moins solides, mais tant qu’elles n’entravent pas les performances, il n’y a pas lieu de s’en inquiéter.
Question :
Un colombophile de Tournai a très bien joué jusqu’à la fin juin, puis plus rien. Ses pigeons semblent en bonne santé et le vétérinaire n’a rien constaté, si ce n’est que la fente palatine était gaie et que, après la volée, le bec ne restait pas ouvert.
La seule différence est que les pigeons volaient moins haut lors de leurs entraînements quotidiens.
Le vétérinaire lui a conseillé une cure de Linco-Spectin (contre le coryza), suivie d’Altabactine (antibiotique). Mais tout cela n’a rien changé.
Que faire ?
Réponse :
Les symptômes que vous décrivez correspondent bien à ceux du coryza. Comme je l’ai souvent expliqué : coryza = trichomonose + microbes ou virus.
Ne pouvant agir contre un éventuel herpesvirus, il faut donc traiter la trichomonose et les microbismes. Ces derniers peuvent être variés : staphylocoques, chlamydies (ornithose), colibacilles, klebsielles, mycoplasmes, etc.
Je vous conseille, après un traitement contre la trichomonose, d’essayer plusieurs antibiotiques (Terramycine, Tylosine, Baytril), chacun pendant trois à cinq jours consécutifs.
En complément indispensable, testez l’aération de vos colombiers : un manque d’aération dynamique « fait le lit » du coryza. Même si vous pensez qu’elle est suffisante, vérifiez-la.
Enfin, faites des rappels mensuels (trichomonose + l’antibiotique qui vous aura donné les meilleurs résultats) pendant trois jours consécutifs.
Question :
Jacques Poler de Sevry possède deux colombiers installés dans un grenier bien sec, plus ou moins bien aéré et exposé plein est.
Dans l’un se trouvent les reproducteurs, dans l’autre les pigeonneaux. Il a élevé une tournée de précoces et, début mai, ses reproducteurs étaient toujours accouplés. Le 2 mai, ses jeunes précoces avaient déjà mué 4 à 5 rémiges et les reproducteurs étaient en pleine mue. « On se croirait en plein mois de septembre », écrit-il.
Jacques comptait pourtant sur ses jeunes précoces pour jouer Bourges début août. Ses reproducteurs sont pour la plupart des yearlings ayant très bien voyagé comme jeunes.
Comment expliquer ce phénomène de mue ?
Réponse :
Il est plus que probable que votre colombier de grenier soit beaucoup trop chaud. Y a-t-il une cheminée qui passe à proximité, ou des locaux chauffés en dessous ?
Vérifiez cela en comparant la température extérieure avec celle du colombier. Un simple mouvement d’air d’origine extérieure permettrait de réduire la température : testez-le, par exemple, avec la fumée d’une cigarette.
J’ai déjà rencontré un cas similaire dans un grenier où passait la cheminée d’une chaudière d’hôpital. Le problème a été résolu en augmentant fortement l’aération et en déplaçant le colombier à l’autre extrémité du grenier.
Question :
David Caïllieux de Bray-Dunes pose une question intéressante à propos des lichens.
Il a lu dans le livre Le Pigeon Voyageur du Prof. H. Vindevogel, J.-P. Duchatel et P.-P. Pastoret que les lichens constituent une source d’intoxication spécifique du pigeon.
En dehors de l’intoxication aiguë, pouvant entraîner la mort, les pigeons présenteraient des troubles digestifs, une perte d’envie de voler et seraient incapables de remporter le moindre prix.
Cependant, un laboratoire de botanique et de cryptogamie vasculaire lui a certifié que les lichens ne sont pas toxiques pour les oiseaux. Il semblerait même que beaucoup d’espèces d’oiseaux les utilisent pour construire leur nid.
Que faut-il en penser ?
Réponse :
Je ne pense pas que le lichen soit toxique en lui-même, quelle qu’en soit l’espèce. Ce qui est toxique, c’est le produit cuivré que les lichens absorbent lorsqu’ils poussent sur des toits d’ardoises fixées avec des crochets en cuivre.
Ces cas ont été rapportés dans mon ouvrage Santé et rendement du pigeon (1971) et repris dans mon dernier livre.
Il s’agit d’une intoxication fréquente et spécifique du pigeon, dont le mécanisme reste mystérieux. Les pigeons qui ingèrent ces lichens tombent paralysés, tout en restant lucides au début. Après quelques heures, ils sombrent dans un état de torpeur profonde, deviennent mous et totalement inconscients.
Le lavage du jabot (réalisé avec une petite poire en caoutchouc, en introduisant de l’eau tiède dans l’œsophage puis en pressant le jabot tête en bas) permet de retrouver de nombreux petits grains gris-verts ou noirs, facilement écrasables.
Si ce lavage est pratiqué à temps, suivi de l’administration d’un grain de café dans le bec, neuf pigeons sur dix peuvent être sauvés. Sinon, la mortalité atteint presque 100 %.
Pourquoi les pigeons se mettent-ils soudainement à picorer ces lichens présents depuis longtemps sur les toits ?
Souvent, il s’agit de pigeons restés longtemps enfermés, privés de grit, et relâchés aux beaux jours — ou de femelles de veufs tenues longtemps à la case. Dans d’autres cas, comme il m’est arrivé personnellement, des jeunes pigeons en saison de jeu se sont mis à picorer ces lichens quelques heures avant l’enlogement. Le soir même, catastrophe ! Probablement un comportement d’imitation : un découvre, les autres suivent.
Remède :
Faire vomir le contenu du jabot après avoir introduit dans le bec 3 ou 4 cuillerées à soupe d’eau tiède (à l’aide d’une poire ou d’une seringue). Presser doucement le jabot, pigeon tenu tête en bas.
Donner ensuite un seul grain de café dans le bec, matin et soir, et maintenir le pigeon isolé jusqu’à guérison complète.
Notice :
Le lichen est un végétal complexe formé par l’association d’un champignon et d’une algue vivant en symbiose. Très résistant à la sécheresse, au froid et à la chaleur, il pousse surtout sur la pierre et les toits.
D’après le Dr Stosskopf, le lichen n’est pas toxique en soi, mais il le devient lorsqu’il pousse sur des toits d’ardoises fixées par des crochets de cuivre, lesquels libèrent, sous l’effet de la pluie ou de l’humidité, un produit cuivré absorbé par les lichens.
En cas d’intoxication, il faut faire vomir le contenu du jabot comme décrit ci-dessus, puis administrer un grain de café matin et soir.
[ Source: Article édité par Dr. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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