13 avril 2020 Par admin

Les candidoses: la flore fongique – pigeon voyageur

La flore fongique du tube digestif des pigeons de ville a été étudiée par plusieurs auteurs. Les espèces isolées sont constituées essentiellement par des levures du genre Candida et Rhodotorula, retrouvées principalement au niveau du jabot, du gésier et des fientes. Cryptococcus neoformans est également fréquemment isolé.
Généralement les signes cliniques sont discrets et n’éveillent pas l’attention du vétérinaire.
Cependant des cas d’infestations graves chez la volaille et le pigeon ont été rapportés.
Depuis une vingtaine d’années, les nombreux pigeons participant régulièrement aux compétitions sont traités de manière répétitive au moyen d’antibiotiques dans le but d’améliorer leurs performances.
Dans cet article nous ne discuterons pas de l’efficacité de ces cures, nous nous contentons ici de constater ce fait. Souvent ces traitements sont effectués par les propriétaires sans diagnostic préalable et de manière inadéquate. Les durées de traitement sont souvent trop courtes et les doses inadaptées. De plus, les bactéries visées par ces traitements ont appris à résister à ces antibiotiques. Les traitements sont devenus de plus en plus nombreux et leur efficacité moindre. Or il est important de savoir que les antibiotiques sont non seulement inactifs sur les levures mais de plus favorisent leur développement.
C’est pourquoi il nous a donc paru intéressant d’examiner la flore lévuriforme bucco pharyngée des pigeons voyageurs présentés à notre consultation.
La cavité buccale de cent quarante cinq pigeons provenant de 63 colombiers a été écouvillonnée et les levures recherchées. Vingt-six pigeons provenant de vingt colombiers ont été trouvés porteurs de levures, soit 18% des pigeons examinés et 32% des colombiers testés. Candida albicans et Candida pintolopesii ont été les seules levures retrouvées respectivement dans 10% en 22% des colombiers recherchés. Lorsque dans un colombier plusieurs pigeons ont été trouvés positifs, les levures isolées étaient du même type . Dans deux cas examinés, Candida pintolopesii et Candida albicans ont été respectivement isolés en culture pure et abondante.
Cryptococcus neoformans n’a pas été isolé au cours des examens.
Chaque année de nombreux pigeons voyageurs sont présentés à la consultation pour des mauvaises performances sportives sans signes cliniques et cette étude montre que dans un certain nombre de cas une mycose des appareils digestif et respiratoire supérieurs peut expliquer cette baisse de forme.
Le plus souvent les symptômes ne sont pas assez significatifs pour suggérer le diagnostic. Pourtant pour 10% des pigeons présentés, nous avons observé que la mauvaise condition des oiseaux était due à la présence d’une flore lévuriforme de type Candida albicans trop abondante. Cette baisse de forme peut s’expliquer par la présence d’endotoxines solubles produites par Candida albicans et dont la démonstration de la toxicité pour la souris a été réalisée.
D’autre part on a montré que l’infection expérimentale des souris par Candida albicans est aggravée lorsqu’il y a surinfection par E. coli.
Or les analyses de gorges que nous avons réalisées montrent que beaucoup de pigeons sont porteurs d’E. coli et de candida.
Nous sommes convaincus que l’association de ces deux agents pathogènes chez le pigeon est cause de méforme et de mauvais résultats au concours.
Beaucoup d’auteurs considèrent que la présence de Candida albicans dans le tube digestif des oiseaux et des mammifères est normale. Par contre Candida pintolopesii était considéré comme une levure endosaprophyte du tube digestif des rongeurs, cette étude a montré sa présence dans 22% des colombiers recherchés.
Nos résultats confirment d’ailleurs les examens réalisés sur des pigeons de ville à Lisbonne où Candida pintolopesii a été mis en évidence dans 25% des pigeons examinés.
Le traitement repose sur l’administration de substances antifongiques, cependant les rechutes sont fréquentes et c’est avec des extraits de plantes qui renforcent le “terrain” que nous obtenons les meilleurs résultats.

[ Source: Article édité par Ing. J.P.Duchatel – Revue PIGEON RIT ]