Rapaces et Colombophilie – pigeon
20 avril 2020 Par admin

Rapaces et Colombophilie – pigeon voyageur

Rapaces Et Colombophilie Pigeon Voyageur | Le Coin De La Science

Les colombophiles regardent avec méfiance tous les oiseaux de proies. Pourtant parmi la quinzaine .d’espèces de rapaces diurnes vivant en Europe occidentale, seules trois espèces posent de véritables problèmes aux colombophiles: le faucon pèlerin, l’autour des palombes et dans une moindre mesure l’épervier. Les deux premiers se nourrissent quasiment exclusivement de pigeons et l’on peut légitimement se poser la question: ces oiseaux sont-ils compatibles avec une pratique normale de la colombophilie. Peu, voir pas d’études ont été réalisées afin de déterminer quel était l’impact réel de ces oiseaux sur le dressage et les concours. Quels sont les conseils à donner aux passionnés qui s’acharnent pourtant à jouer à pigeons dans les régions où ces oiseaux de proies sont présents?

1/ Descriptifs des oiseaux

Lorsqu’un pigeon est attrapé par un rapace sous les yeux de l’éleveur, l’identification de l’oiseau responsable du larcin n’est pas toujours facile. S’il est vrai que la plupart des rapaces peuvent attraper des pigeons, trois oiseaux sont responsables de 99 % des actes de prédation: le faucon pèlerin, l’autour de palombes et l’épervier.

Le faucon pèlerin

Le faucon pèlerin est facilement identifiable par la forme de ses ailes en faucille et par sa technique de chasse qui consiste à isoler un pigeon et à l’attraper en plein vol. Il vole nettement plus vite qu’un pigeon et si celui-ci ne trouve pas refuge rapidement dans un arbre ou un buisson, son sort se trouve malheureusement rapidement scellé. Il faut faire attention de ne pas confondre le très jeune faucon pèlerin sors (on appelle “sors” un jeune rapace de moins d’un an avec un plumage de juvénile) avec un faucon crécerelle: en effet celui-ci possède un plumage de crécerelle au commencement de sa vie. La quantité de pigeons avalée par un couple de Pèlerin est assez impressionnante. Selon un spécialiste de ces oiseaux (O. Ratcliffe ), un couple consomme en moyenne 300 pigeons par an. Lorsque l’on rapporte ce nombre à la population de faucon pèlerin, le nombre de pigeons tués devient effrayant: au Royaume Uni, l’effectif est de 2.400 adultes, soit plus de 300.000 pigeons tués. Le nombre de couple est de 9.000 couples en Europe. Certes tous ces pigeons ne sont pas des voyageurs (heureusement!). Mais au-delà de ce décompte macabre, d’autres effets sur le colombophile ne sont jamais pris en compte comme la désorientation, les problèmes d’adduction ou le manque d’entraînement. Nous reviendrons plus tard sur ces problèmes. Il est un autre point à noter quant aux mœurs de ces animaux. Contrairement à ceux que beaucoup de colombophiles croient, ces oiseaux peuvent tuer une dizaine de pigeons en une journée, lorsque ceux-ci sont abondants: il stocke les pigeons tués dans un charnier où il viendra se servir lorsque la chasse aura été mauvaise. Autrement dit, lors des jours de concours, le faucon peut tuer tout au long de la journée, en prévision des jours de semaine où nos protégés ne sont pas présents.

L’autour des palombes

C’est un oiseau commun au niveau européen puisque l’on compte plus de 100.000 couples en Europe de l’ouest. L’autour des palombes est souvent confondu avec la buse. Il faut dire que l’autour sors jeune autour de moins d’un an) possède une taille équivalente à celle d’une buse et un plumage quasiment identique à celui de la buse, qui plus est assez variable d’un individu à l’autre. L’autour ne prendra sa livrée parfaite (ventre blanc rayé de noir) qu’au cours de la deuxième année d’existence. L’autour ou l’épervier ont la même technique de chasse qui consiste à essayer de surprendre le pigeon soit sur le toit du colombier soit lorsque celui-ci vole autour du colombier. S’il rate son coup, il se re-perchera aux alentours du colombier et recommencera son attaque tant qu’il n’aura pas attrapé un pigeon. Le gros problème avec ces oiseaux c’est leur ténacité. Dès qu’ils ont compris où se trouvent les pigeons, ils n’hésitent pas à venir chercher les pigeons dans le colombier ou à vos pieds. C’est aussi leur point faible car ce comportement les rend très vulnérables au piégeage.

L’épervier

Par sa taille réduite (pas plus gros qu’un pigeon), on pourrait croire que cet oiseau est inoffensif. Il n’en est rien. Malgré sa taille, il peut se révéler un redoutable chasseur de pigeon, lui aussi n’hésitant pas à rentrer par le spoutnik en poursuivant un pigeon. Il semblerait que la chasse au pigeon ne soit pourtant l’apanage que de certains individus: certains colombophiles cohabitent avec l’épervier et ne subissent pas d’attaque alors que d’autres subissent des pertes sévères.

2/ Les dégâts causés par ces rapaces

La relation qu’aura le colombophile avec les rapaces dépendra essentiellement de sa présence ou non autour du colombier. Beaucoup de colombophiles acceptent la présence de ces animaux et leur nuisance lorsque celle-ci se déroule à quelques centaines de km du colombier, considérant la prédation comme un des nombreux impondérables accompagnant le retour de nos pigeons, comme les fils électriques, les orages ou les coups de chaleur. Pour ceux qui ont la malchance de vivre au contact de ces oiseaux, ces oiseaux sont perçus comme une véritable calamité, stressant tout autant les pigeons que le colombophile. Même pour ceux qui vivent loin de ces rapaces, je pense qu’il serait important de connaître l’emplacement de l’ensemble des nids de faucon pèlerin aux alentours du lieu de lâcher et sur le chemin du retour. Peu de colombophiles Belges ou du Nord de la France savent qu’aux alentours de Cahors, dans la vallée du Sélé, on trouve un couple de faucon pèlerin tous les 3 km!!! Cette région du Quercy, merveille touristique française est un enfer pour nos pigeons. Pour ceux qui voisinent:
Le premier dégât, celui qui saute aux yeux, est bien sûr celui de la prédation: il manque de temps en temps, ou tous les jours, un pigeon lors de l’entraînement quotidien. Ceux qui considèrent les prédateurs comme les nettoyeurs de la nature, attrapant ceux qui sont faibles ou malades, comprendraient vite que ce n’est là qu’une image d’épinaI. Ces oiseaux attrapent sans aucun problème nos pigeons, pourtant véritables athlètes ailés. Les prises se font au hasard, parfois un très bon, parfois une rosse. Le deuxième dégât, beaucoup plus insidieux, est la modification du comportement des pigeons autour du colombier. Les pigeons s’adaptent à la prédation en ne volant presque plus. Il faut pousser les vieux pigeons à l’extérieur du colombier, qui une fois dehors, se mettent à l’abri sous une tôle ou une poutre. Léon Petit dans son traité de colombophilie pratique, disait “on perd trop de bons pigeons par manque d’entraînement”. Ces attaques répétées émoussent le mordant des meilleurs pigeons en leur infligeant un stress. Au bilan, les pigeons sont très mal préparés et les pertes lors des concours atteignent des sommets. Le troisième dégât, finalement le plus terrible, est le stress subit par le colombophile. Sortir ses pigeons avec la peur au ventre de voir partir sous ses yeux son meilleur élément. C’est un élément qui a été très peu abordé lorsque l’on parle rapace, mais qui mériterait d’être pris pourtant en considération. Le stress provoqué est tel, que de nombreux colombophiles préfèrent jeter l’éponge plutôt que de continuer dans ces conditions. Les bergers attaqués par les loups dans les Alpes françaises racontent que les attaques répétées déclenchent chez eux des dépressions nerveuses. Je ne serai pas surpris d’apprendre que des colombophiles sont aussi tombés malades.

3/ Pratique quotidienne de la colombophilie en présence de rapaces

Volée quotidienne

Le premier conseil est bien sûr de limiter les sorties des pigeons. Ne jamais laissé ses pigeons au toit toute la journée. Changer les heures de sorties de vos pigeons, alterner sorties matinales et en soirées. Laisser les pigeons dans le colombier dès le 15 août 1er septembre jusqu’à quelques semaines avant la reprise des concours. La sortie de l’hiver, est de manière paradoxale une période relativement calme. Il faut profiter du mois de mars pour ré-entraîner ses oiseaux après ces mois d’inactivité. L’alimentation des pigeons, qui ne volent pas pendant l’hiver, est particulièrement importante, afin qu’ils n’engraissent pas trop. Les mélanges d’hiver des firmes commerciales font bien l’affaire. La forte proportion d’orge dans ces mélanges limite la prise de nourriture. Tant que les mangeoires ne sont pas vides, c’est que vous avez la main trop lourde!! Contrairement a ce que l’on pourrait penser, ces quelques mois d’inactivité affectent très peu les qualités sportives du pigeon. En quelques semaines d’entraînement, il retrouvera une forme suffisante pour attaquer les concours de vitesse de manière satisfaisante. Ces heures bénies où les pigeons sont à l’abri dans le colombier ne durent qu’un temps. Nos pigeons doivent se ré-entraîner quotidiennement pour pouvoir affronter les concours. Le gros problème que l’on rencontre avec les yearlings et les vieux c’est leur refus de voler autour du colombier, alors que chez les jeunes, la durée des volées est moins perturbée par les attaques de rapaces. Un seul moyen pour lutter contre ce comportement, multiplier les entraînements à 15/25 km. Ne pas hésiter à lâcher les pigeons 2 à 3 fois par semaine. Afin de protéger les oiseaux, certains proposent la pose de sifflets “chinois” sur le dos de nos pigeons . Nous avons essayé ce sifflet pendant une saison. Le résultat est un peu en demi teinte. Tout d’abord pour être efficace, ces sifflets nécessitent que l’oiseau soit en mouvement, et ne protègent donc pas d’une attaque d’autour lorsque les oiseaux sont au toit. Le bruit provoqué par plusieurs sifflets est assez important et semble diminuer les attaques des faucons. Cependant ce bruit dérange aussi votre voisinage et les plaintes des voisins affluent assez rapidement !! De plus ces sifflets tiennent très mal sur le dos des pigeons, et nécessitent de très nombreux réajustements. De nombreux sifflets se détachent d’eux-mêmes et sont définitivement perdus. Tous ces éléments font que ces sifflets peuvent représenter une aide mais ne sont certainement pas la solution miracle. Nous n’avons pas testé la pose d’une reproduction de grand-duc aux alentours du colombier. Certains amateurs semblent avoir eu quelques succès avec cette méthode. On peut cependant se demander quel stress provoque le grand-duc sur les pigeons. Cacher la statue lors des volées représente un surplus de travail non négligeable.

Sevrage

Il faut éviter d’avoir des jeunes qui font leurs premières sorties pendant la période d’élevage des rapaces, soit de fin avril à mi-juin. L’attaque d’un autour sur des jeunes au toit ne connaissant pas les alentours provoque souvent des pertes considérables. Le mieux est de pratiquer l’élevage d’hiver pour avoir le maximum de jeunes au sevrage et à l’adduction pendant le mois de mars et avril. Les tardifs sont déconseillés, puisqu’ils ne peuvent pas voler pendant l’hiver.

Concours

L’idéal serait de pouvoir jouer en mars et avril, puis s’arrêter 6 semaines jusqu’à mi-juin, afin de ne pas offrir nos pigeons aux rapaces qui chassent de manière intensive pendant cette période pour nourrir leur progéniture. Malheureusement, les programmes organisés par les organisations colombophiles ne font pas de pause, et s’arrêter est parfois difficile. La période la plus favorable pour l’organisation de concours en présence de rapaces est comprise entre le 1er juillet et le 15 août. Pendant cette période, deux facteurs se combinent, les rapaces n’ont plus de jeunes au nid, ceux-ci se dispersant sur l’ensemble du territoire et il y a une grande abondance de proies (pigeons ramiers, pigeons de ferme etc).

Moyen de lutte

Malheureusement les rapaces sont protégés par la loi dans toute l’Europe et leur destruction est sévèrement punie. Cependant lorsqu’un autour à élu domicile à votre colombier, il est quasiment obligatoire de faire quelque chose, la meilleure solution consistant, lorsque c’est possible, à un déplacement forcé de cet animal à quelques centaines de km. Les organisations colombophiles européennes devraient faire de lobbying pour modifier les lois … Même si la colombophilie n’a pas le poids de la filière ovine, les éleveurs en France viennent d’obtenir un aménagement de la loi concernant le loup, espèce protégée dont les effectifs sont bien plus faibles que ceux des rapaces qui nous concernent. L’autour n’est vraiment pas un oiseau en voie de disparition (d’ailleurs il n’est pas inscrit sur la liste des oiseaux menacés par la commission européenne de l’environnement, ni dans l’annexe 1 ni dans l’annexe 2 !). L’autorisation de prélèvement uniquement des autours posant des problèmes pour les colombophiles ne poserait certainement aucun problème au niveau de cette espèce.

4/ Conclusion

La pratique de la colombophilie en présence des rapaces cités ne sera jamais facile, et provoquera à coup sûr des épisodes de découragement. Cependant, en appliquant les conseils ci-dessus, on limitera pourtant le stress et on pourra continuer à vivre de belles émotions lors des rentrées de nos protégés.

[ Source: Article édité par Dr. Christophe ARNOULT – Revue PIGEON RIT ]

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