7 novembre 2020 Par admin

Leçons d’une saison sportive écoulée (1) – pigeon voyageur

Débutant:
Tu me dis souvent qu’en colombophilie on connaît encore peu de choses avec certitude. On croit à tout ce que l’on apprend, sans se demander si tout ce que l’on apprend est bien crédible. Et c’est de là sans doute que doivent résulter les erreurs qu’un colombophile commet. Je le suppose du moins… car on dit que nous sommes crédules… et qu’on peut nous faire avaler les plus grosses bêtises!
Tu m’as dit également que lorsqu’on commet une erreur, on peut faire un double pas en avant en trébuchant, mais à condition de s’en rendre compte et de ne pas retomber dans la même erreur quelque temps plus tard. A ce propos tu m’avais même conseillé de noter dans un petit bloc-notes les choses à ne pas oublier, et les questions auxquelles il faut trouver réponse. Je l’ai fait, et je remarque que j’y ai noté – entre autres – ceci: je dois demander à maître Victor pourquoi un pigeon est en forme… si je le savais je ferais un grand pas en avant…

Victor:
Assez parlé, mon ami. Tu viens de poser un problème extrêmement intéressant, mais tout aussi difficile à résoudre: “pourquoi un pigeon est-il en forme”?
La saison écoulée m’a appris certaines choses à ce sujet. J’ai remarqué qu’un pigeon en forme “s’amusait”. On le voit faire des choses qu’il ne fait pas d’habitude. Il paraît “jouer”. Cela m’a fait penser à ce qu’un champion cycliste -le petit Planckaert- disait un jour qu’il avait gagné le Tour des Flandres après avoir fait le fou-fou en cours de route. “Quand on est en forme on s’amuse à vélo”. Cela m’a fait penser à ce que le fameux philosophe grec Epicure disait: que le plaisir se produit naturellement de lui-même, lorsque, par le jeu naturel des organes, l’équilibre physiologique est rétabli dans un être vivant. A cela j’y crois parce qu’on peut en faire l’expérience en observant bien ses pigeons. Le tout est de savoir comment rétablir l’équilibre physiologique lorsque le pigeon n’est plus en forme.

Débutant:
Mais le pigeon peut n’être pas en forme pour une cause d’ordre physique, mais aussi, si je ne me trompe, pour une cause d’ordre psychique. J’ai. par exemple, constaté en début de saison que mon meilleur pigeon avait été obligé à quitter son casier après une bataille avec son voisin du casier d’en dessous. Il ne s’est plus classé pendant plusieurs dimanches… jusqu’à ce que j’eus retiré le batailleur du colombier.
C’est bien la preuve qu’un pigeon qui doit baisser pavillon devant un voisin, malgré son potentiel et sa forme physique, a perdu sa valeur sportive pour une raison d’ordre psychique.
A l’équilibre physiologique s’ajoute donc, si je puis dire, un équilibre psychique. Et ton Epicure a sans doute oublié un agent important dans la constitution de “plaisir”. Chez nos pigeons on pourrait parler de forme et de condition. La “forme” en étant l’aspect “physique”, tandis que la “condition” en est le côté “psychique”.

Victor:
Très juste, et l’art du colombophile consiste à tâcher de concilier les deux pour obtenir des pigeons en forme et en condition. Le système du veuvage a sans doute contribué à favoriser les deux, mais surtout le côté condition. C’est-à-dire le côté “motivation” chez le pigeon. A ce sujet la saison écoulée m’a appris certaines choses. Notre “jeune Buffle” est un excellent pigeon, mais en fin de saison son attachement à son casier diminuait et ses prestations n’étaient pas fameuses. Je lui passai donc, deux jours avant son dernier enlogement, un jeune de 8 à 9 jours dans son casier, un jeune qu’il accepta et commença à nourrir avec empressement. Et il se classa magnifiquement. Une motivation supplémentaire avait fait son effet. Je fis de même avec notre “Carolus”. Mais là d’une autre manière. Le “Carolus” et quatre veufs cohabitent dans le même colombier. Le jour de l’enlogement j’ai mis deux mâles étrangers dans leur colombier. Tu aurais dû voir comme les cinq titulaires de ce colombier étaient jaloux envers ces intrus… qui étaient venus menacer leur territoire.
Le ” Carolus” se classa très bien. C’était nécessaire car de leur classement dépendait le championnat sur Bourges, Châteauroux, Poitiers, Limoges et Tulle. Je crois que grâce à une motivation supérieure un excellent résultat fut atteint.

Débutant:
Tout cela est très bien, mais cela ne peut se faire qu’une fois. L’idéal serait une motivation complémentaire au système du veuvage. Jusqu’à présent je ne vois pas comment ce serait réalisable.

Victor:
Un colombophile ne peut oublier les leçons que le pigeon lui donne. Il faut être bon observateur d’abord, pour les remarquer, ensuite pour en tirer les conclusions qui s’imposent. Pour celui qui observe avec attention le mystérieux enchaînement, dans le comportement du pigeon, des instincts que la nature lui a donnés, peut apprendre beaucoup de “trucs” qui peuvent augmenter la motivation du pigeon.
La saison prochaine, s’il plaît à Dieu, j’appliquerai un système pour sur-motiver tous mes veufs. Car, quand on réfléchit un peu et qu’on se demande pourquoi un pigeon, physiquement équivalent à un autre, lui est néanmoins inférieur dans les prestations, il n’y a qu’une réponse: un manque de motivation. Je t’en parlerai longuement la fois prochaine.

Noël De Scheemaecker

Notices :

Un pigeon peut, malgré son potentiel et sa forme physique, perdre sa valeur sportive pour une raison d’ordre psychique. Ainsi un bon pigeon qui a été obligé à quitter son casier après une bataille avec son voisin peut perdre son moral et ne plus se classer dans les prix.
Un colombophile ne peut oublier les leçons que le pigeon lui donne. Il faut être bon observateur d’abord, pour les remarquer, ensuite pour en tirer les conclusions qui s’imposent. Pour celui qui observe avec attention le mystérieux enchaînement, dans le comportement du pigeon, des instincts que la nature lui a donnés, peut apprendre beaucoup de “trucs” qui peuvent augmenter la motivation du pigeon.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]