Coryza du pigeon voyageur : causes et prévention
Introduction : le coryza, une maladie amplifiée par la chaleur
Coryza du pigeon voyageur : les fortes chaleurs de l’été approchent, et contrairement à une idée reçue, ce n’est pas le froid qui provoque cette affection respiratoire.
Chez les animaux domestiques, les grandes épizooties (ou épidémies) d’affections respiratoires apparaissent bien plus souvent durant les périodes de chaleur humide, qu’elles soient naturelles ou artificielles.
Les pneumonies contagieuses à virus ou à bactéries — souvent mixtes — sont typiques de ces épisodes. D’ailleurs, les bovins ou chevaux vivant dehors en hiver, s’ils sont correctement nourris, ne souffrent presque jamais de maladies respiratoires pendant la saison froide.
Le mythe du courant d’air : une fausse accusation
Autre croyance erronée : le courant d’air provoquerait le coryza.
En réalité, un courant d’air n’est dangereux que pour les animaux qui transpirent, car la sueur s’évapore et refroidit brutalement la peau. Or, le pigeon ne transpire pas, son organisme n’est donc pas concerné par ce mécanisme.
Lorsqu’il vole, il affronte même un flux d’air constant correspondant à la vitesse de son vol — bien supérieur à tout courant d’air pouvant exister dans le colombier.
Le véritable danger provient des écarts thermiques, de l’humidité et d’une aération mal gérée.
Température, régularité et conception du colombier
Pour prévenir le coryza du pigeon voyageur, la régularité thermique est plus importante que la température elle-même.
En début de saison, les fortes variations entre le jour et la nuit — proches du gel le matin et supérieures à 20 °C l’après-midi — sont particulièrement néfastes.
Un colombier sain doit être bien isolé, construit avec des matériaux capables de réduire les écarts de température, et équipé d’une aération douce mais continue.
Cette ventilation permet d’éliminer le dioxyde de carbone, la vapeur d’eau et les gaz nocifs tels que le méthane.
Un test simple consiste à observer la fumée d’une cigarette ou d’un bâton d’encens : elle doit s’évacuer lentement mais régulièrement, quel que soit le climat.
Si nécessaire, un extracteur électrique peut aider à maintenir une atmosphère stable et saine.
Le rôle du terrain organique et de l’état général
Comme pour la plupart des maladies respiratoires, le terrain organique du pigeon joue un rôle essentiel dans le développement du coryza.
Les colonies qui rechutent après un traitement efficace présentent souvent des problèmes d’habitat : humidité excessive, surpopulation, mauvaise aération ou hygiène insuffisante.
Chaque colombophile doit analyser objectivement l’environnement de ses pigeons et corriger les facteurs de déséquilibre avant toute médication.
Un pigeon en bonne condition physique et immunitaire résiste beaucoup mieux aux agents infectieux.
Des porteurs sains présents dans chaque colonie
La majorité des pigeons sont porteurs sains de germes responsables du coryza.
Parmi eux, on retrouve des staphylocoques, klebsielles, colibacilles, entérocoques, mycoplasmes et parfois même des herpèsvirus.
À cela s’ajoutent divers parasites internes — comme la trichomonose, la coccidiose ou certains vers intestinaux — qui affaiblissent l’organisme et facilitent la survenue du coryza.
Un pigeonnier contaminé, mal nettoyé ou surpeuplé crée un terrain idéal pour ces agents pathogènes.
Symptômes caractéristiques du coryza
Les signes du coryza du pigeon voyageur sont bien connus :
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œil humide ou larmoyant,
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gonflement de la tête,
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respiration bruyante ou sifflement,
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écoulement nasal,
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et parfois le fameux “tchic” sonore lors de la respiration.
Les paniers de transport représentent un foyer majeur de contamination en raison de la promiscuité et du manque d’hygiène.
Les flambées de coryza surviennent souvent en août, après les concours ou les lâchers retardés, période où la fatigue et la chaleur favorisent la propagation du virus.
Ces épisodes coïncident fréquemment avec des cas de paramyxovirose chez les pigeons non vaccinés.
La trichomonose : la porte d’entrée principale du coryza
Les autopsies de pigeons atteints révèlent presque toujours la présence massive de trichomonas.
Cette association entre trichomonose, bactéries et virus est quasi systématique.
Deux facteurs aggravent la maladie :
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la contamination fréquente dans les paniers (abreuvoirs sales, graines régurgitées) ;
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l’efficacité limitée des traitements antitrichomonas, actifs seulement 4 à 5 semaines.
Pour une prévention efficace, il est recommandé d’administrer de courts traitements préventifs de 2 à 3 jours, toutes les deux à trois semaines, après les concours.
C’est la première barrière contre le coryza, car la trichomonose prépare littéralement le terrain aux infections respiratoires.
Les traitements antibiotiques : quand et comment agir
Une fois les bactéries installées, le traitement devient plus complexe.
Leur diversité rend impossible un seul antibiotique “universel”.
Lorsqu’un diagnostic de laboratoire est disponible, il permet de cibler précisément la molécule la plus efficace.
Le traitement doit être administré par l’eau de boisson, renouvelée matin et soir, pendant au moins 3 à 5 jours pour une action complète.
Certaines molécules sont à éviter, car elles ne franchissent pas la barrière intestinale (streptomycine, gentamicine, néomycine, framycétine…).
Les injections sont réservées aux cas graves, sans effet préventif.
Les gouttes oculo-nasales peuvent être utilisées après un concours ou avant l’enlogement : elles nettoient partiellement les muqueuses, mais leur effet reste limité compte tenu de la complexité anatomique des sinus.
Points essentiels à retenir
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Le froid ne provoque pas le coryza.
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Le mythe du courant d’air dangereux est infondé pour les pigeons.
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Les variations thermiques et une mauvaise aération favorisent les infections.
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La trichomonose constitue la principale porte d’entrée du coryza.
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Des traitements préventifs courts et réguliers sont indispensables.
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La plupart des pigeons sont porteurs sains des germes responsables.
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Un colombier bien conçu, propre et ventilé reste la meilleure prévention.
Conclusion
Le coryza du pigeon voyageur résulte d’une combinaison de facteurs : chaleur humide, déséquilibre organique, trichomonose et bactéries opportunistes.
Plus qu’un simple traitement, c’est une approche globale — hygiène, aération, équilibre alimentaire et prévention naturelle — qui protège durablement la santé respiratoire du pigeon.
Un colombier sain, bien ventilé et régulièrement entretenu est le meilleur rempart contre cette maladie trop souvent sous-estimée.
[ Source: Article édité par Doct. Vét. J.P. Stosskopf – Revue PIGEON RIT ]
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