Dr. ARTHUR Bricoux pigeon
16 septembre 2020 Par admin

La situation et ses légendes – pigeon voyageur

La Situation Et Ses L Gendes Pigeon Voyageur | Le Fond De La Question

Le Dr. Arthur Bricoux de Jolimont s’est inscrit dans l’histoire du fond. Il aurait été le meilleur colombophile de tous les temps. Il était quasiment imbattable dans des concours comme Pau, Bordeaux, Dax, Saint-Vincent, Libourne, Angoulême et ainsi de suite. Dr. Arthur Bricoux ( né en 1874 – décédé en 1944).



Voilà plus de cinquante ans que j’écris des articles colombophiles dans divers journaux et périodiques. Quelques milliers, dans lesquels j’ai commenté tous les aspects du pigeon et de la vie colombophile. J’ai dû m’opposer des dizaines de fois à des affirmations dénuées de fondement concernant la “situation” (du colombier). Les mêmes arguments et contradictions sont évoqués à longueur d’années. On peut en conclure que les colombophiles sont chauvins pour la plupart. On trouve aisément une cause pour expliquer un échec au concours. Il est trop difficile d’admettre que les pigeons n’ont pas les qualités requises ou qu’ils n’étaient pas en forme. On se trouve toujours mal situé, de l’un ou l’autre côté du champ de participation.
J’ai aussi entrepris quelques études scientifiques basées sur différents aspects du problème posé par la “situation”. J’en ai conservé une que je tiens à vous présenter aujourd’hui en vous invitant de la lire attentivement. Car si elle ne date pas d’hier, elle n’est pas du tout “vieux jeu” contrairement à ce que vous pourriez supposer. J’y ai consacré de nombreuses heures de travail et puisé dans une volumineuse documentation. Croyez-moi, ces révélations vaudront en tous temps, j’en suis persuadé.
A lire la presse on finirait par croire que certains plumitifs prennent un malin plaisir à dresser les amateurs les uns contre les autres, de région à région dans les concours nationaux. Tout gravite toujours autour de la qualification d’une situation: favorable ou défavorable. Les reporters des rubriques sportives dans les quotidiens sont les plus redoutables propagateurs de ces légendes. Ils n’ont pas de pigeons mais ils foncent tête baissée dans la critique, sans se soucier d’analyser les faits.
J’en viens à l’article que je veux remémorer.
En février 1987 m’était parvenue la copie d’une lettre (de 1986) adressée au président sportif Van de Voor par un amateur X de près de Fosses-la-Ville à 18 km à l’ouest de Namur. Une lettre méchante dans laquelle on menaçait de rupture par la Région wallonne si on ne modifiait pas le programme du grand fond national. Parue dans “La Colombophilie Belge” la lettre prétendait défendre la thèse d’E. Pochet (Quaregnon) qui dénonçait une inégalité flagrante entre les amateurs de l’est et de l’ouest du pays. J’ai tenté à diverses reprises de me procurer la lettre d’E. Pochet, mais sans y parvenir. D’où ma réaction tardive. Dans le même temps s’élevaient les mêmes jérémiades accusant des situations défavorables en toutes régions du pays, mais sans jamais s’appuyer sur une argumentation valable. La plupart de ces interventions étaient démunies de justifications raisonnables. A se demander où les braves gens vont chercher tout ce qu’ils avancent. Ils se bernent d’arguments trompeurs. Je préfère prendre le taureau par les cornes sans attendre d’autres interpellations du genre.
Commençons par ce que prêter: X: “Les organisateurs des concours de fond nationaux s’arrangent toujours pour ne pas donner l’envol trop tôt. ll en résulte que les pigeons ont tendance à se diriger vers le soleil couchant (à l’ouest) dès qu’ils approchent de la Belgique. En Wallonie, il fait noir vers 21h.30 au mois d’août, alors qu’à la côte les pigeons peuvent voler jusqu’aux environs de 22h.30 grâce à la réflexion de la lumière solaire par la mer. IL y a quelques années le problème ne se posa: pas parce que les envols s’opéraient alors à 6h. du matin non à 8 ou à 9 heures comme de nos jours.

Réponse:
L’accusation à l’adresse des organisateurs de concours de fond nationaux d’opérer des envols trop tardifs est injustifiée et pour le moins exagérée.
J’ai sous la main la liste de quelques nationaux de 1986 sur laquelle figurent les heures d’envols que voici:
8 juin Brive: 7.30 h.
21 juin Cahors 6.20 h.
4 juillet Barcelone: 8.20 h.
5 juillet Montauban: 6.30 h.
12 juillet Limoges Derby: 7.30 h.
19 juillet Limoges Y: 7.15 h.
19 juillet Lourdes: 8.20 h.
(après un jour de report pour mauvais temps – pas un pigeon rentré le jour du lâcher);
26 juillet Marseille: 7.15 h.
26 juillet Tulle: 7.30 h.
1 er août Narbonne: 7.30 h.
8 août Perpignan: 7 h.



La mauvaise foi de X n’est que plus évidente du fait que nous avons adopté depuis quelques années une heure d’été doublée (soit 2 heures en avance sur l’heure astronomique). Que dire de la différence entre les heures de coucher du soleil ?
Je me suis adressé à un collègue astronome aux fins d’obtenir une documentation précise. Il a procédé à des calculs pour trois sites extrêmes en Belgique: Coxyde à l’ouest, Lanaken à l’est et Arlon au sud. Coxyde et Lanaken se trouvent à peu près sur la même latitude et Lanaken et Arlon sur la même longitude. Le tableau ci-joint mentionne les heures de lever et de coucher du soleil, ainsi que celles du lever du jour et du crépuscule pour quatre dates en 1987. La lecture du tableau permet de constater que la latitude et la longitude influencent toutes deux: le soleil se couche plus tard, mais se lève aussi plus tard à Coxyde qu’à Arlon (15 à 20 minutes de différence) et qu’à Lanaken (13 minutes). Lever du jour et crépuscule se situent quasi à la minute près, en parallèle avec le lever et le coucher du soleil. Les pigeons ne peuvent donc voler une heure plus tard à la côte qu’en Wallonie. La différence se monte à quelques petites minutes. Il vaut la peine de s’y attarder quelque peu, surtout pour un concours de fond avec envol matinal (distance et très mauvaises conditions de navigation) et éreintant au point que quelques pigeons seulement pourraient atteindre au but le jour même. Intervient ici la période de neutralisation, égale pour toutes les régions du pays. Elle s’ouvrait jadis une demi-heure après le coucher du soleil (maintenant une heure) et se terminait une demi-heure avant le lever du soleil le lendemain, le tout calculé sur Bruxelles. Comme la capitale se situe plus ou moins au centre, je ne serai pas loin à côté de la réalité en concluant que son lever et coucher de soleil se situe au centre de ceux de Coxyde et de Lanaken. Pour le 15 août cela reviendrait alors à 6.28 pour le lever et à 21.05 pour le coucher du soleil, ce qui donne une neutralisation allant de 21.35 à 5.58 h. le lendemain matin. Comme l’obscurité s’y installe un peu plus tôt, un pigeon de Lanaken se poserait à 21.29 h et un de Bruxelles à 21.35 h. Celui de Coxyde pourrait poursuivre sa course jusque 21.41 h. c.-à-d. qu’il dépasserait le début de la neutralisation de 6 minutes. Cela ne lui apporterait pas grand chose s’il venait à se faire enregistrer durant ces six minutes car, arrivé hors des délais, il ne peut être classé le premier jour de vol, mais figurera très tôt au classement du deuxième jour. A tout prendre, l’avantage éventuel pour l’extrême ouest sera tout aussi négligeable puisque les pigeons de l’est pourront reprendre l’air, dix bonnes minutes plus tôt le lendemain. La balance se remet en équilibre dès lors. On pourrait aussi objecter que les écarts en temps sont un peu plus grands pour l’extrême sud (Arlon). Mais on ne peut parler d’un handicap.
Si un pigeon atteint au but le soir même d’une rude journée de vol, à Coxyde, combien plus grand doit être alors l’avantage du pigeon d’Arlon qui bénéficie d’un parcours réduit d’une centaine de kilomètres. Ne croyez pas que ces considérations ne sont que théorie, loin de la réalité. J’ai récolté de nombreux exemples en cours de longues années pour les appuyer. L’un de ceux que j’ai particulièrement bien gardé en mémoire remonte à Perpignan international de 1986. J’y ai consacré un article dans ” De Duif” (12/11/86) en réponse aux critiques injustifiées. Des 6.700 pigeons libérés à 7 heures à Perpignan, 81 arrivèrent à destination le jour même. Parmi eux 36 Belges, 30 Allemands, 5 Luxembourgeois et 10 Français. Aucune influence donc, ni de la distance, ni de la région à atteindre. Mieux encore: ces 81 pigeons n’ont pas pris les 81 premières places du classement; plusieurs autres, arrivés le lendemain se sont intercalés. Les cas les plus frappants sont ceux de deux pigeons aux longues distances: un Allemand arrivé à 7 h. 50 et classé 9ème et un Hollandais arrivé à 7 h.06 et classé 38ème. La lettre de X n’accordait aucune attention au “vent” lequel est, comme nous le savons tous, orienté le plus souvent au sud-ouest dans nos régions. Tout colombophile sait que le vent tien un rôle à ne pas sous-estimer dans le déroulement des concours. A ce sujet je veux renvoyer à deux articles que j’ai publiés dans “Pigeon Rit” (n° 11 & 12 août ’93) et dans lesquels je traitais des oiseaux et du vent. J’y ai aussi analysé l’influence des vents de directions variées (de bec, de queue ou sur une aile) et je pus montrer que les pigeons adoptent différentes pratiques pour réagir au mieux contre les dérives imposées par le vent. Je ne puis mieux faire qu’en me référant à l’ouvrage d’Henri Tamboryn, colonel retraité de la Force Aérienne: “Influence des facteurs naturels sur le déroulement des vols de compétition des pigeons voyageurs.” Sous le chapitre trois il aborde une dizaine de facteurs déterminants et en premier le vent, au sujet duquel il écrit textuellement à la page 25: “Le vent est sans aucun doute le premier facteur qui détermine la vitesse de retour des pigeons.” Track (trajectoire au-dessus de la terre) et vitesse par rapport au sol (GS: ground speed) des pigeons, sont en effet la somme vectorielle de leur direction (true course) et de leur vitesse par rapport à la masse d’air environnante (TAS) d’une part et d’autre part la direction et la vitesse du vent. Les meilleurs pigeons compensent le drift (la poussée) du vent. Parce qu’ils volent en oblique par rapport à la direction du vent, ils suivent une trajectoire (track) qui est la ligne droite reliant le point de départ (endroit du lâcher) au pigeonnier.” Cette remarquable étude porte sur un nombre important de concours nationaux et sur des cartes météorologiques détaillées des diverses régions survolées au moment du passage des premiers pigeons. Un travail fantastique.
Je puis enchaîner, suite à un entretien avec un joueur de fond limbourgeois qui se plaignait de ce que sa province doit toujours jouer aux plus longues distances. J’aurais pu éviter de répondre en conseillant de déménager, mais je ne l’ai pas fait et pour cause. Il est des concours de fond ou les amateurs gantois volent à des distances égales à celtes du nord du Limbourg (entre autres Marseille et Barcelone). Et pour Zelzate cela monte même encore de 20 kilomètres !
St.-Trond et Tongres sont également limbourgeois et leurs distances sont souvent bien plus courtes que celles de Gand et de Bruges. Et que dire de Hoeselt où Chrétien Vanoppen décrocha une sensationnelle victoire internationale en 1987 au terme du plus épuisant concours de l’histoire de Barcelone, si ce n’est que la distance du beau vainqueur était plus courte que la mienne à Gand.
On ne peut pas prétendre non plus que les plus longues distances sont toujours désavantagées. Ces dernières années, tant en Hollande qu’en Belgique, de nombreux concours ont été l’apanage des “longs points”, même dans des concours d’un jour (avec vol de nuit). Dans le dernier concours auquel j’ai participé, un St.-Vincent exceptionnellement épuisant (1975), les deux premiers prix ont été remportés en Limbourg du nord (notre crack se classait 6ème au national).

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Dans la 2ème partie de sa lettre Mr X traite du vent, de sa direction et de sa force. Il cite au passage: “Au plus près de la côte, au plus l’avantage est grand” et il croit pouvoir étayer son affirmation en rappelant les annonces répétées de vents de S.O. de force 2 à 3 Beaufort au centre du pays et de 4 à 5 à la côte. Nous avons vu combien l’ouest était bien placé par vent de S.O. dans les concours sur Brive et Cahors en ’87 ! L’ouest du pays ne put classer aucun pigeon en tête ! C’est tout à fait normal dans ces circonstances. Il faut aussi rappeler l’importance de l’action du vent marin ou continental à la côte et principalement en été lorsque s’accentue la différence de la température entre le jour et la nuit. Le jour la terre se réchauffe mieux que la mer. Il en résulte une hausse de la température sur le continent et une baisse sur la mer, ce qui produit un vent marin soufflant de la mer vers la côte. Le vent continental produit l’inverse la nuit.
Cela signifierait que le vent de la mer gênerait plutôt les amateurs de la côte qu’il ne les avantage. Comme le vent marin ne s’engouffre pas plus de quelques kilomètres à l’intérieur des terres, ce désavantage n’est pas perceptible.
Vous ne vous étonnerez pas si je conclus cette petite analyse en prétendant que la lettre relatant les fameuses accusations ne peut être prise au sérieux. J’espère aussi avoir annihilé à jamais une série de légendes traitant du prétendu avantage de la situation géographique.
Relevant les nombreuses remarques concernant les bonnes et moins bonnes “situations” force m’est de conclure que les amateurs colombophiles étaient bien plus conciliants jadis que de nos jours. Les mentalités ont changé du tout au tout.
J’appuierai cette conviction en citant deux champions hennuyers dont les noms et les succès me reviennent. Cela nous amène aux années entre les deux guerres mondiales, alors que la colombophilie passait au mode “moderne” par l’adoption du “veuvage” partout dans le pays. Le docteur Bricoux de Jolimont (proche de La Louvière) était incontestablement le plus grand des champions hennuyers. Le virtuose du grand fond ne domina pas seulement les “nationaux” durant de longues années, il se paya même le luxe d’aller faire la leçon aux Flandriens dans “leurs” concours sur Bordeaux..Tout le monde s’accordait à admettre que Bricoux avait les meilleurs pigeons et les jouait selon le meilleur système. Personne ne s’inquiétait de sa distance. La majorité des colombophiles ne savaient même pas où se situait Jolimont. Je me rappelle tout autant A. Monin de Cul-des-Saris (à la jonction des frontières du Hainaut et de Namur avec la France).
Il a dominé le jeu de grand fond durant des années et décrocha des victoires à Barcelone international (1960), Marseille international (1961) et Cahors national 1962. Personne n’a fait objection à ces nombreuses victoires hennuyères. On n’a jamais minimisé les éclatantes victoires du douanier, parce qu’il jouait à une distance inférieure de ± 100 kilomètres à celle de Bruxelles. On le lui accordait volontiers.

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Le nombre de remarques au sujet de l’avantage ou du handicap dont jouit l’un ou souffre un autre amateur, suite à la situation de son colombier montre que nous étions bien plus conciliants jadis. La mentalité des colombophiles a fortement changé. Le Dr Bricoux, le plus grand champion hennuyer de son époque, n’a pas seulement dominé longtemps dans les nationaux de fond; il est allé faire la leçon aux Flandriens dans “leurs” concours sur Bordeaux. Personne ne parlait de sa distance, mais tout le monde admettait qu’il avait les meilleurs pigeons et qu’il les jouait selon le meilleur système.


[ Source: Article édité par Prof. dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ] 

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