La période de veuvage chez les pigeons
Maintenir les pigeons en santé durant la mue.
Comme tous les chemins peuvent conduire à Rome durant la période des concours, il en existe tout autant pour l’après-compétition. Tout au long de mes entrevues, j’ai eu l’occasion de constater à plusieurs reprises la variété des méthodes employées. Je ne pense pas que ce que l’on fasse soit tout compte fait si important. Même si l’on commet une erreur à cette période de l’après-saison sportive, le danger n’en est pas bien grand puisqu’on est encore bien loin de la saison suivante. Cependant, je trouve que ce n’est pas la raison pour laquelle on puisse se créer des problèmes inutiles. Ici, je fais plutôt référence à la santé générale des pigeons. Comme les pigeons dépensent beaucoup d’énergie au renouvèlement de leur plumage durant la période de grande mue, ils sont plus sensibles aux maladies en raison de la diminution de leur résistance. Il est dès lors opportun, sinon souhaitable, d’aller faire contrôler une dernière fois l’état sanitaire de ses pigeons.
Nous-mêmes ne le faisons pas, mais à bien y penser, ce n’est pas prudent. D’une part, les pigeons qui effectuent leur grande mue possèdent une résistance immunitaire amoindrie. D’autre part, ceux-ci ne sont plus en contact avec d’autres pigeons étrangers. Dès lors que les pigeons commencent leur mue en bonne santé, ils ont beaucoup de chances de rester en bonne santé durant longtemps.
Les risques de contamination sont beaucoup plus réduits, faute de contacts. Je pense ici aux maux les plus courants en colombophilie : trichomoniase, coccidiose et vers intestinaux. Je souhaiterais toutefois attirer l’attention sur la paramyxovirose. Cette dernière ne pose d’ailleurs plus aucun problème puisqu’il existe des vaccins efficaces.
Mais il est toujours possible que le virus montre le bout du nez dans telle ou dans telle colonie après la saison sportive. Souvent, elle atteint les tardifs que l’on oublie parfois de vacciner. Alors, s’il n’est pas encore trop tard, pourquoi ne pas prendre sa seringue et s’éviter de la sorte bien des désagréments?
Laisser élever ou simplement couver?
A toute fin d’illustration de mes propos, je vais reprendre quelques systèmes qui peuvent être utilisés en arrière-saison : laisser élever une tournée puis recouvrer, laisser couver deux fois jusqu’à abandon, laisser couver dix jours puis séparer directement, laisser les pigeons ensemble jusqu’en décembre ou en janvier tout en veillant à leur interdire de reformer nid après une première tournée. Il existe également une méthode opposée à toutes celles énoncées précédemment : celle de ne plus remettre en ménage les pigeons après leur dernier concours. Cette méthode n’est pas très répandue mais connaît ses partisans dont l’un des plus éminents n’est autre que le champion de fond Remi Hoebrechts. Dans notre propre colombier, nous appliquons encore une autre manière de faire. Comme nous pratiquons l’élevage hivernal avec nos voyageurs en les remettant en ménage à la fin du mois de décembre, nous ne les laissons jamais très longtemps ensemble. Le ré-accouplement général a lieu après le dernier week-end de juillet ou le premier week-end d’août. Les sujets peuvent alors élever un jeune. Une fois que celui-ci passe à grains et a atteint l’âge de sept à huit jours, il est retiré en même temps que la femelle et les mâles sont définitivement séparés. De la sorte, les mâles et les femelles ont pu se débarrasser de leur pape et l’on évite une seconde chasse-à-nid. Ainsi, les pigeons ont jeté leur dernière plume pour la fin de décembre. J’envisage même de ne plus ré-accoupler les pigeons après leur saison sportive.
Les veufs n’ont pas de meilleurs performances parce qu’ils ont été ré-accouplés l’année d’avant, en arrière-saison. L’accouplement d’après-concours n’est profitable, à mon sens, que pour les femelles veuves. Celles-ci ont été enfermées durant toute la saison sportive dans un colombier, une volière ou des nichettes d’isolement (pour lesquelles je n’éprouve aucun intérêt) et, par conséquent, n’ont pu se dégourdir efficacement les ailes. C’est loin de l’idéal… L’arrière-saison est la seule période de l’année où ces mêmes femelles peuvent s’exercer un peu. En raison des rapaces qui vivent dans nos régions, il est proscrit de faire la volée lors d’un élevage hivernal. D’ailleurs, à cause des autours et autres éperviers qui se sont multipliés, il est devenu dangereux de laisser les pigeons en liberté, même pour la volée, dès le mois de septembre. Alors, dans pareil cas, à quoi sert-il de laisser encore les pigeons ensemble durant l’automne?
Retour à la nature?
Les amateurs qui laissent leurs pigeons ensemble jusqu’au mois de décembre ou de janvier, disent qu’ils veulent pratiquer une sorte de retour à la nature. Je ne pense pas qu’ils atteignent réellement leur but de la sorte.
Que du contraire, ils ont tendance à heurter quelque peu la nature de front. En automne, je n’ai pas encore vu jusqu’à présent des oiseaux s’accoupler. De plus, je pense que nos pigeons voyageurs ne sont plus depuis longtemps des oiseaux sauvages. Et si l’on veut, d’aventure, en revenir à un système purement naturel avec les pigeons, cela reste toutefois possible; encore faille-t-il accepter d’oublier de remporter des prix!
Il n’est pas dans mon intention de prétendre néfaste le fait de laisser les pigeons ensemble durant les trois ou quatre mois de l’automne et du début de l’hiver. Sûrement pas, à partir du moment où l’on envisage de ré-accoupler les pigeons en mars ou en avril.
Toutefois, je tiens à faire ici une remarque. On doit se préoccuper de garantir une aération suffisante au colombier, puisqu’il y a deux fois plus de pigeons qu’à l’accoutumée. Il est tout aussi évident qu’il faut disposer d’un nombre de places (casiers, perchoirs, reposoirs) suffisant pour tous les sujets. Enfin, l’on se doit d’éviter toute accumulation de matériaux pour la construction de nid, et ainsi de réduire au maximum les risques de ponte. Pour ce faire, outre le nettoyage régulier, on peut retourner les casiers, la devanture face au mur, et fixer des planchettes sur leur paroi du fond.
Fixer les perchoirs aux casiers pour la période de mue.
Il y a de cela quelques semaines, mon père m’a proposé de retourner les casiers des veufs pour la période de mue et de fixer un perchoir sur la paroi du fond, exactement comme pour les femelles de jeu.Dans un premier temps, je n’étais pas trop chaud pour cela. Dans la pratique, cela signifie retourner quelque soixante casiers et y fixer à chacun un perchoir sur la paroi du fond. C’est un travail de bénédictin pour seulement trois mois (de septembre à décembre). En ce qui concerne les femelles, je trouve l’opération plus rentable puisqu’elles doivent rester « veuves joyeuses » pendant huit mois. Quant aux veufs, je ne sais pas encore ce que nous allons faire. C’est une excellente idée à exploiter, à condition de ne pas s’effrayer d’adapter le colombier. Un des avantages de l’usage des planchettes ou perchoirs est de rendre l’entretien du colombier plus facile. Tel est le cas lorsqu’on utilise les planchettes du modèle de Marc Pollin: 11 cm de long, 6 cm de large et un espacement de 23 cm entre les planchettes. Selon Pollin, les pigeons qui séjournent sur un tel modèle ne se salissent jamais la queue et l’on n’a qu’à nettoyer seulement le plancher (une fois par semaine).
Nourrir en période de mue.
Si l’on veut garantir aux pigeons un nouveau plumage riche et onctueux, il faut veiller à deux choses essentielles: les pigeons doivent être et rester sains, et ils doivent recevoir une nourriture suffisante en quantité et en qualité. Les spécialistes de l’alimentation ont mis en évidence la nécessité impérieuse de fournir des protéines et des minéraux durant la période de mue. Il n’y a donc rien de difficile à cela. Les protéines sont présentes dans les légumineuses
(fèveroles, pois, vesces) que tout bon mélange contient, et les minéraux se retrouvent sous forme de grit, vitaminéral, pierre à picorer, etc. Personnellement, je trouve qu’un bon mélange de mue contient aux environs de dix pourtcent d’orge. Cette dernière graine est un excellent baromètre pour nourrir correctement ses pigeons. En période de mue, je nourris les pigeons en telle quantité qu’il reste toujours un peu d’orge dans la mangeoire.
Tout le reste doit disparaître, sinon je réduis la quantité jusqu’à trouver le bon point d’équilibre.
Patrick Philippens
Notices:
- La paramyxovirose montre souvent le bout du nez en automne dans tel ou tel autre colombier. La plupart du temps, le virus atteint les tardifs que l’on a oublié de vacciner. Et s’il n’est pas encore trop tard, le meilleur conseil est de prendre sa seringue dès maintenant.
- L’avantage de l’utilisation des planchettes fixées devant les casiers est évident: l’entretien du colombier s’en trouve largement facilité. Et cela d’autant plus que l’on utilise les planchettes de la méthode Pollin: 11 cm de long, 6 cm de large et un espacement de 23 cm entre les deux planchettes. Selon Pollin, les pigeons qui séjournent sur pareil reposoir ne se salissent jamais la queue, et il ne reste qu’à nettoyer le plancher du colombier (une fois par semaine).
[ Source: Article édité par M. Patrick Philippens – Revue PIGEON RIT ]
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