ernest duray pigeons
18 novembre 2020 Par admin

La colombophilie mondiale:Ernest Duray (1) – pigeon voyageur

La Colombophilie Mondiale Ernest Duray 1 Pigeon Voyageur | Dialogue Sur La Colombophilie

Débutant:
En me parlant d’Ernest Duray, tu m’as dit que ce tout grand champion de pigeons était conscient qu’en colombophilie il n’y avait rien d’absolu. Voulait-il dire par cela que tous les problèmes ne sont pas résolus? Que c’est le colombophile qui doit tâcher de les résoudre? C’est donc le colombophile le plus intelligent qui sera le mieux à même de les résoudre. Mais alors la question se pose: qu’est-ce qu’un colombophile “intelligent”?

Victor:
Tout d’abord ceci: en colombophilie “intelligence” n’a que peu à voir avec “instruction”. La réflexion, chez le colombophile, doit naître de l’observation. Or l’observation nous apprend que la théorie, si logique soit elle, ne s’applique pas toujours dans toutes les situations.
Le colombophile intelligent discerne ce qui est vrai ou faux “pour lui, dans sa situation”. Il peut se rebeller contre certaines règles, et les corriger, trouver des alternatives et, si celles-ci n’existent pas, en créer. En bref le colombophile intelligent est celui qui sait trouver des solutions à la plupart de ses problèmes. Le plus grand handicap pour le colombophile est de croire qu’il sait tout… et qu’il peut tout résoudre. Ernest Duray en était bien conscient. Et comme il savait que l’art de nourrir les pigeons intervenait pour une grande part dans les succès il donnait le conseil suivant. “Quand on nourrit ses pigeons il ne faut pas se croire plus intelligent qu’une simple pinte ou une demi-pinte!”



Débutant:
Une pinte de quoi? Quelle bière? Tu te moques de moi, cher maître. On n’est pas ici pour blaguer, mais pour parler sérieusement! Si Duray a duré ce n’est pas à cause de ses blagues.

Victor:
Ton jeu de mots est bien trouvé, mais il ne s’agit pas de blagues. Ernest Duray prétendait que pour bien nourrir ses pigeons il fallait avoir recours à une mesure. Une pinte = 1 litre, une demi-pinte un demi-litre, soit d’après le poids spécifique des graines approximativement 800, 750 ou 700 grammes par pinte. Par exemple 800 g pour un mélange liégeois, 750 g pour un mélange sport ou élevage, et 700 g pour un mélange dépuratif. Le pigeon a besoin de 30 g par jour lorsqu’il ne produit pas d’efforts. S’il doit faire un effort pour lutter contre un refroidissement de la température, la ration doit augmenter en proportion. Tout l’art de nourrir, d’après Ernest Duray, consistait à ne pas obliger l’organisme à se fatiguer par la nourriture. Et dans ce but la pinte ou la demi-pinte est très utile. La saison sportive dure 4 mois mais il y a moyen de “fatiguer” les pigeons pendant les 8 mois restants. La forme des pigeons et la durée de cette forme peuvent en dépendre.

Débutant:
Je sais qu’Ernest Duray – comme d’ailleurs presque tous les colombophiles il y a quelques dizaines d’années -n’accouplait pas ses pigeons pour avoir des naissances vers le nouvel-an. Pourquoi ne le faisait-il pas? Il y avait pourtant des beaux concours pour pigeonneaux à cette époque.

Victor:
Là tu te trompes. Du fait qu’il n’y avait presque pas de jeunes précoces il n’y avait que peu d’intérêt pour les concours de pigeonneaux. Actuellement tout a changé sous ce rapport. Or ce qui intéressait Ernest Duray, c’était la participation aux concours de fond, quand ses pigeons avaient 3 ans au moins. C’est compréhensible du fait qu’à cette époque – lorsqu’un joueur surclassait les autres – les sociétés trouvaient toujours un moyen d’exclure celui-ci. De ce fait, il devait bien jouer les concours de fond, c.-à-d. les concours nationaux. Mais l’élevage hivernal peut, à mon avis, avoir un effet moins néfaste qu’on le prétend parfois. Par exemple en agissant comme le fait le grand champion national Devooght. Celui-ci accouple vers le 10 janvier seulement. Avant la fin février, lorsque les jeunes ont une quinzaine de jours il sépare les sexes, le mâle restant avec un seul jeune à nourrir. Et vers la mi-mars les mâles sont veufs. C’est, à mon avis, la bonne solution:
1. pour avoir des jeunes semi-précoces, mais qui ne muent pas si vite que les jeunes de printemps et
2. parce que cela permet aux veufs d’avoir plusieurs semaines de veuvage pour bien s’entraîner, en vue de la saison sportive, par les volées quotidiennes.

Débutant:
Ce que tu viens de dire là me paraît très intéressant, mais je sais que pour Ernest Duray les concours de pigeonneaux ne l’intéressaient pas du tout. Ernest Duray était un grand sportif, ayant lui-même participé à des compétitions, et il savait fort bien que les jeunes qui produisent, avant leur maturité, des efforts exceptionnels, ne font pas long feu.

Victor:
Comme il savait également que pour arriver et se maintenir au sommet il faut se “spécialiser”, il avait concentré toute sa “pratique colombophile” sur les concours de fond.

Débutant:
Mais ses résultats extraordinaires ne les devait-il pas à sa façon “spéciale” de nourrir ses veufs?

Victor:
Je vais t’expliquer cette façon “spéciale”, car je puis en parler puisqu’en 1934 il est venu à notre colombier faire une démonstration de la façon dont il nourrissait ses veufs.
Tu dois savoir qu’à cette époque on ne trouvait pas dans le commerce les “mélanges” que l’on vend actuellement. Les colombophiles achetaient les graines séparées, maïs, féveroles, pois, vesces, froment, dari, orge etc. Les colombophiles mélangeaient à leur façon les graines. Mais Ernest Duray, tout comme d’ailleurs le Dr. Bricoux, avait sa façon de nourrir les veufs. Leurs veufs effectuaient, matin et soir, une volée d’une heure. Après la volée du matin on attendait au moins une heure avant de les nourrir. On servait d’abord les féveroles tant qu’ils voulaient en manger, mais sans laisser traîner une graine; ensuite on faisait de même avec les pois, ensuite les vesces, puis le maïs, le froment et le dari.
Tout cela prenait évidemment du temps. Après la volée du soir: même scénario. Mais les veufs recevaient au casier chacun une cuillerée à café de navettes rouges après le repas.

Débutant:
Quel boulot! Mais je suppose qu’à la rentrée et le lendemain d’un concours, les pigeons étaient nourris légèrement.

Victor:
C’est évident: froment, orge, dari. En fait un mélange dépuratif.

Débutant:
Et dans la boisson… aucune drogue?



Victor:
Ernest Duray ajoutait régulièrement à la boisson un morceau de sucre. Mais il faut avoir perdu la raison pour avoir recours à des excitants quelconques. Nous avons remporté à l’Union d’Anvers bien plus de cinquante premiers prix, et je puis te dire que les drogues n’y sont pour rien.
Les nombreux premiers prix du Dr. Bricoux et Ernest Duray aux concours nationaux ne doivent rien à la drogue, mais à la manière dont ils conduisaient leurs pigeons.
Y-a-t’il actuellement encore des colombophiles qui ont la patience d’attendre que leurs pigeons soient “adultes” pour les mettre à l’épreuve?
Mais y-a-t’il encore des Dr. Bricoux, des Ernest Duray?… qui, eux, jouaient avec un nombre limité de pigeons.
Mais quels pigeons! Rapides et endurants, comme par exemple son “Plume blanche”, 1er prix national sur Pau, en 1930 et 1931… et 1er prix de Noyon cette même année. Nous pourrions conclure qu’en colombophilie la patience est toujours payante!

Débutant:
Et cela me fait penser au champion français Pierre Dordin. Il avait mis en grandes lettres au-dessus de la porte d’entrée de son colombier: “Villa Patience”.

Victor:
Nous n’avons pas encore fini avec Ernest Duray, car il a encore beaucoup à nous dire et à nous apprendre, entre autres sur le fameux “Standard”. Nous reparlerons de tout ceci la prochaine fois.

Noël De Scheemaecker


Notices :

  • Ernest Duray prétendait que pour bien nourrir ses pigeons il fallait avoir recours à une mesure. Dans ce but une pinte peut être très utile pour le colombophile pour déterminer la ration par pigeon. Le pigeon a besoin de 30 g de nourriture par jour lorsqu’il ne produit pas d’efforts. S’il doit faire un effort, la ration doit augmenter en proportion. Une pinte d’un litre contient 800 g de mélange élevage ou sport et 700 g de mélange dépuratif.
  • La réflexion, chez le colombophile, doit naître de l’observation.
  • L’observation nous apprend que la théorie, si logique soit elle, ne s’applique pas toujours dans toutes les situations.
  • Pour arriver et se maintenir au sommet, il faut se spécialiser.
  • Le colombophile intelligent est celui qui sait trouver des solutions à la plupart de ses problèmes.

[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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