De loeuf au pigeonneau. 1
11 novembre 2020 Par admin

De l’oeuf au pigeonneau (1) – pigeon voyageur

De L 039 Oeuf Au Pigeonneau 1 Pigeon Voyageur | Le Fond De La Question

1. Introduction.
Cette partie de la biologie du pigeon m’a toujours énormément intéressé. Pour preuve: toute une série d’étudiants de licence ou de doctorat, mes collaborateurs et moi-même (au cours de 30 ans de professorat) avons réalisé de nombreuses recherches sur le sujet dont les résultats ont été publiés dans de nombreux journaux scientifiques internationaux.

2. La ponte.
Dans la nature, les oiseaux sauvages ont une courte période de reproduction. Après un ou deux tours d’élevage, leur activité sexuelle s’arrête pour reprendre au printemps suivant. L’ardeur sexuelle et l’envie d’accouplement sont à nouveau stimulées lorsque la durée des jours commence à augmenter: leur horloge interne est assez sensible que pour percevoir une augmentation de la période d’éclairement de quelques minutes par jour.
Le cycle d’élevage du pigeon domestique est beaucoup plus important, non seulement parce que le pigeon domestique est moins sensible à la photopériode mais aussi suite à sa relation spéciale avec l’homme. Ce dernier fournit logement et nourriture en abondance. De ce fait les pigeons élèvent pratiquement toute l’année si on les laisse faire. Ce que justement les colombophiles veulent éviter et cela pour toutes sortes de raisons (pour éviter une usure trop rapide des femelles, parce que la question de savoir que faire avec les jeunes se pose,…). C’est pourquoi les sexes sont séparés à l’automne pour une période de 2 à 3 mois avant d’être à nouveau réaccouplés.
Pour certains reproducteurs cela se produit déjà fin novembre. Cela va donc à l’encontre de la nature car à cette époque les jours raccourcissent encore. Pour obtenir une ponte plus régulière et plus rapide, il est conseillé d’apporter quelques heures d’éclairage supplémentaires par jour.
Le chauffage n’est pas nécessaire, et il va de soi que les oiseaux doivent bénéficier des meilleurs soins. Après une séparation momentanée, lorsqu’un mâle et une femelle sont mis ensemble et que cela “marche” entre eux, une série de réactions en chaîne sont mises en branle par l’intermédiaire des hormones. Commencent alors la parade amoureuse, la recherche d’un site de nidification, l’apport de matériaux et la construction du nid qui se termineront par la ponte (normalement huit jours après l’accouplement, un peu plus en hiver).
Pour le bon déroulement du processus, il faut qu’il y ait une certaine affinité entre les deux partenaires, ce qui n’est pas toujours le cas: il arrive parfois que les deux partenaires ne puissent pas se supporter, par exemple lorsqu’un des deux partenaires est d’une autre couleur que lors d’un précédent “mariage”.
Il est intéressant d’ajouter que la véritable excitation qui conduit la femelle à pondre est de nature visuelle, la vue d’un autre pigeon (aussi bien un mâle qu’une femelle et même sa propre image dans un miroir) suffit à tout déclencher. Celui qui maintient ses femelles de veufs en claustration dans des cases individuelles afin d’éviter les pontes intempestives doit tenir compte de cet élément et faire attention que les femelles n’aient pas la possibilité de se voir (par exemple par des fentes ou à travers du treillis).
Chez les pigeons et la plupart des oiseaux, les femelles ont seulement un ovaire fonctionnel (le gauche); c’est le point de départ de la formation des oeufs. Chez la femelle encore asexuée ou en période de repos on aperçoit à la surface de l’ovaire (en forme de grappe de raisins) (voir fig. 1 et 2) toute une série de petites sphères appelées follicules. Ces dernières contiennent les futures cellules sexuelles, les cellules-mères. Elles sont constituées, comme chez tous les animaux, d’un noyau qui nage dans du liquide ( le cytoplasme). A partir du moment où la sexualité est à nouveau stimulée (lors du réaccouplement de la mise en présence des sexes différents), les cellules-mères vont subir une série de divisions cellulaires qui aboutissent à des ovules matures. Ces dernières comportent chez les oiseaux (au contraire des mammifères) un jaune important. A un certain moment, un ovule libéré par rupture de la paroi folliculaire tombe dans l’infudibulum (voir fig. 1 et 2).

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Toutes les follicules ne sont donc pas au même stade du développement.
Pour la femelle il y a par tour d’élevage deux follicules qui arrivent à maturité et ceci à environ 44 heures d’intervalle. Il est intéressant de noter que le nombre d’ovules qui peuvent se développer est déjà fixé à partir de la naissance et devront suffire pour toute la vie de l’oiseau. Lorsque l’on a trouvé une vraie productrice, il est sage d’être prudent. Il faut faire attention qu’aucun oeuf ne soit gaspillé et il ne faut pas la transformer en machine à pondre car la ponte nécessite beaucoup d’efforts et signifie une lourde charge pour le métabolisme.
L’oviducte se développe en même temps et se prépare à sa fonction; simultanément à la croissance des follicules il se produit un développement important de l’oviducte; il augmente d’un facteur cinq en longueur (de 8 à 40 cm) et en poids.
La fécondation éventuelle a lieu très rapidement dans l’oviducte: un des spermatozoïdes ayant été déposé dans le cloaque par le mâle lors de la copulation, va féconder l’ovule.
Grâce aux contractions des muscles lisses circulaires et longitudinaux de l’oviducte, l’oeuf est amené graduellement jusqu’au niveau du cloaque pour être finalement expulsé. Lors de son cheminement dans l’oviducte, différents éléments viennent s’ajouter à l’ovule qui finira par former un oeuf complet (fig. 2).
D’abord, le blanc de l’oeuf dans lequel on distingue les chalazes (cordons spiralés d’albumen, attachés de chaque côté des vitellus). Ensuite les deux membranes coquillières (que l’on distingue très nettement au niveau de la chambre à air) et finalement beaucoup plus tard la coquille; la dernière partie de l’oviducte (l’utérus) fonctionne comme une glande coquillière (voir fig. 3).

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Immédiatement après la fécondation, l’ovule fécondé (le vitellus n’est pas impliqué dans ce processus) commence par se diviser pour atteindre le stade de 32 cellules au moment où l’oeuf est expulsé; le processus est interrompu suite au refroidissement de l’ceuf, mais il reprendra dès le début de la couvaison. Ces cellules constituent le “germe” qui se trouve au-dessus du vitellus. Les chalazes ont pour rôle de le maintenir dans la même position lorsque l’oeuf est déplacé ou retourné (comme pendant la couvaison). Lorsque tout se déroule normalement, le premier veuf est pondu aux environs de 17 heures, soit 40 à 44 heures après que le vitellus ait été déposé dans le réceptacle de l’oviducte. Un deuxième oeuf sera repondu approximativement 44 heures plus tard.
Lorsque l’on pratique un accouplement, il faut tenir compte du fait que les spermatozoïdes peuvent survivre un certain temps dans l’oviducte. D’après des constatations personnelles, cela peut durer certainement une semaine. D’autres auteurs parlent de 14 jours. Bien que je n’accorde pas de crédit à ces dernières données, il me semble préférable d’attendre 14 jours avant de pratiquer un nouvel accouplement et ceci afin d’éviter des surprises désagréables quant à la paternité des futurs jeunes…
Lors d’une préparation normale le premier oeuf est pondu, comme je l’ai déjà dit, huit à dix jours après l’accouplement. Mais parfois les oeufs sont pondus plus tôt; cela signifie que la maturation des follicules était déjà en cours avant l’accouplement (par ex. nourriture trop riche ou parce que les femelles étaient accouplées ensemble). Il est possible que de tels oeufs ne soient pas fécondés.
En effet, il est possible que les spermatozoïdes arrivent trop tard, juste après que le vitellus ait été déposé dans l’infundibulum. Théoriquement la fécondation est encore possible pour des oeufs qui seraient pondus seulement deux jours après l’accouplement (mais ces deux jours sont une limite).
L’expulsion de l’oeuf ne se déroule pas toujours d’une manière facile. Il arrive que la femelle ne sache pas pondre, on parle alors de rétention d’oeuf (c’est le cas lorsque l’oeuf est anormalement grand, donc beaucoup plus lourd que la moyenne de 20 g), lorsqu’il se met de travers dans l’oviducte, ou qu’il s’agit d’un oeuf sans coquille. C’est parfois aussi le cas pour un oeuf de taille normale lorsque la femelle rentre pondre au pigeonnier après un vol épuisant. Il est important d’y être attentif. Notre attention doit être attirée par une femelle qui reste sur le nid, continuant à “pousser” avec éventuellement un renversement du cloaque.
Dans un tel cas, il faut s’assurer que c’est bien un oeuf qui est retenu par la femelle; il est possible de le sentir par palpation le long de l’anus ou au travers de l’abdomen.
Le traitement peut commencer par l’immersion de l’arrière-train de la femelle successivement dans un bain d’eau chaude et froide, après quoi l’oiseau est placé dans un panier dans une pièce chaude.
En cas d’échec, il ne faut pas tarder à essayer autre chose. Il se produit un resserrement de l’oviducte qui empêche la ponte. Il y a moyen d’y remédier en mettant de l’huile d’olive à l’intérieur du cloaque jusqu’au début de l’oviducte et d’essayer de toucher l’oeuf avec l’index et de lui donner de petites poussées.
Les essais doivent être espacés de courtes poses. Attention celui qui n’a pas les doigts fins ferait mieux de s’abstenir. Il peut pratiquer par une légère pression sur l’abdomen vers l’arrière ou un léger massage. La meilleure solution consiste souvent dans l’injection sous-cutanée d’une bonne dose d’hormone du lobe postérieur de l’hypophyse; cette hormone agit d’une manière naturelle sur les contractions de l’oviducte. Souvent l’oeuf est expulsé endéans les 20 minutes qui suivent l’injection.
Si l’on attend trop longtemps de nouvelles couches irrégulières de calcaire viennent se former sur la surface de l’oeuf et l’oviducte n’arrivera plus à évacuer l’oeuf. A ce stade, une intervention chirurgicale (césarienne) sous anesthésie représente l’ultime solution.



En ce qui concerne la ponte, il peut y avoir beaucoup d’autres facteurs d’irrégularités. Je ne vais pas m’étendre davantage sur le sujet mais simplement donner quelques exemples; ponte d’un oeuf sans coquille, ponte d’un oeuf seulement, ponte de trois oeufs ( j’y reviendrai plus tard ), ponte de petits oeufs qui contiennent seulement le blanc et aucun germe (le plus souvent la première fois chez de jeunes femelles), infertilité pour diverses raisons, comme l’absence d’ovules, épuisement de la réserve d’ovules, insuffisance hormonale, obésité.
Nous avons vu que la coquille est secrétée dans la dernière partie de l’oviducte: cette glande prélève le calcium et acide carbonique du sang et forme du carbonate de calcium ( = chaux). Puisque la teneur sanguine en calcium doit être constante et est très importante pour le maintien de la vie, le calcium prélevé pour former la coquille doit être remplacé et apporté par l’alimentation (graines, grit et mélange minéral).
Il faut dire que pour fournir le calcium nécessaire à la fabrication de deux coquilles en 40 à 44 heures de temps, la femelle n’a pas le temps de prélever le calcium nécessaire à partir de la nourriture. Elle doit donc prélever une grande partie sur ses réserves qui se trouvent dans certains os creux. Rien qu’en considérant le métabolisme du calcium, on peut se rendre compte que la ponte n’est pas chose facile et comme je l’ai déjà dit une femelle ne doit pas être considérée comme une machine à pondre. Il faut de préférence laisser chaque fois se dérouler le cycle complet. Donc: ponte, couvaison et élevage des jeunes.
Voici un dernier exemple pour illustrer que la ponte nécessite un effort important. Cette histoire a bouleversé les milieux colombophiles néerlandais.
En 1986, sur le très dur St Vincent, la victoire nationale est revenue à une femelle du Nord de la Hollande (avec dans ce cas le vol d’une centaine de kms en plus que la plupart des concurrents).
Quelques jours après son arrivée, elle est morte en pondant son deuxième oeuf. Les efforts consentis pendant le vol lui ont été fatals. La fixation du calcium est bonne s’il y a assez de vitamine A et surtout de vitamine D3. Cette dernière se forme à partir d’une provitamine (présente surtout dans la peau des pattes) qui est transformée en vitamine D3 sous l’action des rayons ultra-violets du soleil. Mais pour être certain, il vaut mieux fournir un supplément de vitamine D3 avant les accouplements et entre chaque cycle d’élevage et surtout aux femelles enfermées et lors de l’élevage hivernal. Si ce processus vient à être déréglé d’une manière ou d’une autre, alors nous aurons des coquilles de mauvaise qualité ou bien pas de coquille du tout.

(à suivre)
Prof. Dr. G. Van Grembergen


Notices :

  • Il est intéressant de préciser que la véritable excitation qui conduit la femelle à pondre est de nature visuelle.
  • Lorsque l’on a trouvé une vraie productrice, il est sage d’être prudent.
  • La ponte nécessite beaucoup d’efforts et signifie une lourde charge pour le métabolisme.
  • Théoriquement la fécondation est encore possible pour des oeufs qui seraient pondus seulement deux jours après l’accouplement.
  • Dans la nature, les oiseaux sauvages ont une courte période de reproduction.
  • Une femelle ne doit pas être considérée comme une machine à pondre.

[ Source: Article édité par Prof. Dr. G. Van Grembergen – Revue PIGEON RIT ] 

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