accouplement pigeon
13 septembre 2020 Par admin

Comment accoupler nos pigeons ?

Comment Accoupler Nos Pigeons | Anecdotes Et Souvenirs Colombophiles

Je ne pourrais vous dire si c’est à Victor Torrekens ou à Frans Beernaerts que Guillaume Stassart déclara un jour: “Si vous restez seul à jouer le naturel à Bruxelles et que tout le monde y joue le veuvage, vous passerez provisoirement inaperçu, mais dans cinq ans, vous serez le plus fort…” C’est l’ami Torrekens qui me l’a raconté. Et il ajouta ceci: “Je n’oublierai jamais ces paroles et je jouerai chaque année mes femelles…”
Comprenez-vous, amis lecteurs, ce que M. Stassart voulait dire ? Avant tout, que l’essentiel est de produire du bon pour continuer à bien jouer. Par conséquent il est indispensable de connaître la valeur sportive de ses femelles, ce que les joueurs du veuvage perdent souvent de vue. Ce qui est pis, c’est de faire servir de veuves ses bonnes pigeonnes. Quand on en arrive là, on signe sa propre condamnation.
Toutes les femelles perdent de leur valeur quand elles ont été soumises au veuvage, du moins quand elles ont été veuves deux années de suite. Un conseil en passant: ne vous laissez jamais duper en achetant des jeunes de femelles qui ont été au veuvage. Les mâles ne perdent rien de leur qualités pour la reproduction, parce qu’ils auraient été veufs. Du “Vieux Rouge” et du “Sauvage” de M. Duray que nous avons achetés à sa vente, nous avons élevé, dès le début, d’extraordinaires champions. Et pourtant, ils avaient volé comme veufs durant quatre années ! Tôt ou tard, chacun va jouer au veuvage. Les plus malins ont été ceux qui l’ont fait en premier lieu. Les plus sots, ceux qui se sont élevés contre cette méthode. Ou bien ce sont des retardataires, ou bien ce sont des gens qui ont de mauvais pigeons et qui veulent ennuyer leurs confrères (?) sportifs. Le pire de tout, c’est d’avoir à la tête d’une société ou d’une fédération des hommes aussi sots ou aussi dépourvus de bons pigeons. Mais les pratiquants du veuvage ne doivent pas perdre ceci de vue: sans bonnes femelles, un colombier doit tomber. Ne gâtez jamais une bonne reproductrice en en faisant une veuve. (1)
On laisse parfois une bonne femelle avec un bon veuf parce qu’on craint que sans elle, le mâle ne fera plus rien de bon. Mauvais principe car un pigeonnier n’est pas fort parce qu’il abrite deux bons voiliers. Il est fort si l’on peut y élever du bon, ce qui est impossible avec des veuves vidées. Tirez vous-mêmes la conclusion.



D’un autre côté, il y a à peine une chance sur dix qu’un mâle ne soit plus attiré par son colombier, si on le change de femelle. Et j’ose bien ajouter que la femelle ne compte pas pour dix pour cent dans les prestations d’un veuf. A ce point de vue, Jean Polleur de Jemeppe, la terreur de Liège est entièrement d’accord avec un autre artiste du même pays: Georges Fabry. Tous deux sont de vrais spécialistes du veuvage et peuvent nous donner des leçons. Tous deux attribuent seulement une très faible influence à la veuve, dans les succès de son conjoint. Dans la plupart des cas, et surtout dans les dures épreuves, la femelle n’intervient en rien dans le résultat d’un mâle. D’ailleurs, Jean Polleur qui parle peu mais parle bien, quand il veut le faire, m’a déclaré ceci: “Mon cher, je change chaque année mes veufs de femelle. Tout comme mes pigeons au naturel. Tout d’abord parce que j’ai plus de chance d’élever des bons ainsi, et ensuite parce qu’une bonne reproductrice n’est pas définitivement perdue pour avoir été veuve un an…” Ce sont ses propres mots et ceux qui comprennent quelque chose en colombophilie ne les oublieront jamais. (2)
Maintenant que nous sommes en train de parler accouplements et veuvage, je continue. Quand faut-il accoupler les veufs ? Deux raisons majeures doivent intervenir dans la décision à prendre:
1) Accoupler plus ou moins tôt, suivant que l’itinéraire à suivre commence plus ou moins tôt également.
2) Avoir des pigeons en pleine possession de leurs moyens, lorsqu’ils seront joués. Voici comment nous allons accoupler cette année, et pourquoi. Les mâles de 5 à 6 ans qui sont à leur apogée, et les mâles qui ont trop volé, n’élèveront pas. Tout au plus pourront-ils couver une dizaine de jours. Ils ne seront donc accouplés qu’en avril. Toutefois, le “Kaers”, le “Radio” et le “Champion” sont déjà sur des oeufs, parce que nous voudrions en avoir des produits et que nous n’en avons gardé qu’un seul pigeonneau de 1937. Ces pigeons peuvent élever un jeune maintenant et seront à nouveau séparés jusqu’à la mi-avril. Après avoir couvé une dizaine de jours, ils seront mis au veuvage et ne reverront plus leur femelle que trois ou quatre semaines plus tard, le jour de l’enlogement pour le premier concours au-delà de Paris. Ce sont d’anciens veufs qui connaissent fort bien le jeu. Pour leurs deux ou trois premiers concours en mai, ils ne reverront leur femelle ni au départ, ni au retour. Ils seront donc dressés dans le calme absolu et seront en plein feu quand nous voudrons qu’ils fassent un prix de tête dans un beau concours. On peut très bien élever tôt mais à condition d’accorder un repos suffisant aux oiseaux, avant de les jouer. Toutefois, il ne faut pas leur permettre de recouvrer, afin de retarder leur mue. Dans le cas contraire, leur forme viendrait plus vite mais ils ne seraient plus disponibles pour les belles épreuves estivales. (3)
Nos autres pigeons qui sont encore en pleine force, peuvent élever un jeune avant le jeu. Ils seront accouplés au début de mars, à l’exception de nos deux grands favoris, le “Petit Rouge” et son frère le “Ronsse”, un deux ans, qui ne seront appariés qu’en dernière semaine d’avril pour être veufs au début de mai.



Je suis donc d’avis de ne pas laisser élever les mâles dont on espère des prix de tête au-delà de 300 km. Pour les concours de vitesse, en dessous de 300 km, c’est une autre question, et je suis convaincu qu’on obtient les meilleurs résultats en séparant sur un jeune de 14 à 15 jours et en laissant voler le père deux fois comme veuf sur son rejeton. On ne montre la femelle qu’à la fin de la semaine suivante, après avoir enlevé le jeune au début. C’est le meilleur système aussi pour les pigeons d’un an qui en sont à leur première année d’apprentissage. Pour les joueurs au naturel, la devise doit être: élever le moins possible. Je suis convaincu que près de la moitié de nos lecteurs ont déjà des jeunes ou des oeufs au colombier. Si le jeu continue, les oiseaux seront pour la troisième fois avec des jeunes, à l’époque des concours. Il n’y a rien à espérer de pigeons ainsi conduits: ils sont fourbus avant de commencer. Retenez-vous donc et si vos pigeons sont déjà sur des jeunes, séparez-les à nouveau, pour au moins quatre semaines. Toute une campagne peut dépendre d’une minute de raisonnement, à l’époque des accouplements.
Posez-vous les questions suivantes: ai-je un colombier sec et chaud qui permet d’accoupler tôt, ou dois-je encore attendre longtemps ? Commencerai-je tôt ou ai-je mes plus beaux concours en été ? Mes pigeons n’ont-ils pas volé ou élevé trop tard l’an dernier ? Dans ce cas, ne dois-je pas retarder sensiblement les accouplements ? Ce sont là tous des détails dont beaucoup de choses dépendent. Plus ardu est le problème de savoir quels pigeons il faut accoupler ensemble. Quelques principes:
1) Ne jamais accoupler des sujets qui ne sont pas en pleine condition. Les pigeons doivent avoir des muscles fermes, un oeil clair, une gorge propre et des plumes douces;
2) Ne jamais accoupler des sujets âgés de cinq ans chacun et qui montrent déjà de l’usure;
3) Au contraire, tâcher toujours de composer vos couples de manière à avoir un conjoint de deux ans ou yearling, même s’il s’agit d’un tardif qui n’a pas jeté une plume. Ne pas hésiter s’il s’agit de deux yearlings. Accouplez-les, cela donnera de la vitesse à votre culture;
4) Ne pas s’occuper de la teinte du plumage, du moment qu’il est riche. Ne pas s’occuper non plus de la teinte de l’oeil qui doit seulement être clair, mobile et avoir des couleurs liées;
5) Ne pas accoupler frère et soeur, ni mettre le père avec la fille, ni le fils avec la mère. 999 fois sur 1.000, c’est un fiasco !
6) Ne pas s’écarter, si possible, du pigeon de calibre moyen. Surtout ne pas accoupler ensemble deux sujets de fortes dimensions.En général, ce peut être une catastrophe pour le colombier. Il faut cependant faire attention aux points suivants:
1) S’efforcer de corriger un défaut par une qualité correspondante, mais veiller à ce que les conjoints diffèrent le moins possible entre eux. Plus les qualités sont contradictoires, moins de chance on a de les allier.
2) Ne pas perdre de vue les qualités fondamentales suivantes: épaisseur et fermeté de l’ossature (bréchet, épaules, articulations des ailes), souplesse de l’aile, fermeté des hanches et des muscles, intégrité des organes respiratoires. Toutes ces qualités sont héréditaires. Il ne faut donc pas seulement tenir compte de l’individu, mais aussi de la famille.
Ces directives fort simples mettront chacun à même d’accoupler raisonnablement, c’est-à-dire convenablement.

Noël De Scheemaecker, janvier 1938


Notices:
(1) Noël De Scheemaecker avait vite compris que les habitués du jeu au naturel qui passaient à la méthode révolutionnaire du veuvage tendaient à négliger les femelles par manque d’expérience. Nous savons maintenant que les accouplements des femelles entre elles, les pontes répétées et l’hébergement peu salubre réduisent sensiblement leur valeur.
(2) De nos jours les avis diffèrent toujours à ce sujet. Certains amateurs ne présentent jamais aux veufs une autre femelle que la leur, alors que d’autres le font régulièrement, parce qu’ils aiment élever avec leurs veufs.
(3) La remarque est correcte alors qu’elle n’était pas évidente en 1938.


[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ] 

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