Dr. Bricoux & Ernest Duray : Les Secrets Qui Ont Façonné les Plus Grands Pigeons Voyageurs de l’Histoire
Introduction : L’héritage des maîtres du pigeon voyageur
Le monde du pigeon voyageur doit énormément à des visionnaires comme le Dr. Bricoux et Ernest Duray. Leur réussite n’était pas due au hasard, mais à une série de principes simples, cohérents et fondés sur l’observation. Malgré les décennies qui nous séparent de ces maîtres, leurs méthodes restent aujourd’hui d’une actualité remarquable pour tout colombophile souhaitant faire progresser son colombier, optimiser ses performances et former un pigeon voyageur réellement durable, résistant et performant.
Leur philosophie repose sur trois piliers :
1. sélectionner intelligemment,
2. croiser avec une vision claire,
3. respecter le rythme biologique du pigeon voyageur pour construire une carrière longue.
1. La sélection : Le premier secret des grands maîtres
Le Dr. Bricoux, comme Ernest Duray, savait que la performance naît de la sélection. Pas de chance, pas d’improvisation : une sélection stricte. Mais, contrairement à certains colombophiles modernes qui « brûlent » leurs pigeons voyageurs en une ou deux saisons, ces maîtres construisaient des lignées capables de durer cinq, six, parfois sept années au plus haut niveau.
La clé résidait dans une sélection fondée sur :
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la vitalité,
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la résistance,
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le caractère,
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la récupération,
-
le comportement au colombier.
Le pigeon voyageur n’était pas jugé en une saison, mais sur sa capacité à durer. C’est justement ce que les colombophiles actuels oublient trop souvent.
2. Le croisement intelligent : La vraie “main du maître”
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ni Bricoux ni Duray n’étaient des fanatiques de la consanguinité pure. Ils utilisaient une stratégie bien plus subtile :
accoupler des pigeons élevés en consanguinité… pour les croiser ensuite avec d’autres lignées.
Ce principe simple produisait des champions explosifs.
Exemples historiques des croisements pratiqués :
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Bricoux x Hirion
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Bricoux x Beeckman
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Bricoux x Carlier
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Bricoux x Sion
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Bricoux x Baclène
-
etc.
C’est exactement le phénomène observé chez les frères Janssen :
des pigeons voyageurs stabilisés en consanguinité, puis croisés, donnaient une génération de cracks.
Autrement dit :
➡ La consanguinité construit la base
➡ Le croisement révèle les champions
Et ceci, seul un colombophile observateur peut le maîtriser.
3. Le principe fondamental : ne jamais pousser un pigeon voyageur trop jeune
C’est l’un des secrets les plus puissants du Dr. Bricoux.
« Ne jamais demander un effort au pigeon pendant sa croissance. »
Pour Bricoux, la carrière d’un pigeon voyageur ne commençait réellement qu’à 3 ans. Avant cela, repos, forme, développement complet du squelette, du muscle, de la respiration et du mental.
Résultat :
-
un taux de survie exceptionnel,
-
des pigeons capables de performer pendant cinq années consécutives,
-
une colonie stable, durable, et économiquement rationnelle.
À l’inverse, beaucoup de colombophiles modernes épuisent leurs jeunes :
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les pigeonneaux voyagent trop,
-
les yearlings sont poussés trop vite,
-
les efforts cumulés détruisent leur potentiel.
Bricoux refusait cette logique destructrice.
Et c’est pour cela qu’il produisait mécaniquement un pourcentage très élevé de bons pigeons.
4. Le mythe du pigeon précoce : un piège moderne
Aujourd’hui, trop de colombophiles exigent des résultats immédiats. On veut gagner avec des pigeonneaux, puis tout de suite avec des yearlings. Mais cette stratégie détruit la carrière du pigeon voyageur.
Le résultat est connu :
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perte de vitesse,
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fatigue chronique,
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perte prématurée,
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absence de longévité,
-
diminution year after year.
Bricoux, lui, voyait à long terme. Et les champions qu’il faisait voler témoignaient de l’efficacité de cette méthode patiente et intelligente.
5. Vitesse, demi-fond et fond : ce qu’il ne faut jamais oublier
Un pigeon voyageur de vitesse n’est pas naturellement un pigeon de fond. Les maîtres le savaient déjà :
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Le pigeon de vitesse brûle son influx nerveux très vite.
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Le pigeon de demi-fond doit avoir une pointe de vitesse ET de la résistance.
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Le pigeon de fond doit avoir une endurance exceptionnelle.
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Le pigeon de grand-fond doit être psychologiquement et physiquement « hors norme ».
La grande erreur consiste à pousser un pigeon au-delà de sa zone naturelle.
Exemple classique :
Les pigeons Huyskens-Van Riel dominaient en vitesse, impressionnaient parfois en demi-fond… mais l’augmentation de la distance détruisait leur carrière.
À l’opposé :
Les Delbar avalaient des milliers de kilomètres chaque année sans jamais fléchir.
Conclusion :
➡ Chaque pigeon voyageur doit voler dans sa catégorie génétique.
6. La sagesse du marathonien : ne jamais exiger l’impossible
Un pigeon voyageur poussé au-delà de ses limites ne revient jamais le même. Bricoux et Duray l’avaient compris. Ils ne forçaient jamais un pigeon au-delà de ce qu’il pouvait donner physiologiquement.
Le champion n’est pas celui qui se brûle une année,
mais celui qui performe 10 fois, 20 fois, 30 fois sur plusieurs saisons.
Bricoux voulait des pigeons complets, résistants, durables.
Ernest Duray, lui, apportait une approche plus artistique, fondée sur les soins, l’observation fine et une gestion minutieuse du colombier.
Ces deux philosophies, combinées, ont façonné la légende du pigeon voyageur belge.
⭐ Conclusion : Ce que tout colombophile moderne doit retenir
Les grands maîtres ne cherchaient pas les miracles.
Ils appliquaient des règles simples, mais tous les jours, sans compromis :
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Respecter la croissance du pigeon voyageur
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Sélectionner avec objectivité
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Croiser intelligemment
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Ne pas pousser trop tôt
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Connaître la spécialité naturelle de chaque pigeon
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Construire des carrières longues plutôt que des éclats éphémères
Et c’est précisément cette cohérence qui les a placés au sommet de la colombophilie mondiale.
[ Source: Article édité par M. Noël De Scheemaecker – Revue PIGEON RIT ]
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